manif 24

Une fois encore la ficelle si grosse est uti­li­sée ! Les « grands » médias bien-pen­sants (du Figa­ro à Libé­ra­tion en pas­sant par Radio France, France Télé­vi­sion, la Une…) n’ont vu que des « dégra­da­tions », des « vio­lences » lors des mani­fes­ta­tions du 24 mars. Le jour­nal Libé­ra­tion voit même une « mani­fes­ta­tion qui dégé­nère ». Certes, ils sont bien obli­gés de par­ler de la vio­lence poli­cière qui tabasse un étu­diant puis­sam­ment armé d’une bar­quette d’œufs… Un ter­ro­riste en puis­sance ? Ou un lièvre de Pâques en goguette ? En tout cas, rien ne pou­vait jus­ti­fier le geste de ce policier.

Pour­tant, ce 24 mars ne se résume pas à cela : il semble bien que la mobi­li­sa­tion dans la jeu­nesse se déve­loppe d’appels en appels et que les mécon­ten­te­ments ne portent pas uni­que­ment sur la loi Tra­vail. En Alsace cela s’est par­ti­cu­liè­re­ment véri­fié à Stras­bourg (voir la pho­to de L’Al­sace ci-des­sus), un peu moins à Mul­house. Qu’en sera-t-il le 31 mars ?

Un mécon­ten­te­ment multiforme

Si le pro­jet de loi a été un fac­teur fort de la mobi­li­sa­tion (plus d’1.200.000 signa­tures de la péti­tion deman­dant son retrait), il semble bien que les mécon­ten­te­ments s’accumulent et pour­raient être engen­dré par un rejet de la poli­tique éco­no­mique et sociale du gou­ver­ne­ment et du Pré­sident de la Répu­blique: le recul du pou­voir d’achat et la pré­ca­ri­té du tra­vail touchent aujourd’hui des couches de la popu­la­tion qui ne pen­saient pas être mena­cée un jour. S’y ajoute l’état d’urgence et son lot d’assignation à rési­dence, les manœuvres autour de Notre Dame des Landes, le pas­sage en force sur la réforme ter­ri­to­riale, les condam­na­tions de syn­di­ca­listes à de la pri­son ferme… Liste non exhaustive…

En Alsace, deux autres « dos­siers » pré­oc­cupent une par­tie non négli­geable de la popu­la­tion : la pro­po­si­tion du pré­sident du Conseil dépar­te­men­tal 68 d’imposer un Ser­vice béné­vole obli­ga­toire pour que les béné­fi­ciaires du RSA puissent le tou­cher, la déci­sion du Conseil dépar­te­men­tal 67 de réduire dras­ti­que­ment les sub­ven­tions au mou­ve­ment asso­cia­tif, le risque qui pèse sur le régime local de la com­plé­men­taire mala­die Alsace-Moselle…

Des orga­ni­sa­tions divi­sées sur les objectifs

Comme sou­vent quand il s’agit de gérer un mécon­ten­te­ment popu­laire d’envergure, les orga­ni­sa­tions char­gées de le « por­ter » sont divi­sés sur des objectifs.

Sur la loi Tra­vail, une par­tie d’entre-elles (voir le com­mu­ni­qué ci-après) appellent au retrait pur et simple. D’autres, CFDT, CFTC, UNSA, CFE-CGC et les étu­diants de la FAGE, trouvent que le texte est amen­dable. Elles ne sont donc pas démo­bi­li­sés mais vou­draient que les dépu­tés amé­liorent encore le texte : pour elles, il s’agit donc de faire pres­sion sur les par­le­men­taires mais elles n’ont pas dit com­ment pour l’instant. On n’a éga­le­ment vu, dans les cor­tèges du 24 mars, des repré­sen­tants de la CFDT. Preuve que tout n’est pas aus­si lim­pide qu’on ne le pense…

Pour la défense du régime com­plé­men­taire mala­die Alsace-Moselle, une inter­syn­di­cale s’est for­mée avec tous les syn­di­cats hor­mis Force Ouvrière. Et elle appelle dans l’unité à la signa­ture d’une motion pour défendre le régime local. Pour­tant, Force Ouvrière a le même objec­tif, mais pense que c’est le « sta­tu-quo » qui est la meilleure défense… En clair, tous craignent la dis­pa­ri­tion du régime local mais la manière de l’éviter n’est pas identique…

Sur la pro­po­si­tion de M. Strau­mann impo­sant un ser­vice du tra­vail obli­ga­toire pour les béné­fi­ciaires du RSA : una­ni­mi­té des syn­di­cats et des asso­cia­tions pour condam­ner la démarche. Mais là éga­le­ment, divi­sion sur la manière de réagir. Cer­tains pensent que tout cela va faire « pschitt » alors que d’autres consi­dèrent que ce bal­lon d’essai a un objec­tif qui reste tout à fait d’actualité.

