Point de presse du col­lec­tif Des­to­ca­mine le 28 octobre

Avis d’ouverture offi­ciel d’enquête publique par le Pré­fet du Haut – Rhin suite à la demande de la Socié­té des Mines d’Alsace (MDPA) : 

- en date du 18 octobre 2016  arrê­té pré­fec­to­ral pres­cri­vant l’ouverture d’une enquête publique dans les 9 com­munes du bas­sin potas­sique concer­nées par le sto­ckage sou­ter­rain en couches géo­lo­giques pro­fondes préa­la­ble­ment au pro­jet d’enfouissement pour une durée illi­mi­tée de pro­duits dan­ge­reux non radio­ac­tifs dans la com­mune de Wit­tel­sheim (dos­sier d’enquête publique consul­table pen­dant les heures d’ouverture des bureaux des mai­ries et sur le site inter­net htpp://www.stocamine.com plus les 2000 pages de pièces annexes consul­tables sur le site inter­net de la pré­fec­ture 68.

- du 7 novembre au 15 décembre 2016: durée de l’enquête publique préalable.

Ain­si après 20 ans de pro­tes­ta­tions et mani­fes­ta­tions citoyennes, de démarches infruc­tueuses auprès des élus et de ministres dits de « l’environnement », d’engagements minis­té­riels variables ou oubliés, d’expertises et contre-exper­tises (une cen­taine), 41 000 tonnes de déchets indus­triels hau­te­ment toxiques risquent très bien­tôt d’être confi­nés par des bar­rages de béton et défi­ni­ti­ve­ment enfouis dans l’ancien site minier… en contact cer­tain avec la plus grande nappe phréa­tique d’Europe – d’ici 10 000 ans pré­di­saient les experts en 1997, d’ici 1000 ans dit l’expert de la socié­té res­pon­sable du sto­ckage (INERIS), … et d’ici 70 ans, hypo­thèse envi­sa­gée par les tiers experts pour l’aire de sto­ckage au fond !

Cette tierce exper­tise, dili­gen­tée par le Pré­fet en appli­ca­tion de l’article R. 515 – 13 du Code de l’Environnement, pré­cise éga­le­ment que les 2255 tonnes de déchets mer­cu­riels inven­to­riés par la socié­té Sto­ca­mine ne contien­draient plus que 26 tonnes de mer­cure, sus­cep­tibles donc d’être désto­ckés, et eux seuls, confor­mé­ment aux enga­ge­ments minis­té­riels antérieurs.

Si 93% du mer­cure pré­sent dans les déchets ultimes doivent donc être désto­ckés et sor­tis, les 41 000 tonnes de déchets ultimes sont vouées, elles, à l’enfouissement défi­ni­tif aux termes de ce pro­jet Sto­ca­mine (déchets amian­tés, déchets arse­niés pour des quan­ti­tés conte­nant 1747 tonnes d’arsenic, baryum, cad­mium, chrome, cuivre, nickel, plomb, anti­moine, molyb­dène, sélé­nium, zinc, cya­nure libre, sans oublier les 1 800 tonnes de déchets qui ont brû­lé lors de l’incendie de 2002 et dont on ne connaît pas la com­po­si­tion des cendres sous pré­texte que le bloc effon­dré est inaccessible….).

La tierce exper­tise relève éga­le­ment la pré­sence de 121 tonnes de pyral, pro­duit phy­to­sa­ni­taire inter­dit de sto­ckage qui pour­rait s’avérer « sub­stance poten­tiel­le­ment péna­li­sante vis-à-vis de l’impact du pro­jet sur la nappe d’Alsace » selon les experts.

Par ailleurs la tierce exper­tise pointe l’incertitude glo­bale « de 50% des exper­tises INERIS et sur la qua­li­fi­ca­tion des déchets sto­ckés ». Elle met en cause la « fia­bi­li­té des don­nées de Stocamine ».

Par­mi les nom­breux autres risques poin­tés par les tiers experts celui de la « for­ma­tion de gaz, la quan­ti­té d’hydrogène poten­tiel­le­ment libé­rée, dans ces condi­tions », dans un tel site de sto­ckage confi­né par des bar­rages et des remblais.

N’évoquons même pas les mani­pu­la­tions de fûts de pro­duits toxiques en cours sur l’aire de sur­face du sto­ckage qui semblent bien avoir été refu­sés par la mine d’ASSE en Alle­magne qui devait les rece­voir [N.d.l.r : nous espé­rons un démen­ti de la socié­té Sto­ca­mine}, ni l’épisode de l’ennoyage des fûts radio­ac­tifs et la pol­lu­tion de la nappe phréa­tique au fond de cette même mine d’ASSE  (3 mil­liards d’euros pré­vus pour le retrait de ces fûts).

La tech­nique même du confi­ne­ment avec bar­rages en béton rete­nue par les MDPA/Stocamine est contes­tée car à risque pour la nappe phréa­tique (poro­si­té des couches de mine­rai au des­sus de l’aire de sto­ckage, risque sis­mique tel celui d’intensité 5 sur l’échelle sis­mique MKS 1964 enre­gis­tré à Rix­heim le 19 sep­tembre 1980 à 1h.54, quand l’agent de maî­trise du fond a obser­vé la for­ma­tion de fis­sures dans les parois des gale­ries de potasse…).

Et un séisme d’une magni­tude de 6, 5 sur l’échelle de Rich­ter du type de celui qui se pro­dui­sit à Bâle, aurait quelles conséquences ?

