…A Mul­house…

Ce 8 jan­vier X a dû pas­ser sous le por­tique de sécu­ri­té à l’entré du Tri­bu­nal de grande ins­tance de Mul­house pour assis­ter à une audience.

Quelques extraits de son récit : «  le por­tique ne sonne pas et la res­pon­sable du contrôle m’annonce que j’ai un cou­teau dans cha­cun de mes deux sacs »…qui s’avère être un ouvre lettre que X remet à la pré­po­sée en décla­rant qu’il le repren­drait à sa sor­tie du tri­bu­nal. Refus de ladite au motif que l’objet serait «une arme blanche ».

Deuxième sac : la pré­po­sée demande à X de lui remettre le deuxième « grand cou­teau » conte­nu dans ice­lui sac. Refus de X et refus de la pré­po­sée de fouiller elle – même le sac.

Appel de la police, fin de la phase cour­te­li­nesque, début des choses sérieuses : après remise du pas­se­port, X est col­lé au mur, fouillé soi­gneu­se­ment au corps, fait l’objet de pal­pa­tions sys­té­ma­tiques, devant les nom­breux pré­sents dans le hall du tribunal…et absence de couteau.

Embar­qué, sirène, gyro­phare, demandes d’explication sur les tam­pons et visas appo­sés sur le pas­se­port – Maroc, Séné­gal, Gam­bie, Mau­ri­ta­nie, Gui­née Bis­sau où X se rend sou­vent pour par­ti­ci­per à des mis­sions humanitaires.

Audi­tion de X au com­mis­sa­riat par quatre poli­ciers, dont un offi­cier qui déclare que le coupe papier est consi­dé­ré comme une arme blanche et que dans le cadre de l’état d’urgence X est en « infrac­tion ».

L’officier est dépeint par X comme cour­tois ; il lui rend son pas­se­port et…. « l’arme blanche ».

X pos­sède un casier judi­ciaire vierge ; il a 65 ans et fut conseiller muni­ci­pal de Mulhouse.

Il a por­té plainte pour « abus de pouvoir ».

Lors de l’audience solen­nelle de ren­trée de jan­vier le pro­cu­reur de la Répu­blique de Mul­house a don­né quelques indi­ca­tions en matière d’état d’urgence et de ce qui en découle (apo­lo­gie du ter­ro­risme ou pro­vo­ca­tion à un acte, menace de mort ou déten­tion d’armes) : dix garde à vue et cinq condam­na­tions en 2015 dans ce cadre. Depuis les atten­tats du 13 novembre 59 per­qui­si­tions admi­nis­tra­tives dans le Haut – Rhin, dont 26 dans le res­sort du TGI de Mul­house, don­nant lieu à 17 inter­pel­la­tions ; onze per­sonnes pla­cées en déten­tion et quatre autres assi­gnées à résidence.

« Nous pour­sui­vons à un rythme moins sou­te­nu actuel­le­ment » a décla­ré le pro­cu­reur lors de cette audience solen­nelle (cf. article de l’Alsace du 19 janvier).

Nous sommes donc rassurés…

…Comme à Strasbourg

(Témoi­gnage)

Alors que j’attendais, vers 17 h, le tram, avec une amie, place de la Répu­blique en direc­tion de l’avenue de la Paix, j’ai été sur­pris de voir de nom­breux poli­ciers en civil et des camion­nettes tour­nant autour de la place.

Nous avons sup­po­sé que ce déploie­ment de forces pou­vait être en rap­port avec la pré­sence annon­cée à Stras­bourg de Mme Mer­kel, avec Fran­çois Hol­lande et Mar­tin Schultz.

Aus­si, pour rendre compte de cette ambiance par­ti­cu­lière autour d’une place qua­si déserte et des va-et-vient des poli­ciers en civil et des véhi­cules, dans les parages de la Pas­se­relle des Juifs, du Pont de l’Opéra, de la sta­tion de tram, j’ai sor­ti ma camé­ra pour prendre des images.

A ce moment, un poli­cier en civil s’est appro­ché de nous en sif­flo­tant et, en me retour­nant, je l’ai vu nous dési­gner du doigt à ses collègues.

Comme nous tra­ver­sions la place de la Répu­blique, ce poli­cier et son col­lègue nous ont sui­vis et, à la hau­teur du monu­ment aux morts, ils nous ont deman­dé de stop­per avant de contrô­ler nos papiers et de trans­mettre les informations.

De plus j’ai subi un contrôle phy­sique: poches vidées, pal­pa­tion des manches et des jambes.

L’un des poli­ciers a insis­té, en me nom­mant, et en pré­ci­sant m’avoir recon­nu à l’arrêt de tram, sur le fait que je les avais déjà fil­més à d’autres occasions.

C’est pour­tant un droit, pour l’instant, pas remis en cause par l’état d’urgence http://copwatch.fr/agir/connaitre-ses-droits/article/filmer-la-police.

C’est donc bien en tant que res­pon­sable de la Feuille de chou que j’ai subi ce contrôle, ain­si que la per­sonne qui m’accompagnait.

Comme nous deman­dions le motif du contrôle, il nous a été répondu:
“Vous avez raté un épi­sode; vous n’êtes pas si bien infor­més que ça; on n’a plus besoin de motif.”

J’ai alors com­men­té: “Ah, oui, police administrative!”

On a ajou­té qu’ils per­daient leur temps et le nôtre et qu’ils avaient une curieuse manière de recher­cher des terroristes.

C’est alors que celui qui avait les papiers en main nous a répon­du: “C’est ce qu’on est en train de faire“…

Si on en croit cette der­nière réponse, un média libre comme la Feuille de chou est donc consi­dé­ré comme un dan­ger ter­ro­riste potentiel!

Et cela vaut inter­pel­la­tion, contrôle, pal­pa­tion et inti­mi­da­tion en pleine rue sans aucun motif.

En ce moment on constate une accé­lé­ra­tion d’attaques de tout genre contre les médias libres et contre les défen­seurs des liber­tés fondamentales.

Qui veut la peau de la presse libre?

Il est grand temps de mettre le holà à ces méthodes de police dignes de la RDA ou de Vichy!

Le direc­teur de publi­ca­tion de la Feuille de chou

07/02/16

Vu sur : http://la-feuille-de-chou.fr/archives/85771