austrasie

Après le délire tech­no­cra­tique et la fan­tai­sie poli­tique qui ont pré­si­dé à la mise en place des nou­velles enti­tés régio­nales voi­ci donc le déli­cat moment du choix de leur nom de baptême.

Entre les  pro­po­si­tions de la «short list» arrê­tée le 12 mars à Metz le choix des élus le 29 avril devrait pour­tant être facile:

Exit Estrie, Orest, Ile d’Europe écar­tés rapi­de­ment pour des rai­sons que l’on peut comprendre…

Aca­lie: comme un goût de pro­duit toxique, non?

Et il y a beau temps que l’industrie chi­mique a péré­cli­té et per­du mas­si­ve­ment ses emplois sous les lati­tudes concernées.

Rhin – Cham­pagne, inté­res­sant…

Mais c’est oublier peut-être la Lor­raine, bonne fille pourtant?

Mais Nou­velle – Aus­tra­sie, oui, bien sûr! 

Com­ment hési­ter? L’Austrasie (royaume de l’Est) fut un royaume franc à l’époque méro­vin­gienne, comme cha­cun le sait.

Royaume des Francs orien­taux créé à la mort de Clo­vis et ain­si bap­ti­sé sous le règne de Chil­de­bert II, il vit le mariage de Bru­ne­hilde et l’avènement de Dago­bert (celui qui mit sa culotte à l’envers comme le rap­porte la célèbre comp­tine paro­dique enfan­tine de 1750, aux paroles enri­chies par Charles Peguy…).

Les Méro­vin­giens igno­raient la notion d’Etat, les fiefs étant pri­vés. Ils se dépla­çaient en char à bœufs comme l’indiquait mon manuel d’histoire à l’école communale.

La figu­ra­tion de Bru­ne­hilde que Fré­dé­gonde fit périr atta­chée à la queue d’un che­val en furie illus­trait aus­si quelques manuels sco­laires, comme l’exécution de Sige­bert II sai­gné et fra­cas­sé contre un rocher.

Les maires du palais de la famille des Pépi­nides gou­vernent cette Aus­tra­sie quand elle absorbe en 746 le royaume ala­man (Alsace, Suisse alé­ma­nique, Bade – Wur­ten­berg, par­tie du Voral­berg autrichien).

L’Austrasie dis­pa­raît en 751 avec le der­nier roi méro­vin­gien, inté­grée dans le grand royaume franc, réuni par Pépin le Bref et Charlemagne.

Evi­dem­ment toute res­sem­blance de ces per­son­nages avec nos élus serait oiseuse, voire incon­grue, mais on cher­che­rait en vain une réfé­rence cultu­relle, un bout de pro­jet poli­tique, une esquisse de vision socié­tale, dans ces trou­vaille séman­tiques qui ont donc mobi­li­sé élus, experts, géo­graphes, com­mu­ni­cants, jour­na­listes, membres du Conseil éco­no­mique et social, agents ter­ri­to­riaux, citoyens tirés au sort devant huis­sier… aux frais du contri­buable évidemment.

Reste peut – être que le char à boeufs ren­ver­rait à une nou­velle ver­sion de l’é­co­lo­gie politique?

La  parole est désor­mais aux inter­nautes, aux réseaux sociaux, avant le vote définitif.

Et tant qu’à per­sis­ter dans le ridi­cule qui a pré­si­dé à cette réforme « majeure » de la décen­tra­li­sa­tion dans notre pays, que ce soit au moins en chan­tant le pre­mier cou­plet du « Bon roi Dago­bert » qui fut déjà uti­li­sée pour tour­ner en ridi­cule quelques puis­sants, de Louis XV à Napo­léon III.

* Aux der­nières nou­velles il semble que « Grand Est » air réap­pa­ru dans les options séman­tiques; « Grand » paraît dépla­cé dans ce contexte; « Est » per­met­trait au moins de loca­li­ser sur une carte Miche­lin cette magni­fique nou­velle Région.

 Gun­dulf de Tongres

 

unser land

NOMMER L’INNOMMABLE!

Le débat sur le nom de la méga-région Alsace-Lor­raine-Cham­pagne-Ardenne prend une tour­nure de plus en plus affligeante.

L’im­pos­si­bi­li­té de trou­ver un nom fai­sant consen­sus fait la démons­tra­tion – s’il fal­lait encore l’ap­por­ter – de l’in­co­hé­rence de cet ensemble admi­nis­tra­tif. Outre leur ridi­cule, les trois noms pro­po­sés marquent la vaine volon­té de faire dis­pa­raître les ter­ri­toires qui la com­posent afin de créer une pseu­do-uni­té de façade:

  • Nou­velle Aus­tra­sie: recou­rir à un royaume obs­cur du haut Moyen-Age laisse per­plexe. Pour don­ner de la consis­tance à cette pseu­do-filia­tion his­to­rique, il fau­dra pro­ba­ble­ment que les diri­geants de l’en­semble adoptent les noms en usage des rois de cet éphé­mère ensemble. Dago­bert Richert?
  • Rhin-Cham­pagne: les connais­sance géo­gra­phiques des ini­tia­teurs de cette pro­po­si­tion semblent par­ti­cu­liè­re­ment lacunaires…
  • Quand au nom Aca­lie, il sonne au mieux comme celui d’une de ces mul­ti­na­tio­nales semi-publiques dont la France a le secret (Vin­ci, Veolia…)
  • Enfin, l’ap­pel­la­tion « Grand Est », rete­nue in-extre­mis ce soir, ren­voie à notre posi­tion géo­gra­phique par rap­port à Paris, centre de gra­vi­té de l’u­ni­vers, comme cha­cun sait.

Nous rap­pe­lons à nos conci­toyens que, dans à peine un an, ils seront conviés aux urnes pour élire leurs nou­veaux dépu­tés, ceux-là même qui auront la pos­si­bi­li­té de reve­nir sur cette réforme et de mettre un terme à cette face dont per­sonne n’a­vait besoin.

D’i­ci là, Unser Land invite l’en­semble des citoyens concer­nés à par­ti­ci­per à une grande consul­ta­tion afin de don­ner un nom à cette paren­thèse de l’his­toire alsacienne.

Trois noms sont pro­po­sés aux suffrages:

  • Absur­dis­tan
  • Alca­traz
  • Grande Peste

Nous nous fixons comme objec­tif de dépas­ser le nombre de par­ti­ci­pats de la consul­ta­tion offi­cielle. Le vote s’ef­fec­tue­ra sur le site inter­net mis en place à cet effet:

http://www.pixule.com/290376441258_quel-nom-choisissezvous-pour-grande-region.htmll