Comme la loi l’exige, à Mul­house, le 15 décembre der­nier, l’exa­men d’un rap­port éma­nant de la Chambre Régio­nale des Comptes (CRC) d’Al­sace était ins­crit à l’ordre du jour du conseil municipal.
Les magis­trats finan­ciers y ont notam­ment épin­glé un ancien direc­teur de la SERM (Socié­té d’E­qui­pe­ment de la Région Mul­hou­sienne) qui a beau­coup, beau­coup voya­gé, au point de se faire rem­bour­ser 43 400 euros par an, en moyenne, de frais de dépla­ce­ment. Son dévoue­ment pour sa socié­té lui a valu les remer­cie­ments de son conseil d’ad­mi­nis­tra­tion qui lui a offert la pos­si­bi­li­té de par­cou­rir le monde au même rythme effré­né après sa retraite : il s’est vu attri­buer une indem­ni­té de départ de 46 400 euros.
Il est vrai que ce sont des sommes déri­soires au regard de celles qui concernent l’en­semble des acti­vi­tés de la SERM qui, comme pour toutes les socié­tés, sont contrô­lées par un com­mis­saire aux comptes… qui est aus­si action­naire d’une SCI en contrat avec la SERM dans le dos­sier « mai­son Engel­mann », sou­ligne la CRC d’Al­sace qui voit là une « proxi­mi­té d’intérêt ».
Des accu­sa­tions graves ?… Mais non ! Des brou­tilles que tout cela : la CRC a com­mis « un très bon rap­port » a mar­te­lé le maire. La dette de la SERM, enfin révé­lée par les magis­trats, attein­drait un niveau inquié­tant repré­sen­tant « plus de six fois ses capi­taux propres » ?… Que nen­ni ! Pour le maire, comme pour l’ad­joint aux finances qui a fait une démons­tra­tion épous­tou­flante face à une oppo­si­tion sidé­rée, accu­sée de ne rien com­prendre à rien, cette dette n’existe pas. Une très bonne dette, en somme : 0 euros. Voi­là qui dis­pen­se­ra les gau­chistes du CP68 d’en deman­der l’annulation.
Ceux-là, d’ailleurs, ne seront plus fon­dés dans l’a­ve­nir à poser sans cesse des ques­tions incon­grues sur les emprunts toxiques, comme ils l’ont fait, par exemple, sur ce « Dual » de Dexia, indexé sur le franc suisse. Il a été (re)précisé que, en cours de rené­go­cia­tion avec cette banque, cet emprunt va perdre toute sa noci­vi­té : la muni­ci­pa­li­té va rapi­de­ment appor­ter la preuve qu’elle est capable de trans­for­mer un pro­duit toxique en très bonne affaire.
Sans comp­ter divers débats, il y avait exac­te­ment 69 points à l’ordre du jour de ce conseil muni­ci­pal du 15 décembre 2014. Il a duré près de 5 heures, même si 44 points ont été expé­diés, au total, en moins de 15 minutes. Par­mi ces 44 points « trai­tés » par simple lec­ture de leur inti­tu­lé, il était bien ques­tion de dizaines et de dizaines de mil­liers d’eu­ros de sub­ven­tions diverses, ain­si que de mil­lions et de mil­lions d’eu­ros de dettes à garan­tir ou déjà sous­crites. Mais, fina­le­ment, pour­quoi ne pas faire confiance au maire, à sa clair­voyance et à son effi­ca­ci­té ? Lui qui a rap­pe­lé plu­sieurs fois depuis la baisse dras­tique des dota­tions de l’E­tat qu’il est capable de « faire mieux avec moins ». Lui qui sait, avec l’ap­pui de son talen­tueux adjoint aux finances, si brillam­ment syn­thé­ti­ser et régler les pro­blèmes de la dette et ses conséquences.
On est d’au­tant plus enclin à lui faire confiance qu’il a déci­dé de créer « une mis­sion d’in­for­ma­tion et d’é­va­lua­tion rela­tive à l’é­vo­lu­tion de la démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive ». N’ou­blions pas, en effet, que suite à un enga­ge­ment conclu avec l’as­so­cia­tion « Démo­cra­tie Ouverte », on est déjà, à Mul­house, en « THC ». Com­pre­nez : Ter­ri­toires Hau­te­ment Citoyen.
De l’ef­fi­ca­ci­té, du par­ti­ci­pa­tif, de la démo­cra­tie à pro­fu­sion, de la haute citoyen­ne­té, même. C’é­tait vrai­ment un très bon conseil municipal