Nous repro­dui­sons ci-des­sous un texte du Col­lec­tif citoyen pour la défense du Sprickelsberg:

Por­té par l’As­so­cia­tion syn­di­cale auto­ri­sée du Spri­ckels­berg (ASA) ce pro­jet veut favo­ri­ser les condi­tions d’ex­ploi­ta­tion fores­tière des 293 hec­tares du mas­sif du Spri­ckels­berg par la construc­tion d’un réseau de voies de rou­le­ment pour les camions gru­miers, de déga­ge­ment de zones de sto­ckage et d’aires de retour­ne­ment des véhi­cules.… au coeur d’un des mas­sifs du Parc régio­nal des Vosges, en limite d’une zone clas­sée Natu­ra 2000 au des­sus de la val­lée de la Dol­ler, à hau­teur des vil­lages de Kirch­berg et de Dolleren.

L’ex­ploi­ta­tion du mas­sif boi­sé du Spri­ckels­berg est déjà assu­rée depuis des dizaines d’an­nées par tout un réseau de che­mins fores­tiers; la des­truc­tion de plus de 12 hec­tares boi­sés du mas­sif pour la seule emprise de nou­velles des­sertes extra larges sur plus de 10 kilo­mètres avec les aires annexes néces­saire (aires de dépôt, aires de retour­ne­ment des engins et des gru­miers..) aux seules fins donc d’é­ta­blir un accès plus facile aux par­celles boi­sées, vise sur­tout à opti­mi­ser la pro­fi­ta­bi­li­té de l’ex­ploi­ta­tion fores­tière indus­tria­li­sée pour 3 ou 4 scieries.

Les dom­mages éco­lo­giques et envi­ron­ne­men­taux induits seraient impor­tants, comme le sou­ligne l’é­tude d’im­pact réa­li­sée dans le cadre de la pro­cé­dure légale préa­lable à une éven­tuelle auto­ri­sa­tion pré­fec­to­rale pour la réa­li­sa­tion de ce projet.

Ain­si des espèces d’oi­seaux mena­cées d’ex­tinc­tion, la flore, le pay­sage, la qua­li­té des eaux de ruis­sel­le­ment – ali­men­tant de nom­breuses sources cap­tées à usage domes­tique – , des zones humides, des risques de pol­lu­tions et nui­sances diverses par engins et camions (notam­ment durant les deux années que pour­rait durer le chan­tier), des nui­sances diverses pour les promeneurs…

Ain­si de l’u­ti­li­sa­tion pos­sible de pro­duits phy­to­sa­ni­taires sur les grumes sto­ckées sur les aires de dépôt qui pré­sen­te­rait en outre des risques de pol­lu­tion de l’eau et donc des risques pour la faune comme pour les humains! (à noter que des agents de l’Of­fice natio­nal des Forêts refusent sou­vent l’é­pan­dage de tels pro­duits dans le cadre de leur acti­vi­té professionnelle..).

Le pré­sident de l’A­SA, par ailleurs maire de Dol­le­ren, a loué récem­ment l’im­por­tance de pro­jets de ce type dans la val­lée – plus d’une dizaine réa­li­sés depuis 2008 et d’autres appa­rem­ment en pro­jet pour une « ges­tion fores­tière durable. »… tout en regret­tant l’a­lour­dis­se­ment des démarches admi­nis­tra­tives, en par­ti­cu­lier des études d’im­pact envi­ron­ne­men­tal! – Numé­ro 4 de « Forêts pri­vées du Grand Est », encart page 5.

Pour­tant les rédac­teurs de cette étude d’im­pact sou­lignent dans leurs conclu­sions que les limites qui leur ont été impo­sées pour l’é­tude n’ont pas per­mis d’a­bor­der les condi­tions de la ges­tion syl­vi­cole après réa­li­sa­tion des tra­vaux. Sa por­tée a donc été volon­tai­re­ment limi­tée par les commanditaires .

En fait, l’é­tude per­met d’ap­pré­cier fine­ment les risques à très court terme…et non à moyen et long terme, ce que confirment les conclu­sions même de l’étude. 

Plan­ter des « chênes Col­bert » pour four­nir la Marine royale comme au temps de Louis le qua­tor­zième n’est pas le pro­jet de nos scie­ries et on peut le com­prendre. Mais exploi­ter indus­triel­le­ment du bois pour les gra­nu­lés de chauf­fage ou des rési­neux de piètre qua­li­té pour faire …des sapins de Noël n’a pas les mêmes consé­quences pour l’en­vi­ron­ne­ment! Il faut savoir quelles seront les options d’ex­ploi­ta­tion liées à ce projet.

L’im­por­tante ques­tion des effets induits par l’ac­crois­se­ment de la cir­cu­la­tion de camions gru­miers sur la seule route de la val­lée de la Dol­ler - déjà sou­vent encom­brée et néces­si­tant des tra­vaux d’en­tre­tien en per­ma­nence – ne semble pas non plus pré­oc­cu­per les por­teurs du pro­jet des­serte du Sprickelsberg.

Les routes de rac­cor­de­ment des pistes fores­tières au réseau du fond de val­lée ne sont mani­fes­te­ment pas cali­brées pour des camions gru­miers. Et quelle est la fai­sa­bi­li­té de la tra­ver­sée sans risques des vil­lages de Dol­le­ren, Kirch­berg, Sewen?

Les élus locaux ont ‑ils bien pris la mesure de la ques­tion? Tous ceux de la vallée?

