Des mani­fes­ta­tions des­ti­nées à dénon­cer les errances du gou­ver­ne­ment Macron face à l’urgence cli­ma­tique et sociale se tenaient dans 3 villes du Sud Alsace, dans la mati­née et l’a­près-midi de ce dimanche 9 avril à l’i­ni­tia­tive de « Mul­house Action Cli­mat », un col­lec­tif d’as­so­cia­tions et de citoyen·ne·s enga­gées sur la ques­tion climatique. 

Comme par­tout ailleurs en France (ain­si qu’au niveau inter­na­tio­nal), où près de 163 ren­dez-vous étaient pro­gram­més au total, et ont ras­sem­blé plus de 100 000 per­sonnes, à l’ap­pel de 730 orga­ni­sa­tions non gou­ver­ne­men­tales et syn­di­cats de salariés. 

Plus de 450 per­sonnes s’étaient ras­sem­blées à par­tir de 10h au parc de la Mar­seillaise de Gueb­willer, à l’appel notam­ment des asso­cia­tions Alter­na­ti­ba, Alsace nature, Flo­ri­val en tran­si­tion, et le Col­lec­tif citoyen de Guebwiller. 

Les slo­gans fusaient bon train à le long d’une mani­fes­ta­tion prin­ci­pa­le­ment fami­liale, avec un « On est plus chaud que le cli­mat », ou « 1 et 2 et 3 degrés, c’est un crime contre l’humanité ».

A Mul­house, ils étaient près de 300 à se retrou­ver vers 14h30 sur le par­vis du Palais des sports de Mul­house, à l’ap­pel notam­ment d’Al­ter­na­ti­ba Mul­house et Soultz, ANV-COP21 Mul­house, les Sheds Kin­ger­sheim, Alsace Nature, du CADRes, et Eau en Danger. 

Au pro­gramme de la marche, une pre­mière halte devant le fast-food du stade nau­tique, avec des ins­crip­tions au sol rap­pe­lant qu’il fal­lait 16 800 litres d’eau et 38 kg de CO2 pour pro­duire un kilo de bœuf. Sui­vie d’une deuxième à la mai­son des Berges, le long de l’Ill pour reprendre en chœur la chan­son du groupe Tryo, « L’Hymne de nos cam­pagnes ». Enfin une troi­sième action sous la forme d’un « die-in » dans laquelle les par­ti­ci­pants ont simu­lé la mort, en se cou­chant devant les entrées de la mai­rie rue Pierre et Marie-Curie. Trois ques­tions por­taient sur la pré­ser­va­tion de l’environnement et de la bio­di­ver­si­té, et sur la néces­si­té de limi­ter le réchauf­fe­ment climatique. 

A Huningue, c’est plus d‘une cen­taine de per­sonnes qui répon­daient à l’appel de l’association Cli­mat 3F, laquelle orga­ni­sait la mani­fes­ta­tion vers 15 heures, au départ du Tri­angle de Huningue. Dans les rangs du cor­tège, se dis­tin­guaient notam­ment des membres de l’As­so­cia­tion de défense des rive­rains de l’aé­ro­port de Mul­house-Bâle (ADRA).

Dans le Nord du dépar­te­ment, ils étaient plus d’un mil­lier à Strasbourg. 

Et après ?

Si ces mani­fes­ta­tions alsa­ciennes ont glo­ba­le­ment été des réus­sites, il sub­siste la ques­tion du rap­port de force mis en balance pour espé­rer obte­nir un effet levier face au gou­ver­ne­ment Macron… 

Il semble en effet que des orga­ni­sa­teurs se laissent volon­tiers gri­ser par une forme d’au­to­sa­tis­fac­tion, à l’é­gal d’Alter­na­ti­ba qui décla­rait au terme des mani­fes­ta­tions, par voie de com­mu­ni­qué, que « Une fois encore, le suc­cès de cette marche démontre que le mou­ve­ment cli­mat est deve­nu un mou­ve­ment social d’ampleur en France, qui a per­mis de démo­cra­ti­ser l’enjeu cli­ma­tique dans l’ensemble de la socié­té ».

Ce n’est pas tant le mérite et le suc­cès rela­tif des ces mani­fes­ta­tions qui inter­roge, que le pré­ten­du sur­gis­se­ment d’un « mou­ve­ment social », quand l’i­ner­tie ins­ti­tu­tion­nelle que dénonce les par­ti­ci­pants, au tra­vers du pro­jet de loi orga­nique sur le cli­mat, dont il est per­mis de s’in­ter­ro­ger sur l’in­té­rêt objec­tif, ne par­ti­cipe qu’à engluer les orga­ni­sa­tions éco­lo­gistes dans un dis­po­si­tif ins­ti­tu­tion­nel des­ti­né à les épui­ser et les leurrer. 

En témoigne l’ins­tru­men­ta­li­sa­tion de la conven­tion citoyenne pour le cli­mat, dont les tra­vaux, aus­si auda­cieux soient-ils, sont soit niés, soit déna­tu­rés par l’exé­cu­tif. Quant aux apports rete­nus, ils risquent de venir s’a­jou­ter au maquis épais de textes et règle­men­ta­tions qui ne changent fon­da­men­ta­le­ment rien à la situation. 

D’où la néces­si­té pour les mou­ve­ments éco­lo­gistes de s’ex­traire de la pos­ture oppo­si­tion­nelle cir­cu­laire, pour tendre davan­tage vers l’é­ta­blis­se­ment d’un rap­port de force et des moda­li­tés d’ac­tion plus affir­ma­tives politiquement. 

Sur Média­part, notre consœur Jade Lind­gaard s’in­ter­roge à ce sujet dans un article inti­tu­lé « Cli­mat : où est pas­sée la colère ? », aus­si court qu’ef­fi­cace. Elle y revient sur quelques enjeux éco­lo­giques concrets dans le monde, et sur­tout en France, où les poli­tiques en place n’ont cer­tai­ne­ment pas renon­cé à uti­li­ser les repères pro­duc­tifs de l’an­cien monde. Elle inter­roge par ailleurs les moyens d’ac­tion des orga­ni­sa­tions envi­ron­ne­men­ta­listes confron­tées aux dis­cours du et des pouvoirs.

Rap­pe­lant que le slo­gan du mou­ve­ment pour la jus­tice cli­ma­tique de Copen­hague de 2009 était « chan­geons le sys­tème, pas le cli­mat ! », slo­gan adop­té par la suite par diverses orga­ni­sa­tions, dont Attac France. Une manière assez claire d’in­vi­ter tous les défen­seurs de la cause cli­ma­tique à arti­cu­ler un dis­cours et une pra­tique qui tende consciem­ment vers un post-capi­ta­lisme, dont la nature et les contours sont à défi­nir col­lec­ti­ve­ment, sauf à ris­quer de ne s’en tenir qu’à une fonc­tion de prê­cheur d’a­po­ca­lypse ato­mi­sé et stérile. 

Tant l’An­thro­po­cène est indis­so­ciable de son frère jumeau Capitalocène. 

Ci-des­sous une belle gale­rie pho­to­gra­phique de la mani­fes­ta­tion à Gueb­willer, signée de notre col­la­bo­ra­teur Mar­tin Wilhelm 

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