Le Printemps alsacien décalque symbolique du Printemps marseillais, (lequel a remporté la mairie de la cité phocéenne en juin 2020), va-t-il s’enraciner dans le paysage politique local, à l’occasion des prochaines élections départementales, placées en juin 2021 sous l’égide de la collectivité européenne d’Alsace (CEA) ou du super-département alsacien ?
Il se veut, quoi qu’il en soit, une offre d’union de la gauche démocratique, écologiste et sociale, dont « l’appel au rassemblement des forces humanistes et écologistes en vue des élections départementales de 2021 » a été signé par des personnalités très diverses qui se reconnaissent pour l’essentiel en lui.
S’ y retrouve ainsi La France insoumise, le Parti communiste, ce qu’il reste de Parti socialiste, Alternatives et autogestion et PEPS (Pour une écologie populaire et sociale), nouvelle formation politique née en 2019. Europe écologie n’y est pas représentée pour le moment.
Plus largement, la porte y est ouverte aux associations, syndicats et citoyens soucieux de s’investir à l’occasion des élections, dans chacun des cantons éligibles.
En mot d’ordre de ce collectif, la défense des précaires, des privés d’emploi, des services publics, de l’environnement, et des travailleurs de première ligne :
« L’Alsace a payé un lourd tribut à la pandémie, les femmes et les hommes dans les entreprises et les services publics ont donné le meilleur d’eux-mêmes, pour que nous puissions, tous, continuer à vivre ; Ils étaient au front souvent sans masques ni gel hydro- alcoolique pendant la première vague. La crise sanitaire révèle l’indispensable besoin des « premiers de corvée » dans notre quotidien, travailleurs hélas trop souvent dénigrés ».
La première rencontre par visio-conférence de ce collectif se présentait le 7 avril comme une réflexion programmatique autour d’une thématique. Animée notamment par Benoit Legrand (La France insoumise) et ex-colistier de la liste « ouverture citoyenne » au élections municipales de Colmar, la première soirée était consacrée à la santé.
Autour de la nécessité de recréer de la proximité, les participants ont convenu que la situation allait en se détériorant, aussi bien en général, puisque les universités de médecine ne sauraient accueillir en l’état plus de candidats pour faire face aux besoins réels, indépendamment de la disparition récente du numerus clausus, que pour l’ensemble des dispositifs et structures d’accueil à vocation sanitaire gérés aujourd’hui par la CEA.
L’appel aux médecins étrangers étant jugé extrêmement douteux, puisque soustrayant aux pays modestes, notamment ceux du continent africain ou de l’Est européen, des ressources médicales dont ceux-ci ont absolument besoin.
Une vision de long terme, incluant une forme de planification, permettrait de sortir de la politique de flux, « consanguine aux logiques de marché », vouée à la santé-marchandise telle qu’on la connait depuis 30 ans.
Des efforts sur les infrastructures destinées à la petite enfance, tout autant que des programmes scolaires de niveau collège promouvant une bonne hygiène de vie, un élargissement des aides aux familles, un renforcement des PMI, la prise en charge des formations pour les aide-maternelles, et l’investissement dans le développement des crèches publiques, susceptibles de renforcer l’émancipation féminine, sont à multiplier.
Ont également été évoqué le principe des habitats inclusifs intergénérationnels, alors que l’enjeu de la prise en charge de la dépendance se pose au niveau départemental tout autant que national.
A également été évoquée la problématique des aides à domicile gérées par des structures associatives, qui fonctionnent comme des entreprises, et rémunèrent au lance-pierre du personnel précaire chargé d’intervenir chez des bénéficiaires qui connaissent un sort économique identique…
Des participants appellent à la constitution d’un pôle public de la dépendance, et en tout état de cause, la prise en compte systémique du bilan social des structures intervenant en la matière, afin de limiter les abus dont elles sont hélas coutumières.
Des programmes départementaux devraient également concerner l’autisme, les femmes en détresse dans l’optique d’une contre-logique de santé publique traditionnellement vouée à des logiques malthusiennes.
Est apparu la nécessité de lutter activement contre les déserts médicaux pour offrir un service de santé de proximité dans chaque territoire du département, et notamment dans les communes très isolées des centres, tout autant que dans certains quartiers mulhousiens ou colmariens.
Là ou le marché ne peut satisfaire les besoins de soins, l’action publique devrait former un substitut, y compris à la faveur de médecins choisissant d’exercer sous des statuts alternatifs.
On le souligne d’autant plus à l’heure des mobilisations du secteur médico-social, grand oublié du Ségur de la santé…
Le site du collectif