Nous repro­dui­sons ci-des­sous une lettre ouverte adres­sée le 1er février 2016 par le PCF 68 à 3 élus socia­listes (Patri­cia Schil­lin­ger, Séna­trice ; Cléo Schweit­zer, Conseillère régio­nale ; Antoine Homé, Maire de Wit­ten­heim, Conseiller régio­nal) et aux res­pon­sables de la fédé­ra­tion du PS du Haut-Rhin qui sont inter­pel­lés sur la condam­na­tion des syn­di­ca­listes de l’en­tre­prise Goodyear.

GoodyearPatronsVoyous

Le Tri­bu­nal cor­rec­tion­nel d’Amiens a condam­né 8 ex sala­riés, syn­di­ca­listes de l’entreprise Goo­dyear d’Amiens à 24 mois de pri­son dont 9 mois fermes. Quel est leur délit ? S’être bat­tus avec leurs col­lègues de tra­vail pour empê­cher la fer­me­ture de leur usine et les licen­cie­ments de 1143 sala­riés et durant ce rude com­bat, avoir rete­nu pour négo­cia­tions le DRH et le Direc­teur de la pro­duc­tion durant 30 heures sans violence.

Alors même que la Direc­tion de l’entreprise et les deux cadres concer­nés ont reti­ré leur plainte le tri­bu­nal leur inflige une sanc­tion aus­si lourde. Pour la pre­mière fois depuis un demi-siècle, des peines de pri­son ferme ont été requises à l’encontre de syn­di­ca­listes. Contrai­re­ment à l’affirmation du pre­mier ministre au Sénat, nous avons du mal à croire à l’indépendance de la Jus­tice dans cette affaire. Nous pen­sons au contraire que cette déci­sion de jus­tice est émi­nem­ment poli­tique et qu’on ne peut pas la qua­li­fier autre­ment que comme une déci­sion de « jus­tice de classe ».

Cette condam­na­tion est un signal envoyé au monde du tra­vail et à ses représentants.

En effet, le pré­sident de la Répu­blique n’a de cesse de répondre aux reven­di­ca­tions du patro­nat, et dans le même temps, les ministres du tra­vail suc­ces­sifs et le ministre de l’économie, à tra­vers leurs déci­sions, aggravent les condi­tions de vie et de tra­vail des sala­riés, réduisent leurs moyens de se défendre, modi­fient les seuils sociaux et détruisent le code du tra­vail. Et l’état d’urgence est uti­li­sé pour étouf­fer la contes­ta­tion sociale.

Lorsque les liber­tés syn­di­cales sont ain­si atta­quées, ce sont les fon­de­ments mêmes de notre démo­cra­tie qui sont atteints. C’est into­lé­rable ! Nous sou­te­nons plei­ne­ment la demande de relaxe de ces huit mili­tants et refu­sons la cri­mi­na­li­sa­tion de l’action syndicale.

Une jour­née de soli­da­ri­té aura lieu le 04 février dans toute la France avec grèves et ras­sem­ble­ment, des comi­tés de sou­tien se créent et des élus se posi­tionnent. Ain­si, le groupe socia­liste au conseil muni­ci­pal d’Amiens a pré­sen­té un vœu qui vise à sou­te­nir les huit ex sala­riés condam­nés et rap­pelle à l’Etat et à l’entreprise Goo­dyear leurs res­pon­sa­bi­li­tés dans l’accompagnement du ter­ri­toire et des sala­riés licen­ciés. Pour mémoire sur les 1143 sala­riés licen­ciés seuls 120 ont retrou­vé un CDI. Par contre on dénombre douze sui­cides et des cen­taines de familles bri­sées, sépa­rées. De quel côté la vio­lence se situe-t-elle ?

Aus­si nous aime­rions connaître votre posi­tion dans ce dossier.

Nous vous deman­dons ins­tam­ment d’intervenir auprès de vos ins­tances poli­tiques pour deman­der la relaxe de tous les syn­di­ca­listes condam­nés, que cessent les poli­tiques de répres­sion et d’étouffement des contestations.

Il est urgent que se lève dans ce pays l’espoir d’une alter­na­tive aux poli­tiques d’austérité et la main­mise de la finance sur les choix éco­no­miques et indus­triels du pays.

Dans l’attente de votre réponse, rece­vez, Mes­dames, Mes­sieurs, mes meilleures salutations.

Pour la direc­tion dépar­te­men­tale du PCF 68

Aline Par­men­tier,

Secré­taire départementale