C’é­tait le secret le moins bien gar­dé du gou­ver­ne­ment Macron, lequel semble lou­voyer conti­nu­ment depuis le début de la crise sani­taire. Un confi­ne­ment dras­tique à l’i­ta­lienne ou à l’es­pa­gnole est de vigueur depuis hier à midi. 

Ces mesures sont-elle néces­saires ? Assu­ré­ment, puis­qu’elles semblent avoir fait leur preuve en Chine (mais dans des condi­tions de contrôle et de pri­va­tion inouïe de toute la popu­la­tion ori­gi­naire de Wuhan), capi­tale de la pro­vince du Hubei, en Chine cen­trale.

Ces mesures sont éga­le­ment en cours en Ita­lie depuis le 9 mars, et les auto­ri­tés y espèrent un inflé­chis­se­ment de la courbe des conta­mi­na­tions pour les pro­chains jours, alors que le pays comp­tait plus de 28 710 malades, 2978 morts, dont 475 décès dans la seule jour­née du 18 mars !

Des mesures de confi­ne­ment savam­ment détour­nées par les cou­sins trans­al­pins, que ce soit sur leurs bal­cons et ailleurs, quoi­qu’en pense un « artiste » mul­hou­sien de nais­sance, vivant actuel­le­ment dans la région des Abruzzes, et objet d’un récent article dans L’Al­sace.

Pour preuve ci-des­sous, le « chien de qua­ran­taine » à louer, pour jus­ti­fier d’une petite sor­tie supplémentaire : 

https://www.youtube.com/watch?v=WdaHBJAqm4I

En Corée du Sud, second pays le plus tou­ché et plus grand foyer de l’é­pi­dé­mie de Covid-19 après la Chine (depuis dépas­sé par l’I­ta­lie), où le virus est appa­ru, avec 8236 per­sonnes conta­mi­nées (8320 au 17 mars soit + 84 en 24 heures). l’in­flé­chis­se­ment y est déjà spec­ta­cu­laire. Cela sans fer­mer ses maga­sins ni confi­ner ses villes ou fer­mer ses fron­tières, mais avec beau­coup de civisme… après avoir appris de l’épidémie du MERS en 2015, même si la crise n’y est certes pas terminée.

Tests et pis­tage mas­sifs en Corée du Sud 

Com­ment cela est-il pos­sible ? Par la mise en oeuvre d’une consi­dé­rable cam­pagne de dépis­tage mas­sif. Soit le contraire de ce que font les euro­péens, et notam­ment les fran­çais, en réser­vant les tests aux cas avé­rés les plus graves. 

La Corée du Sud a en effet déjà réa­li­sé plus de 250.000 tests. Mais au prix d’ins­tru­ments de pis­tage extrê­me­ment intru­sifs. Ain­si, pour remon­ter la chaine des trans­mis­sion, les auto­ri­tés n’hé­si­tèrent pas, par exemple, à suivre d’au­to­ri­té le fil des dépenses par cartes ban­caires des malades. Des SMS sont par ailleurs envoyés aux citoyens quand un nou­veau cas est détec­té près de chez eux. Des mal­en­ten­dus pro­vo­quèrent par­fois des dénon­cia­tions calom­nieuses, voire des scan­dales d’adultères. 

Des méthodes qui ont conduit à de nom­breux abus, car les inter­nautes peuvent retra­cer pré­ci­sé­ment le par­cours des por­teurs du virus, quand bien même ne peuvent-ils les iden­ti­fier for­mel­le­ment, mul­ti­pliant ain­si les rumeurs à leur sujet. 

Quoi qu’il en soit, dans la com­pi­la­tion four­nie ci-des­sous par les auto­ri­tés sud-coréennes, on y voit confir­mé le fait que le virus s’at­taque prin­ci­pa­le­ment aux per­sonnes les plus âgées. Le ratio de léta­li­té mesu­ré est de zéro jus­qu’à 29 ans, de 0,38 % jus­qu’à 59 ans. Pour atteindre un pic de 9,26% à par­tir de 80 ans. La moyenne actuelle est donc d’en­vi­ron 1%, quand elle est en Ita­lie de 9,3% !

Source : Helen Brans­well / Statnews

Les sta­tis­tiques ren­dues publiques sur Twit­ter par Helen Brans­well du site spé­cia­li­sé en méde­cine, Stat­news, montre en effet ce que les euro­péens ne montrent pas, ali­men­tant ain­si une psy­chose déli­rante, qui pro­voque déjà des phé­no­mènes de panique, et de rushs irra­tion­nels sur les pro­duits ali­men­taires, voire même les pro­duits pharmaceutiques. 

Voi­ci les sta­tis­tiques rela­tives au nombre de cas journaliers/total de COVID-19 en Corée du Sud : 

Source : Helen Brans­well / Statnews 

On y voit clai­re­ment (barres ver­ti­cales vertes) que le pays n’a décla­ré que 74 cas posi­tifs au virus le lun­di 16 mars, et que depuis le 2 mars, après un pic bru­tal de 909 cas sur­ve­nu le 29 février, leur nombre décroit très net­te­ment, de sorte que la courbe du total cumu­lé com­mence à s’aplanir. 