Les graves nui­sances dues aux cir­cu­la­tions de camions cau­sées par les tra­vaux de la Fen­nem­matt, en limite de tra­cés de voies de rou­le­ment de la des­serte fores­tière ont pour­tant été jus­te­ment dénon­cées récem­ment dans la presse locale par des élus (dont le maire de Sewen).

Les tra­vaux et l’im­por­tance du pro­jet des­serte fores­tière seraient pour­tant sans com­mune mesure avec les « modestes » tra­vaux liés à la construc­tion d’un centre d’ac­cueil tou­ris­tique à la Fennematt!

Et que dire de l’ap­proche de ce dos­sier par les por­teurs? Jamais – à notre connais­sance – des solu­tions plus douces faci­li­tant le débar­dage des grumes n’ont même été envi­sa­gées (débar­dage par câbles notam­ment avec des réa­li­sa­tions exem­plaires dans le Haut – Rhin rap­por­tées récem­ment par la presse locale).

Et que pen­ser des condi­tions-même de la consul­ta­tion publique, limi­tée au strict mini­mum légal, (affi­chages publics par de raris­simes pan­neaux à l’en­trée de la zone concer­née et affi­chage confi­den­tiel en mairies…)?

La rare­té même des avis expri­més lors de l’en­quête publique montre qu’en l’ab­sence d’une réelle infor­ma­tion de la popu­la­tion concer­née aucune opi­nion publique ne s’est réel­le­ment expri­mée (et même pas celle de la très grande majo­ri­té des pro­prié­taires de petites parcelles…).

Mais quand et où a eu lieu la moindre consul­ta­tion démo­cra­tique? La pré­sen­ta­tion du pro­jet, de l’é­tude d’im­pact, aux habi­tants de la val­lée et d’a­bord à ceux de Kirch­berg et Dolleren?

Où sont les réflexions plus larges sur l’a­mé­na­ge­ment glo­bal de la val­lée de la Dol­ler où les zones indus­trielles sont proches du débou­ché auto­rou­tier vers Burn­haupt – le Haut et laissent ain­si le haut de la val­lée jus­qu’au Bal­lon d’Al­sace avec des pay­sages fores­tiers rela­ti­ve­ment pré­ser­vés jus­qu’à ce jour. Il faut main­te­nir cet équi­libre d’a­mé­na­ge­ment territorial.

Quant à l’ar­gu­ment « créa­tion d’emplois liés au pro­jet » si faci­le­ment évo­qué, le sujet est sérieux et mérite d’être appro­fon­di: quels emplois, où, et combien? 

Remar­quons au pas­sage que le bûche­ron­nage est par­fois effec­tué par des bûche­rons venant d’ailleurs (cf. coupe rase de près de 5 hec­tares à Kirch­berg par exemple). Leur acti­vi­té dans la val­lée n’est pas le sujet…mais au moins ne par­lons pas d’emplois locaux sup­plé­men­taires dans ce cas … Quant aux conduc­teurs d’en­gins et de camions liés au pro­jet, seront-ils tous locaux? et qu’en est-il des engins de coupe spé­cia­li­sés qui ont tra­vaillé récem­ment dans la val­lée (à Sickert, à Kirch­berg par exemple) et qui venaient de…Finlande. Res­te­rait, dans la pers­pec­tive d’un accrois­se­ment de leur acti­vi­té, l’hy­po­thèse, émi­nem­ment sou­hai­table, d’emplois locaux sup­plé­men­taires dans les scie­ries de notre val­lée (com­bien?).

Mais com­bien d’emplois per­dus par dimi­nu­tion de l’in­té­rêt tou­ris­tique et des ins­tal­la­tions liées dans ce haut de val­lée inclus dans le Parc régio­nal des Vosges, et pour par­tie en zone Natu­ra 2000? Pour­quoi la dis­cré­tion des ins­tances élues pour le Parc ain­si que des orga­nismes publics concer­nés dans ce dossier?

En clair, l’op­por­tu­ni­té de sub­ven­tions publiques, y com­pris euro­péennes et régio­nales per­met le déve­lop­pe­ment de ce type de pro­jets de sur­ex­ploi­ta­tion de la forêt et un effet d’au­baine pour quelques scie­ries indus­trielles appuyées par quelques élus locaux.…et une faci­li­té accrue pour le débar­dage pour quelques petits pro­prié­taires également. 

Mais la pré­oc­cu­pa­tion majeure, le sens d’un inté­rêt com­mun bien com­pris doit être celui de la qua­li­té envi­ron­ne­men­tale, le sou­ci d’un équi­libre éco­lo­gique, la prise en compte des fac­teurs « cir­cu­la­tion » dans la vallée. 

L’Al­sace est déjà abî­mée par suf­fi­sam­ment de pro­jets inutiles, oublieux de l’in­té­rêt géné­ral et des enjeux envi­ron­ne­men­taux et éco­lo­giques pour ne pas sacri­fier en outre un seul hec­tare des espaces boi­sés jus­qu’a­lors rela­ti­ve­ment pré­ser­vés à quelques inté­rêts pri­vés oublieux de l’in­té­rêt public.

La forêt est un Bien com­mun ! L’ex­ploi­ta­tion durable oui. La sur­ex­ploi­ta­tion indus­trielle, non!

Ce pro­jet ne doit pas se réaliser!

Col­lec­tif citoyen pour la défense du Sprickelsberg

Ci-des­sous le com­mu­ni­qué envoyé par Europe Éco­lo­gie les Verts le 24 sep­tembre 2018, au pré­fet du Haut-Rhin:

2018–10-11_Courrier-Prefet-Haut-Rhin