Une équipe d’Alterpresse68 était pré­sente lors de la der­nière ses­sion plé­nière du Par­le­ment euro­péen à Strasbourg. 

L’oc­ca­sion de ren­con­trer diverses per­son­na­li­tés poli­tiques, dont Mou­nir Satou­ri, élu dépu­té euro­péen sous l’é­ti­quette Europe-Eco­lo­gie aux der­nières élec­tions eur­péennes de mai 2019. 

Selon le jeune élu, L’Union euro­péenne doit s’impliquer sur la bio­di­ver­si­té et la défense des nappes phréa­tiques en particulier. 

Le sujet de la sécu­ri­té des sites clas­sés et de leur réver­si­bi­li­té est un enjeu pre­mier à ce titre. 

De ce fait, Satou­ri consi­dère que le pro­jet Sto­ca­mine relève d’un véri­table scan­dale d’État, dès lors qu’est auto­ri­sée l’exploitation du site en 1999, sur la foi d’une double pro­messe non tenue: le carac­tère défi­ni­tif de l’en­fouis­se­ment, et son absence de dangerosité.

L’incendie de 2002, vir­tuel­le­ment impos­sible, en est le résul­tat le plus aberrant. 

Mou­nir Satou­ri pointe à ce sujet la res­pon­sa­bi­li­té poli­tique du gou­ver­ne­ment Chi­rac, qui, au lieu de se ques­tion­ner sur l’opportunité d’un déman­tè­le­ment du pro­jet, décide de natio­na­li­ser l’en­tre­prise, exo­né­rant ain­si les inté­rêts pri­vés quant au fait d’en assu­mer plei­ne­ment les risques. 

Et de para­phra­ser la doc­trine non ins­crite des néo­li­bé­raux, selon laquelle ce qui est défi­ci­taire est socia­li­sé, quand ce qui est béné­fi­ciaire est pri­va­ti­sé. On le voit encore aujourd’­hui à tra­vers l’exemple d’Aéroports de Paris (ADP), pour lequel il est tou­jours pos­sible de signer le réfé­ren­dum d’i­ni­tia­tive popu­laire, soit dit en passant. 

Le risque Sto­ca­mine a donc été socia­li­sé. Mais plus encore, par un cava­lier légis­la­tif de 2004, intro­duit par la loi sur l’eau, un amen­de­ment pro­po­sé par le groupe de l’ex-RPR, per­met­tait qu’une mine d’en­fouis­se­ment ne rece­vant plus de déchets pen­dant une durée d’au moins 1 an, n’a­vait plus à s’assurer de la réver­si­bi­li­té des déchets conte­nus en son sein. 

On a donc tor­du le bras des élus qui se sont lais­sés convaincre notam­ment du fait des assu­rances en termes de réver­si­bi­li­té qui leur ont été faites. 

L’eu­ro­dé­pu­té dit com­prendre que les risques sont grands pour aller extraire les déchets aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’exposer du per­son­nel inuti­le­ment. Mais des moyens tech­niques, notam­ment robo­tiques, lui paraissent envisageables. 

Car le risque sur la nappe reste une épée de Damo­clès pour les géné­ra­tions futures. On ne peut en effet sous-esti­mer la pol­lu­tion que le sto­ckage suppose. 

Puisque la col­lec­ti­vi­té publique a enga­gé sa res­pon­sa­bi­li­té en natio­na­li­sant l’entreprise, elle doit res­pec­ter la parole don­née aux citoyens en matière de réver­si­bi­li­té. Au reste, l’incendie a sans doute été pro­vo­qué par un mélange de matière inflam­mables qui ne devait pas être combinées. 

Enfin, c’est le modèle de déve­lop­pe­ment qui inter­roge, par la pro­duc­tion non réflé­chie et à flux conti­nu de déchets ultimes sans savoir qu’en faire. C’est donc d’abord à la source même des déchets pro­duits sur laquelle il faut agir. 

Vous pou­vez retrou­ver ci-des­sous un extrait audio de l’entrevue

Extrait de l’é­change avec Mou­nir Satou­ri, au micro de Jeanne Roy
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