Tra­vail, famille et confi­ne­ment (scien­ti­fique)

La France n’en est mal­heu­reu­se­ment pas encore à ce stade. On va voir plus bas que ce choix est peut-être dan­ge­reux et contre­pro­duc­tif. 175 per­sonnes y ont per­du la vie du fait du virus depuis hier (+27 décès par rap­port à la veille), et il à craindre que les pro­chains chiffres ne soient guère meilleurs. 

Pour­tant, le choix du confi­ne­ment parait, comme en Ita­lie ou Espagne, un choix erra­tique dic­té par les cir­cons­tances et une panique géné­rale sem­blant téta­ni­ser toute la popu­la­tion, y com­pris ses diri­geants. Une action qui maté­ria­lise l’im­puis­sance des exé­cu­tifs fran­çais et euro­péens à agir pour limi­ter, cir­cons­crire et lut­ter contre les effets de la conta­gion, comme on va le voir plus bas. 

Des choix de san­té publique qui ont des consé­quences notables en matière de liber­tés et de vie quo­ti­dienne, appuyé par un conseil scien­ti­fique com­po­sé de 11 membres, sur lequel on ne sait pas grand chose et qui ne rend pas compte de ses avis, mais aurait l’o­reille atten­tive du président.

Il reste que la stra­té­gie du confi­ne­ment strict fini­ra néces­sai­re­ment pas payer, puisque la conta­gio­si­té est méca­ni­que­ment frei­née par l’i­so­le­ment social des indi­vi­dus. Mais un rebond est tou­jours pos­sible dès la levée des mesures. L’al­ter­na­tive étant « l’im­mu­ni­té col­lec­tive », choi­sie déli­bé­ré­ment par les anglo-saxons, qui vou­draient lais­ser cir­cu­ler le virus, de sorte à favo­ri­ser une immu­ni­té pro­gres­sive de la popu­la­tion, mais dont le prix éthique et poli­tique est lourd à assu­mer, puis­qu’il condam­ne­rait nombre de per­sonnes immu­no­dé­pri­mées ou por­teurs de patho­lo­gies sous-jacentes, à une mort certaine. 

Pour autant, ce sont encore les voix hété­ro­doxes que l’on assour­dit dans le concert des « tou­to­logues » ou spé­cia­listes de la 25 heure, qui affirment péremp­toi­re­ment quelque véri­té défi­ni­tive sur le virus, alors que nombre de ses aspects sont encore mécon­nus de la com­mu­nau­té scientifique. 

A la pre­mière place du hit parade des décla­ra­tions cas­se­ro­lesques, on a ain­si vu un énarque, pré­sen­te­ment direc­teur des hôpi­taux de Paris (AP-HP) décla­rer que : « La chlo­ro­quine [vieux médi­ca­ment anti­pa­lu­dique NDLR] n’a jamais mar­ché chez un être vivant ».

Un scien­ti­fique trop hété­ro­doxe pour être crédible ? 

Une décla­ra­tion qui tombe fort à pro­pos, puisque le pro­fes­seur Didier Raoult, direc­teur de « Médi­ter­ra­née Infec­tion », (et membre éga­ré du conseil scien­ti­fique de Macron) fon­da­tion extrê­me­ment res­pec­tée dans le domaine des mala­dies infec­tieuses, a tout juste ren­du public une étude repre­nant le tra­vail de cher­cheurs chi­nois, indi­quant la capa­ci­té remar­quable de la chlo­ro­quine à réduire très net­te­ment la charge virale (notam­ment en l’as­so­ciant à un anti­bio­tique l’azy­thro­my­cine), uti­li­sé notam­ment pour le trai­te­ment des infec­tions des voies res­pi­ra­toires, et donc à dimi­nuer sen­si­ble­ment le risque de décès. 

Pour Didier Raoult (lequel a beau­coup d’en­ne­mis en rai­son des ses apar­tés cli­ma­to-scep­tiques, ses décla­ra­tions mal­adroites et son carac­tère rugueux) « La lon­gueur du por­tage viral est un élé­ment essen­tiel ». Ajou­tant : « On a pu com­pa­rer la néga­ti­va­tion du por­tage viral chez des patients qui ont sui­vi le pro­to­cole, avec des patients d’Avignon et de Nice qui n’ont pas reçu le trai­te­ment. Ceux qui n’ont pas reçu le Pla­que­nil [médi­ca­ment à base d’hydroxychloroquine] sont encore por­teurs à 90 % du virus au bout de six jours, tan­dis qu’ils sont 25 % à être posi­tifs pour ceux qui ont reçu le traitement »

Encore plus essen­tiel: « Elle montre que les gens qui portent le virus, on parle de 191 per­sonnes, le portent pen­dant vingt jours s’ils ne sont pas trai­tés. Donc les gens qui ont inven­té la qua­tor­zaine, ça n’a pas de sens. Il faut iso­ler les gens por­teurs, et ne pas iso­ler les non-por­teurs. C’est un point très important ». 

