Comme nombre de ses mal­heu­reux conci­toyens chô­meurs, notre homme est la cible de la méca­nique folle de Pôle-emploi, une ins­ti­tu­tion qui res­semble de plus en plus à un pou­let engrais­sé aux sté­roïdes, recher­chant fré­né­ti­que­ment sa tête. 

L’ins­ti­tu­tion, qui en 2015, n’ar­ri­vait à assu­rer le repla­ce­ment que de 13% des chô­meurs ins­crits, soit 1 chô­meur sur 8, englou­tis­sait pas moins de 5,5 mil­liards d’eu­ros de res­sources de fonc­tion­ne­ment en 2018 (dont 3,4 mil­liards de sub­ven­tion de l’Unédic et 1,5 mil­liards d’eu­ros de la part de l’État).

Outre un bud­get plé­tho­rique qui ne cesse d’interroger, elle est en 2020, une fois encore, l’ob­jet de sévères cri­tiques de la part de la Cour des comptes.

Son der­nier rap­port (publié en juillet 2020), sou­ligne dere­chef les pro­blèmes struc­tu­rels de l’o­pé­ra­teur natio­nal pour l’emploi, notam­ment sa gou­ver­nance, le fonc­tion­ne­ment de son conseil d’ad­mi­nis­tra­tion, l’absentéisme de ses agents lié à leur souf­france au tra­vail, la toute puis­sance et les avan­tages de ses cadres… 

Les docu­ments reçus par un par­ti­cu­lier, que nous repro­dui­sons ci-des­sous, témoignent de cet éga­re­ment géné­ral, que l’on nous signale comme étant désor­mais un phé­no­mène assez ordinaire. 

Un peu comme si les hommes de l’institution, dont beau­coup par­mi les simples agents subissent les contre­coups d’un mana­ge­ment aus­si ver­ti­cal que débi­li­tant, avaient lais­sé la place à des algo­rithmes char­gés d’as­su­rer la ges­tion des flux de deman­deurs d’emploi, de la manière la plus absur­de­ment kaf­kaïenne et inhu­maine possible.

  • 1° Notre homme est radié du fichier des deman­deurs d’emploi : il n’a pas actua­li­sé sa situa­tion au regard du mois non tra­vaillé précédent. 

On ima­gine que la sanc­tion n’est pas (ou qua­si­ment plus) visée par un être humain : l’or­di­na­teur expé­die la lettre de radia­tion dans la foulée.

  • 2° La famille de l’allocataire de Pôle-emploi jus­ti­fie l’ab­sence de celui-ci, auprès de l’a­gence de Thann, dans laquelle il s’était ins­crit, pour la toute pre­mière fois de sa car­rière pro­fes­sion­nelle. Il est mort 18 jours avant l’é­mis­sion de ce pre­mier courrier.
  • 3° Grand prince, le Direc­teur de l’a­gence lui répond qu’il renonce à pour­suivre la pro­cé­dure de sanc­tion à son encontre, après récep­tion des « jus­ti­fi­ca­tifs ».
  • 4° En consé­quence, la réou­ver­ture des droits est effec­tuée par l’a­gence than­noise : notre homme per­ce­vra au maxi­mum 1546,50 euros par mois, cor­res­pon­dants au niveau et à la durée de coti­sa­tion effec­tués en fonc­tion d’un salaire annuel de réfé­rence.
  • Épi­logue : notre homme est décé­dé le 27 juin 2021. Sa famille avait aver­ti l’a­gence dès récep­tion du pre­mier cour­rier

Mais la machi­ne­rie fol­le­ment aveugle de Pôle-emploi s’est embal­lée, sans que per­sonne ne songe à la neu­tra­li­ser. Au rythme où est menée la numé­ri­sa­tion à marche for­cée des ser­vices publics, nul ne s’é­ton­ne­ra de voir celui-ci muer très pro­chai­ne­ment en mul­ti­sé­vices pour l’emploi !

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