Tac­tique quand tu nous tiens…

Certes, ces dif­fé­rences d’appréciation peuvent être inter­pré­tées comme des diver­gences de fond. Mais on ne peut négli­ger le sens tac­tique des orga­ni­sa­tions qui pri­vi­lé­gient plu­tôt la défense de leurs orien­ta­tions alors que le mécon­ten­te­ment citoyen est per­cep­tible sur des choses tout à fait concrètes : pou­voir d’achat, emploi, pré­ca­ri­té, liber­té… Si Paris valait bien une messe, la prise en compte des attentes citoyennes vau­drait bien une uni­té dans le res­pect des différences.

Le 31 mars est une de ces jour­nées clés : quelles que soient les objec­tifs des orga­ni­sa­tions syn­di­cales ou asso­cia­tives, la réus­site sera utile à tous, même à ceux qui n’auraient éven­tuel­le­ment pas appe­lé à manifester.

Qui peut nier que les amé­lio­ra­tions négo­ciées par les « syn­di­cats réfor­mistes » dans la loi Tra­vail ont été pour beau­coup la résul­tante du suc­cès des mani­fes­ta­tions à l’appel des autres organisations !

Tout le monde a donc inté­rêt que le 31 mars soit une réus­site (voir ci-des­sous le com­mu­ni­qué des orga­ni­sa­teurs). Car un échec, même rela­tif, aura deux effets majeurs et graves : le pro­jet de loi sera main­te­nue, les modi­fi­ca­tions seront minimes (n’oublions pas le lob­by patro­nat qui est en action et qu’il est aus­si écou­té et enten­du par la majo­ri­té par­le­men­taire), les décep­tions seront immenses.

Et les orga­ni­sa­tions, quelles que fussent leurs posi­tions, per­dront encore un peu plus de cré­di­bi­li­té auprès de ceux qu’ils pré­tendent vou­loir défendre.

Michel Mul­ler


cgt   fsu   fosolidaires fafpt un,ef

 

COMMUNIQUÉ UNITAIRE ACTION DU 31 MARS 

TOUS ENSEMBLE CONTRE LA DESTRUCTION DU CODE DU TRAVAIL

RETRAIT DU PROJET DE LOI EL KHOMRI

 

Le pro­jet de loi visant à réfor­mer le droit du tra­vail consti­tue une régres­sion sociale sans pré­cé­dent que nous refu­sons unitairement.

Les prin­cipes qui fondent les garan­ties col­lec­tives sont remis en cause et les licen­cie­ments faci­li­tés entrai­nant une pré­ca­ri­sa­tion du sta­tut de sala­riés sur l’ensemble du territoire.

Le chô­mage atteint un niveau record, la pau­vre­té explose et, pour la pre­mière fois depuis l’après-guerre, l’espérance de vie recule.

Le gou­ver­ne­ment et le medef, sous cou­vert d’aide publique et d’exonérations de coti­sa­tions sociales de plu­sieurs mil­liards d’euros, nous pro­met­taient des mil­lions d’emplois !!! Avec le résul­tat que l’on connaît :  l’argent est par­ti dans la poche des patrons et des action­naires, sans aucune créa­tion d’emploi sur le territoire.

Les pre­mières mani­fes­ta­tions ont connu un franc suc­cès. La pres­sion ne doit pas retom­ber. Le mou­ve­ment social s’étend.

Encore aujourd’hui, une impo­sante majo­ri­té consi­dère que le pro­jet de réforme du code du tra­vail est une menace pour les sala­rié-es et ne crée­ra pas d’emplois. Nous le pen­sons aussi.

La preuve est faite que les annonces du Pre­mier ministre pour amé­na­ger la loi tra­vail n’ont visi­ble­ment pas convain­cu et ce mal­gré l’offensive gou­ver­ne­men­tale lar­ge­ment relayée.

Le débat sur la loi est loin d’être ter­mi­né. La réécri­ture du texte ne touche pas au cœur du pro­jet qui contient tou­jours de mul­tiples régressions.

Ce nou­veau pro­jet de texte ne répond donc pas aux aspi­ra­tions fortes, expri­mées par les jeunes, les sala­rié-es et les chô­meurs pour l’accès à l’emploi et sa sécu­ri­sa­tion. La créa­tion d’emplois de qua­li­té ne peut pas être syno­nyme de la casse du code du tra­vail mais néces­site en revanche un chan­ge­ment de poli­tique éco­no­mique et sociale.

Le gou­ver­ne­ment doit reti­rer son pro­jet, entendre les pro­po­si­tions alter­na­tives por­tées par les orga­ni­sa­tions de jeu­nesse et de sala­rié-es et en dis­cu­ter avec elles

Les orga­ni­sa­tions signa­taires invitent l’ensemble des sala­rié-es, les jeunes, les retrai­té-es et les pri­vé-es d’emploi à se mobiliser :

Le Jeudi 31 Mars 

Place de la Bourse à Mulhouse

A 12h pour un barbecue revendicatif

A 15h pour une grande manifestation « Pour le retrait du projet de Loi du Travail »

Nous exi­geons l’abandon de ce texte néfaste, et nous deman­dons l’obtention de nou­veaux droits, syno­nymes de pro­grès social et déve­lop­peur d’emploi

Ce sera une nou­velle étape pour obte­nir le retrait de ce pro­jet de loi et conqué­rir de nou­velles garan­ties et pro­tec­tions collectives.

Mul­house le 23 Mars 2016