Vous doutez du label « Territoire Hautement Citoyen » accordé à Mulhouse? Comme vous avez raison!

Alors que le maire Jean Rott­ner, qui cumu­lait depuis 2015 (et donc un an seule­ment après son élec­tion) les postes de maire d’une grande ville et de conseiller régio­nal, s’est vu offrir le poste de pré­sident de région. Le sus­pens était donc à son comble pour pro­cé­der au pas­sage de témoin.

Suite à une courte tran­si­tion et moult trac­ta­tions, la dau­phine a été « choi­sie » en la per­sonne de Michèle Lutz, pre­mière adjointe et seconde sur la liste des Muni­ci­pales de 2014. Elle ne pren­dra vrai­ment la parole qu’a­près une élec­tion à laquelle elle est la seule can­di­date. Aupa­ra­vant, un élu d’op­po­si­tion reproche au maire de quit­ter le navire à mi-man­dat mal­gré son enga­ge­ment solen­nel devant les Mulhousien.ne.s et la seule réponse qu’il trou­ve­ra est une attaque en règle sur son par­cours per­son­nel. Aucun argu­ment de fond, cir­cu­lez il n’y a rien à voir ! Mais accro­chez-vous, on aura bien­tôt de « vrais » arguments.

Une seule femme au conseil muni­ci­pal pren­dra la parole pour sou­te­nir la future cheffe de Mul­house et sou­lè­ve­ra par la même occa­sion les pro­blèmes aux­quels les femmes doivent faire face dans le monde poli­tique. Toutes les autres prises de paroles seront des adou­be­ments des vieux bris­cards de l’assemblée.

Pas de nou­veau­tés chez les Répu­bli­cains et leurs affi­liés, une femme à la tête de la ville mais ce sont les mecs qui gardent le pouvoir.

La maire est donc élue avec quelques bul­le­tins blancs et enchaîne avec un dis­cours mesu­ré sur le refrain du « vous me connais­sez », « j’a­gi­rai dans la conti­nui­té », « je suis fière de ce que nous avons fait » et autres tapes sur l’é­paule de l’an­cien maire. Elle énonce aus­si ses prio­ri­tés pour Mul­house : l’é­du­ca­tion, l’é­co­no­mie et la culture, le tout sou­te­nu bien sûr par les « pro­grès » en matière de sécu­ri­té. Pas un mot sur la san­té et l’environnement.

Une ville qui enchaîne les pics de pol­lu­tion de l’air hiver­naux  (3ème cause de mor­ta­li­té en France) ne peut pas se per­mettre d’é­car­ter ce pro­blème. Idem pour les enjeux locaux que sont Sto­ca­mine et les amé­na­ge­ments rou­tiers. Pas un mot non plus sur les fer­me­tures de bureaux de poste dans les quar­tiers défa­vo­ri­sés de Mul­house et contre les­quelles les syn­di­cats ont mani­fes­té le matin même. Alors quand Mme Lutz dit qu’elle ne veut lais­ser per­sonne de côté tout en défen­dant les orien­ta­tions de Jean Rott­ner, elle sou­ligne un para­doxe dont elle-même ne semble pas avoir conscience.

C’est main­te­nant au tour des adjoints d’être choi­si avec une seule liste por­tée par… Jean Rott­ner ! Celui qui est main­te­nant pré­sident de la région Grand Est se garde les confor­tables posi­tions et indem­ni­tés de pre­mier adjoint. Aucune prise de parole pour sou­te­nir la liste, peut-être le conseil muni­ci­pal éprouve-t-il une cer­taine honte devant cette mas­ca­rade… Un des élu.e.s d’op­po­si­tion sou­ligne sa décep­tion devant le choix de l’an­cien maire de se gar­der une place au soleil et explique que son groupe ne vote­ra pas. Jean Rott­ner est élu confor­ta­ble­ment alors même que l’é­lec­tion est à bul­le­tin secret. La mai­resse en pro­fite pour répondre aux reproches de l’op­po­si­tion avec un argu­men­taire à faire trem­bler un enfant de 6 ans. Pour elle, comp­ter Jean Rott­ner comme pre­mier adjoint, c’est d’a­bord un hon­neur. Voi­là, je crois que tout est dit quand au niveau de réflexion de la mai­rie de Mul­house. C’est sur­pre­nant de pen­ser qu’au sein de la majo­ri­té mul­hou­sienne il n’y aurait per­sonne de valable pour prendre le relais. Belle image don­née à un conseil des jeunes qui fonc­tionne à plein régime et alors même que de nom­breux ado­les­cents sont pré­sents dans la salle. L’i­ro­nie est à on comble quand on pense que le por­te­feuille de Rott­ner sera celui de l’in­no­va­tion et qu’il sera occu­pé par un homme qui pra­tique la poli­tique à papa… .

Comme le sou­li­gnait Mme Bour au début de la séance, jamais Mul­house n’a été aus­si bien repré­sen­tée dans les dif­fé­rentes ins­tances poli­tiques. Un signal posi­tif pour Mul­house ? Pas si sûr quand on sait à quel point les élu.e.s de droite alsacien.ne.s ont l’ha­bi­tude de cares­ser l’é­lec­to­rat dans le sens du poil au moment des cam­pagnes élec­to­rales mais à se déro­ber une fois aux affaires.

Ras­su­rez-vous donc citoyen.ne.s de Mul­house, ici, tout change pour que rien ne change !

Cécile Ger­main