Pho­to­gra­phie de Mar­tin Wilhelm

Une forêt de para­pluie avait beau jalon­ner le par­cours des mani­fes­tants mul­hou­siens, en ce same­di 7 aout, la qua­trième mobi­li­sa­tion suc­ces­sive contre le pass sani­taire et le chan­tage à l’emploi vac­ci­nal, n’a pas faibli. 

En fait les semaines passent et le carac­tère sin­gu­lier de ces mani­fes­ta­tions ne laissent de frap­per. Outre une par­ti­ci­pa­tion sou­te­nue et gran­dis­sante, dans la plu­part des villes de l’hexa­gone, rien ne semble per­tur­ber ou décou­ra­ger la moti­va­tion des pro­tes­ta­taires, pas même la qua­si-vali­da­tion inté­grale de la loi sur le pass par le Conseil constitutionnel. 

Pas même une pluie nour­rie durant tout le par­cours, le long des mois de juillet et d’aout aus­si météo­ro­lo­gi­que­ment étranges, que le contexte poli­tique esti­val, ten­du et inflammable.

Bien sûr la ges­tion du covid est le prin­ci­pal com­bu­rant de cette inflam­ma­tion civique qui gagne une par­tie de la popu­la­tion. Mais le reste des arbi­trages et dos­siers poli­tiques que compte faire avan­cer le gou­ver­ne­ment est tout aus­si sus­cep­tible de l’a­li­men­ter, dont la énième réforme des retraites et le sale coup réser­vé aux chô­meurs dans le cadre d’une réforme de l’as­su­rance chômage. 

Le retour à l’ordre éco­no­mique nor­mal pour le gou­ver­ne­ment est sur­tout un retour à l’a­nor­mal social pour les retrai­tés et les pré­caires. Sans comp­ter tous les autres sala­riés, mena­cés dans leur emploi, que ce soit aujourd’hui ou demain. 

De ce point de vue, pour que les affaires reprennent au plus vite, on com­prend com­bien il peut-être essen­tiel pour l’exé­cu­tif de défendre une poli­tique de la vac­ci­na­tion la plus exten­sive et la plus contrai­gnante pos­sible. Dont le pass sani­taire serait l’aiguillon. 

Espé­rer sor­tir à bon compte de cette épi­dé­mie par la réponse uni­voque de la vac­ci­na­tion, sans s’at­ta­quer à ce qui entre­tient l’ef­fet d’engorgement struc­tu­rel des ser­vices de soins (désar­me­ment de l’hô­pi­tal public, ges­tion sala­riale déso­lante, absence de poli­tique sani­taire effec­tive, sous-finan­ce­ment chro­nique des struc­tures de soins, ges­tion mal­thu­sienne des moyens maté­riels, absence d’é­du­ca­tion nutri­tion­nelle, lutte contre la mal­bouffe notam­ment chez les plus jeunes…), est un pis-aller court-ter­miste qui sied par­fai­te­ment à ce gou­ver­ne­ment de mana­gers de la chose publique. 

La ques­tion cen­trale demeure tou­te­fois de savoir ce qu’il serait pos­sible de faire pour ten­ter d’en­tra­ver, à défaut de le stop­per, un exé­cu­tif aus­si fier d’être sourd à la pro­tes­ta­tion popu­laire, et cela depuis plus de 4 années de mandat. 

Sur la logique du pass sani­taire, Guillaume Zam­bra­no, un pro­fes­seur de droit à l’U­ni­ver­si­té de Mont­pel­lier, pro­pose quant à lui de satu­rer de recours indi­vi­duels le greffe de la Cour euro­péenne des droits de l« homme (CEDH) de Stras­bourg. Recours gra­tuit et pré­rem­pli par ses soins, à impri­mer et expé­dier par voie pos­tale, dont il donne l’en­semble des détails sur son site.

Cela n’est qu’une pro­po­si­tion iso­lée par­mi d’autres. Mais il s’a­git sur­tout de s’in­ter­ro­ger sur l’a­ve­nir col­lec­tif du mou­ve­ment, qui ne peut obte­nir de relais ni de débou­ché poli­tique autre qu’une ins­tru­men­ta­li­sa­tion cynique de la part de can­di­dats à la pro­chaine pré­si­den­tielle, dont la qua­si tota­li­té est située à l’ex­trême-droite de l’é­chi­quier politique… 

Nous aurons d’ailleurs l’oc­ca­sion de reve­nir dans un pro­chain article sur quelques motifs de l’ab­sence des prin­ci­pales orga­ni­sa­tions de gauche au sein de ce mouvement. 

  • On comp­tait par ailleurs 3500 mani­fes­tants à Col­mar, et près de 10 000 à l’é­chelle alsacienne. 

Comme à l’ac­cou­tu­mée, vous trou­ve­rez ci-des­sous la gale­rie pho­to­gra­phique pro­po­sée par notre ami et col­la­bo­ra­teur Mar­tin Wilhelm :