Mais pour réduire ce por­tage viral, il faut donc tes­ter un maxi­mum de gens. Ce qui n’a pas été la stra­té­gie du gou­ver­ne­ment fran­çais jus­qu’a­lors, comme le montre le gra­phique ci-des­sous, détaillant le total des tests effec­tués par pays : 

Mais pour­quoi donc asso­cier un anti­bio­tique pour lut­ter contre un virus, alors que c’est d’ordinaire inopé­rant ? « On conseille, nous, et d’autres, depuis long­temps de don­ner un anti­bio­tique dans les infec­tions virales res­pi­ra­toires, parce qu’elles se com­pliquent sur­tout de pneu­mo­pa­thies. Donc tous les gens qui pré­sen­taient des signes cli­niques qui pou­vaient évo­luer vers une com­pli­ca­tion bac­té­rienne de pneu­mo­pa­thie, on leur a don­né de l’Azithromycine. Il a été démon­tré dans un jour­nal que ça dimi­nue les risques chez les gens qui ont des infec­tions virales. Et l’autre rai­son, c’est que l’Azithromycine a mon­tré en labo­ra­toire qu’elle était effi­cace contre un grand nombre de virus, bien que ce soit un anti­bio­tique. Donc quitte à choi­sir un anti­bio­tique, on pré­fé­rait prendre un anti­bio­tique effi­cace contre les virus. Et quand on com­pare le pour­cen­tage de posi­tifs avec l’association hydroxy­chlo­ro­quine (sous la marque Pla­que­nil) et Azi­thro­my­cine, on a une dimi­nu­tion abso­lu­ment spec­ta­cu­laire du nombre de posi­tifs ».

Évi­dem­ment les patients trai­tés n’é­taient que 24. Un échan­tillon pas vrai­ment signi­fi­ca­tif en matière de tests médi­caux. Le gou­ver­ne­ment va d’ailleurs per­mettre à une équipe lil­loise d’é­tendre cette étude.

Mais Raoult a éga­le­ment pour mérite de mon­trer que sur un un total de 4050 patients tes­tés au COVID-19, et dont seuls 5,8% se sont révé­lés être atteints, la conta­gio­si­té la plus mani­feste n’est pas liée aux popu­la­tions les plus jeunes, dont les enfants, qui ont beau­coup été accu­sés ces der­niers jours, mais est le fait d’a­dultes situés d’a­bord dans la tranche d’âge des 45–65 ans !

Une iner­tie fran­çaise dif­fi­cile à comprendre 

Alors qu’il a toutes les peines du monde à four­nir les mesures de pro­phy­laxie élé­men­taires (masques, gels hydro­al­coo­liques) pour veiller à pro­té­ger les soi­gnants qui luttent au pre­mier chef, ain­si qu’il vient de le concé­der, et alors que les chi­nois livraient aujourd’­hui un mil­lion de masques aux fran­çais, il reste cepen­dant à com­prendre pour­quoi le gou­ver­ne­ment fran­çais se monte aus­si timo­ré sur l’in­té­rêt du repo­si­tion­ne­ment thé­ra­peu­tique de la chlo­ro­quine, ce médi­ca­ment cou­ram­ment uti­li­sé depuis 70 ans.

Ce n’est certes pas un vac­cin, et il pos­sède d’im­por­tants effets secon­daires en sur­do­sage (tout comme le para­cé­ta­mol). Mais le contexte n’est pas seule­ment au pri­mum non nocere. Il est aus­si d’a­gir au plus tôt pour sau­ver des vies, en res­pec­tant un pro­to­cole médi­cal codi­fié et une stricte posologie. 

Le fait est que le médi­ca­ment ne coute rien (d’où l’ab­sence d’é­tudes au long cours), qu’il a fait l’ob­jet d’a­na­lyses convain­cantes pour com­battre le coro­na­vi­rus de la part de scien­ti­fiques chi­nois et des coréens, qu’il est uti­li­sé par les méde­cins belges depuis ven­dre­di der­nier auprès des patients infec­tés, et qu’il per­met­trait, comme on l’a vu plus haut, de sou­la­ger des patients en agis­sant, même par­tiel­le­ment, sur la charge virale, et donc la mor­bi­di­té, la mor­ta­li­té, libé­rant ain­si de pré­cieux lits de réanimation… 

On revien­dra pro­chai­ne­ment sur les impli­ca­tions poli­tiques des choix effec­tués par les gou­ver­ne­ments euro­péens dans le cadre de cette crise sani­taire, les­quels semblent d’a­bord ron­gés par le virus de l’é­ga­re­ment et de la divi­sion la plus manifeste. 

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