Rap­pe­lons quelques dan­gers sup­plé­men­taires et inco­hé­rences de ce dos­sier : incen­die de 2002 et condam­na­tion de Sto­ca­mine pour non res­pect du cahier des charges, fûts et big – bags à durée de vie pré­vue de 5 ans pour rendre le sto­ckage ini­tia­le­ment pré­vu pour 30 ans de fait irré­ver­sible, en contra­ven­tion avec les enga­ge­ments ini­tiaux de cette société.

Eton­nons-nous que l’Autorité Envi­ron­ne­men­tale (ins­tance natio­nale qui doit don­ner un avis sur la qua­li­té de l’étude d’impact pré­sen­tée par le maître d’ouvrage et sur la prise en compte de l’environnement par le pro­jet (ain­si que « sur la par­ti­ci­pa­tion du public » – sic) attende tou­jours les réponses aux ques­tions posées dans son avis de sep­tembre 2016.

Oublions le cour­rier du 9 avril 2014 au 1er ministre du Pré­sident de la Cour des Comptes rap­pe­lant que l’inaction des pou­voirs publics depuis 2002 dans ce dos­sier a coû­té  au contri­buable fran­çais 45 mil­lions d’euros et qui ( le Pré­sident…), à notre connais­sance, attend tou­jours la réponse …

Oublions même la pro­messe de créer des emplois sur le site par ins­tal­la­tion d’un pôle envi­ron­ne­men­tal qui n’a jamais vu le jour.

Il s’agit désor­mais de réaf­fir­mer que la solu­tion du désto­ckage total est la seule qui soit à même de garan­tir l’intégrité de la nappe phréa­tique du Rhin, la plus vaste d’Europe, pour les géné­ra­tions futures et peut-être même pour cer­tains bébés d’aujourd’hui.

La solu­tion du désto­ckage total, plé­bis­ci­tée à plus de 90% lors de la concer­ta­tion publique de 2013/14, n’a même jamais été exa­mi­née; il est vrai qu’il n’est plus de démo­cra­tie qu’imposée dans notre pays.

Dans l’immédiat l’enquête publique doit mas­si­ve­ment reje­ter ce pro­jet d’enfouissement définitif.

Les demandes tech­niques de l’Autorité Envi­ron­ne­men­tale doivent être prises en compte (en par­ti­cu­lier loca­li­sa­tion, nature et volume des déchets qui seraient défi­ni­ti­ve­ment enfouis, ana­lyses com­plé­men­taires de cer­taines pous­sières aériennes, révi­sion des moda­li­tés de tests des bar­rières pré­vues pour pré­ve­nir les remon­tées des pol­luants…), notam­ment pour que l’on puisse sérieu­se­ment par­ler d’enquête ;

Le col­lec­tif Des­to­ca­mine a rap­pe­lé tous ces élé­ments dans son point presse de ce 28 octobre.

Il a rap­pe­lé éga­le­ment que l’Etat s’efforce de s’acquitter de ses obli­ga­tions légales mais « sans entendre ni les élus, ni la population ».

Il a rap­pe­lé éga­le­ment que la Com­mis­sion de sui­vi du site n’a pas été des­ti­na­taire des réponses faites à l’Autorité environnementale.

La durée de l’enquête publique doit abso­lu­ment être pro­lon­gée, comme le demande le col­lec­tif, au vu de la com­plexi­té du dos­sier et de l’absence de réponses sérieuses aux demandes de l’Autorité envi­ron­ne­men­tale et des conclu­sions des tiers experts.

S’agissant d’un risque envi­ron­ne­men­tal majeur et d’une catas­trophe envi­ron­ne­men­tale poten­tielle pour­quoi donc désor­mais ne pas pour­suivre le désto­ckage tech­ni­que­ment performant ?

Pour­quoi n’avoir jamais réel­le­ment pris en compte la solu­tion du désto­ckage total ?

Pour­quoi déclen­cher dans la pré­ci­pi­ta­tion une enquête publique enfer­mée dans un délai aus­si court ?

Mais est – il per­mis de pen­ser qu’un site de sto­ckage puisse en cacher un autre ?

Désto­cker pour ne pas enfouir à Wit­tel­sheim pour­rait peut-être don­ner des idées aux citoyens et asso­cia­tions diverses, voire à des par­tis poli­tiques, qui luttent contre le pro­jet d’enfouissement des déchets radio­ac­tifs à Bure ? Ou rap­pe­ler un dis­cours poli­tique déjà enten­du sur l’Alsace « pou­belle de l’Europe », à l’heure où Fes­sen­heim défraie régu­liè­re­ment l’actualité ?

Pour les citoyens que nous sommes faut-il envi­sa­ger des options plus radi­cales comme par exemple des actions au pénal, pour « mise en dan­ger de la vie d’au­trui », déclen­chées récem­ment par des asso­cia­tions et un col­lec­tif de rive­rains contre les risques de la pour­suite de l’ex­ploi­ta­tion de la cen­trale de Fessenheim?

Appuyer les demandes du col­lec­tif, expri­mées dans leur lettre du 22 octobre à Madame Ségo­lène Royal, pour pro­lon­ger la durée de l’en­quête publique et deman­der une « solu­tion alter­na­tive au confi­ne­ment total pour évi­ter cette bombe à retar­de­ment et de pré­sen­ter un tel pro­jet à l’en­quête publique » est nécessaire.

Aider le col­lec­tif Des­to­ca­mine dans son action est nécessaire…et urgent!

Pour ce qui concerne l’Al­ter­presse 68 nous nous enga­geons à relayer toutes les ini­tia­tives citoyennes, locales comme à l’échelle euro­péenne – péri­mètre per­ti­nent – pour que ne triomphe pas une fois encore l’irresponsabilité poli­ti­cienne et sociétale.

Chris­tian Rubechi

Le col­lec­tif Désto­ca­mine sur Radio MNE, Un autre son de cloche, écou­tez en cli­quant sur