Mar­cel STOESSEL est né le 13 sep­tembre 1904 dans une famille ouvrière. Enfant il habite 1 rue du Ross­berg avec ses parents ! Il entre dans la vie active tôt, comme ouvrier chez DMC Schaef­fer à Pfas­tatt où il a tenu dif­fé­rentes res­pon­sa­bi­li­tés syn­di­cales à la CGT notam­ment en 1936 pen­dant les grèves chez Schaef­fer avec son ami René KERN exé­cu­té en même temps que lui à Stutt­gart sept ans plus tard. Il s’était uni à Marie EBLÉ le 24 février 1927 et il était domi­ci­lié au 68 de la rue de la Mer rouge dans le quar­tier de Dor­nach dans une mai­son de cité Schaeffer. 

C’est un spor­tif émé­rite pen­dant ses loi­sirs ; il dirige la sec­tion cyclo-balle et artis­tique du club Soli­da­ri­té à Mul­house cer­tai­ne­ment affi­lié à la FSGT ! En 1939 il a 35 ans quand la guerre éclate. Il est rap­pe­lé au 20è RI (où il avait fait son ser­vice mili­taire en 1924–26 en Rhé­na­nie occupée). 

Pen­dant la drôle de guerre il est can­ton­né dans le Sund­gau, puis dans le nord de la France, il est fait pri­son­nier le 15 juin 1940 et inter­né à Col­mar, puis libé­ré le 24 août en tant qu’Alsacien de souche alle­mand. A son retour à la vie civile, il va retrou­ver un emploi de gru­tier à la « Gies­se­rei », à la SACM deve­nu Elmag AG sous l’occupation.

Très vite il va ren­trer dans le groupe de résis­tance WODLI et en deve­nir une figure majeure. Il orga­nise avec ses cama­rades des col­lectes d’argent pour sou­te­nir les familles de déte­nus arrê­tés. Il récu­père machines à écrire, des ronéos et du papier pour impri­mer des tracts clan­des­tins contre l’occupant qu’il dis­tri­bue dans dif­fé­rentes loca­li­tés du département. 

Il a aus­si contri­bué à faire cacher des armes ramas­sées pen­dant la débâcle chez un hor­ti­cul­teur rue de Sochaux (à Dor­nach) et qui auraient ser­vi au moment du « grand choc ». Jamais elles ne furent décou­vertes ! Mar­cel n’en n’ayant pas par­lé. Cou­rant 42 la répres­sion se met néan­moins en place, et au prin­temps une cen­taine de per­sonnes sont arrêtées. 

Mar­cel STOESSEL est appré­hen­dé au pied de la grue de son usine le 12 mai 42 par la Ges­ta­po. Tout d’abord il est incar­cé­ré du 12 mai au 5 juin à la pri­son de Mul­house avec des allers-retours au siège de la Ges­ta­po à la Moden­hei­mer Strasse, rebap­ti­sée après la guerre rue Roger Salen­gro n°29. Puis il est trans­fé­ré au camp de Schir­meck-Vor­brück jusqu’au 20 décembre 1942, date à laquelle il rejoint la pri­son de Bühl en Alle­magne. En pré­vi­sion de son pro­cès il est inter­né à Stras­bourg du 17 au 23 mars où a lieu le pro­cès du  groupe mul­hou­sien devant le Volks­ge­richt­shof pré­si­dé par le sinistre Roland FREISSLER. 

Il est condam­né à la peine de mort et il est trans­fé­ré à la pri­son de Stutt­gart. Il sera guillo­ti­né le 29 juin au petit matin avec trois de ses cama­rades, KERN René, ouvrier tex­tile, SCHWARTZ Edouard, che­mi­not, KUNZ Alphonse, che­mi­not ! Le groupe des résis­tants col­ma­riens avait été exé­cu­té le 1er juin. 

Les corps de tous ces sup­pli­ciés seront trans­fé­rés à la Facul­té de méde­cine de Hei­del­berg puis cré­ma­ti­sés, leurs cendres jetées dans une fosse com­mune avec seize autres anti­fas­cistes alle­mands. A la fin de la guerre une urne conte­nant des cendres dans une cha­pelle à Hei­del­berg est décou­verte, c’est celle de Mar­cel STOESSEL. 

Après de mul­tiples péri­pé­ties elle arrive en 1948 au cime­tière de Dor­nach où la famille peut faire son tra­vail de deuil, car­ré 33c. Sa femme Maria est décé­dé à l’âge de 104 ans. Le 29 juin 1969 une plaque com­mé­mo­ra­tive a été éri­gée en mémoire de son action de résis­tant par les « anciens com­bat­tants volon­taires de la Résis­tance – groupe Wodli du Haut-Rhin ». 

Le 14 avril 1995, par un arrê­té muni­ci­pal, un square fut bap­ti­sé du nom de Mar­cel STOESSEL situé au pied de la rési­dence Roxe­lane et enfer­ré par la rue de l’Ours et par la rue du Traî­neau. Notons aus­si que la médaille mili­taire lui fut attri­bué à titre post­hume en 1961. Notons encore que c’est le seul témoi­gnage sym­bo­lique de cette résis­tance ouvrière tota­le­ment occul­tée pour de mul­tiples raisons ! 

Les autres sup­pli­ciés (leurs cendres) ont eu droit à une plaque com­mé­mo­ra­tive au cime­tière de mon­tagne de Hei­del­berg en 1968. Pour mémoire ils s’appelaient : BIHR René, che­mi­not, BOEGLIN Eugène, ins­ti­tu­teur, SONTAG Auguste, ins­ti­tu­teur, MURBACH Adolphe, cor­don­nier, KERN René, ouvrier tex­tile, SCHWARTZ Edouard, che­mi­not et KUNZ Adolphe, cheminot.

Sou­ve­nons-nous à jamais de ces hommes de l’ombre qui ont com­bat­tu la bar­ba­rie nazie. Un grand mer­ci à son fils Roger STOESSEL qui nous a ouvert ses archives familiales.

Pierre SCHNEIDER