Décidément, cette semaine la Grèce nous fournit de quoi alimenter l’actualité ! Deux informations très récentes nous confirment que les tensions montent et que nous ne sommes pas dans une situation d’apaisement, bien au contraire !
Un haut responsable de la zone euro a affirmé à l’agence Reuters qu’il n’y aura pas d’accord entre la Grèce et ses créanciers si le gouvernement ne fait pas un pas significatif en avant dans le domaine des retraites et dans celui du marché du travail. En d’autres termes, s’il ne décidait pas de baisser encore les retraites et les salaires, renonçant ainsi à ses promesses de revalorisation. Ces décisions sont attendues par l’Eurogroup, afin que soient desserrés les cordons des liquidités nécessaires au pays et que puisse être mis en place en juin un troisième plan de sauvetage, aux mêmes conditions que les précédents et dont on connait les effets. Le « Megaro Maximou », en d’autres termes l’hôtel Matignon athénien a immédiatement précisé que ces deux points constituent une ligne rouge à ne pas franchir.
Iannis Varoufakis agressé
D’autre part, Iannis Varoufakis et son épouse, Danae, qui dînaient dans la soirée du jeudi 29 avril dans une taverne du quartier d’Exarchia, à Athènes, ont été violemment pris à parti par une dizaine d’individus cagoulés pour certains, avec injures, menaces, tentatives de coups, aux cris de: « foutez le camp d’ici, vous n’avez rien à y faire ».
Après plusieurs minutes de tension dans l’établissement, le ministre est parvenu à discuter et à ramener un peu de calme, refusant catégoriquement d’obtempérer à l’injonction. Une heure plus tard, alors que le couple rejoignait sa moto, la même scène s’est reproduite sur le trottoir, avec, cette fois, une cinquantaine d’individus. Là encore, refus du ministre de quitter les lieux de cette façon, puis tension chutant peu à peu sous l’effet d’une amorce de discussion. (Rappelons que Varoufakis refuse toute protection policière).
Précisons que Varoufakis a habité le quartier de 2000 à 2006, que Exarchia est un secteur hautement sensible, situé derrière le Musée archéologique National et l’Ecole polytechnique, dont le soulèvement en novembre 1973 avait marqué le début de la fin pour la junte des colonels. Ce quartier est connu pour la présence de nombreuses mouvances anarchisantes. Quand j’ai été amené à y passez une nuit, il y a quelques années, les amis ont levé les bras au ciel! Pourtant, à part les gardes mobiles postés dans les rues à l’entrée du quartier, j’y ai passé une super-soirée et dîné en terrasse, sans problème.
Dans une interview donnée après l’incident, Varoufakis a mis clairement celui-ci en relation avec la cabale montée contre lui, notamment à l’Eurogroup, cabale qui a donné lieu à une restructuration de l’équipe de négociation autour de Tsakalotos, homme plus discret. Il est à préciser par ailleurs que Varoufakis est le seul économiste diplômé et reconnu au sein de l’Eurogroup, ce dont ne peuvent se valoir ni l’Allemand Schäuble, ni son pâle laquais, Dijsselbloem. Faut-il y voir une des raisons à cette cabale? Bien évidemment.
Michel Servé