Pho­to de Mar­tin Wilhelm 

Les semaines se suivent, et les mani­fes­tants mul­hou­siens n’en finissent pas de ne pas renon­cer. Ils étaient près de 3000 à écu­mer les rues de la ville, soit autant, sinon plus que la semaine der­nière. Plus de 500 à Col­mar et 1500 à Stras­bourg, soit le même chiffre que la semaine précédente. 

Cela alors même que les médias natio­naux ne cessent de trom­pe­ter l’i­nexo­rable déclin de ces ras­sem­ble­ments, dont l’ob­jet social échappe de toute évi­dence à nombre de com­men­ta­teurs, ain­si que de sup­po­sés repré­sen­tants de corps intermédiaires. 

A com­men­cer par les syn­di­cats de sala­riés dits « repré­sen­ta­tifs », dont l’a­po­gée était atteint lors de la décla­ra­tion du lea­der de la CFDT, Laurent Ber­ger, consi­dé­rant les mani­fes­tants comme autant de « gens infré­quen­tables ».

Sub­til et nuan­cé, il pré­ci­se­ra néan­moins qu’il s’a­git de « tous ceux qui sont d’ex­trême droite, qui sont com­plo­tistes, qui sont anti­sé­mites et qui, fina­le­ment, se servent de cet argu­ment-là pour pous­ser leurs idées. Ils sont assez nom­breux quand même. On n’a rien à faire avec ces gens-là ».

La gauche morale aura ain­si acquise sont bre­vet d’in­té­gri­té sacer­do­tale, et ces­se­ra de poser la néces­si­té d’in­ves­tir les lieux où des dyna­miques popu­laires germent et prennent forme, à l’ins­tar du mou­ve­ment des gilets jaunes, quand bien même seraient-elles inves­ties par deux ou trois cin­glés. Mais ce peuple là n’est déci­dé­ment pas le bon.

Les tenants d’une mora­line syn­di­cale per­dront ce fai­sant la der­nière chance que les syn­di­cats eurent de paraitre comme les mieux auto­ri­sés à agir par­mi ce peuple inso­lem­ment réfrac­taire, y com­pris en iso­lant les indi­vi­dus les plus infré­quen­tables. Mais il est vrai que les mani­fes­ta­tions les plus fré­quen­tables, au sens où doit les entendre le lea­der mini­mo de la CFDT, sont aus­si les plus inertes, inef­fi­caces et conve­nues du monde. 

Et si l’on dit de ce syn­di­cat qu’il a sou­vent voca­tion à négo­cier le poids des chaines, au coeur du tumulte anti­so­cial et liber­ti­cide dont ce gou­ver­ne­ment est deve­nu cou­tu­mier, il a donc aus­si pour mis­sion d’é­van­gé­li­ser les masses au nom de la véri­té escha­to­lo­gique dont se pré­vaut le monarque répu­bli­cain, acteur immé­ri­té d’un spec­tacle d’o­pé­ra bouffe qu’il vou­drait qua­li­fier de démocratie. 

« La crise sanitaire va commencer maintenant » 

A en croire le ministre de la San­té ce 16 sep­tembre, len­de­main de l’entrée en vigueur de l’obligation vac­ci­nale, les sus­pen­sions de per­son­nels hos­pi­ta­liers concer­ne­raient « essen­tiel­le­ment du per­son­nel des ser­vices sup­ports », « très peu de blouses blanches ».

Quelques jours après, des éta­blis­se­ments mul­hou­siens se trouvent pour­tant confron­tés à de graves dif­fi­cul­tés pour faire tour­ner leurs ser­vices et prendre en charge les patients. 

On appre­nait en effet en début de semaine que le plan blanc était déclen­ché au GHRMSA, et que les urgences de la cli­nique du Dia­co­nat allaient fer­mer pen­dant une semaine. 

L’obligation vac­ci­nale vient en effet s’a­jou­ter à des arrêts mala­dies, et un manque chro­nique de per­son­nels. AU GHRMSA, près 10 % des per­son­nels, ne sont pas à jour de leurs obli­ga­tions, soit 500 à 600 agents. 

De quoi rendre pal­pable la décla­ra­tion de Mar­tine Won­ner, invi­tée spé­ciale des orga­ni­sa­teurs de la mani­fes­ta­tion mul­hou­sienne, pour laquelle « La crise sani­taire va com­men­cer main­te­nant », du fait de la sus­pen­sion des per­son­nels et de la rup­ture de la chaine de soins. 

Martine Wonner, ou l’égérie de l’a-peu-près sanitaire 

Reçue en point d’orgue de la mani­fes­ta­tion, la dépu­tée du Bas-Rhin, en tour­née de sou­tien depuis quelques temps déjà, et véri­table porte-voix de nom­breux mani­fes­tants qui se recon­naissent en elle, réus­sit à tenir le micro plus de 35 minutes, sans notes, s’a­dres­sant à la foule der­rière le rem­part d’un ruban de chan­tier sem­blant valoir cor­don « sanitaire ». 

Pas avare de décla­ra­tions hété­ro­doxes en matière de san­té publique, elle est iden­ti­fiée comme la pro­mo­trice d’in­for­ma­tion ban­cales, voire dou­teuses, alors qu’elle même se dit anti-conspi­ra­tion­niste. Elle s’é­tait notam­ment dis­tin­guée voi­ci quelques mois, en décla­rant à l’As­sem­blée Natio­nale que le CDC amé­ri­cain venait de décla­rer que les masques ne ser­vaient à rien, ce qui était erroné. 

Son mono­logue mul­hou­sien semble tou­te­fois don­ner du grain à moudre à ses détrac­teurs, tant quelques unes par­mi ses décla­ra­tions laissent dubitatifs. 

Si elle a rai­son de sou­li­gner qu’une crise sani­taire risque de com­men­cer désor­mais, alors que de nom­breux per­son­nels sus­pen­dus ne sont plus à leur poste, que des direc­teurs d’é­ta­blis­se­ments hos­pi­ta­liers de dépar­te­ments ultra­ma­rins refusent de sus­pendre leurs (nom­breux) per­son­nels non vac­ci­nés au nom de la conti­nui­té des soins, et qu’il s’a­git de redon­ner de la digni­té aux soi­gnants en sus­pen­dant les effets du passe sani­taire, elle s’ap­puie encore sur des don­nées sujettes à caution. 

Ain­si, sou­tient-elle qu’une men­tion de l’article 12 de la loi du 5 aout sur l’ex­ten­sion du passe sani­taire et l’o­bli­ga­tion vac­ci­nale, pré­voi­rait la levée du passe. Or, il ne s’agit que de la levée de l’obligation vac­ci­nale pour les per­son­nels qui y seraient sou­mis, et non du passe lui-même. 

Cela est for­mu­lé au cha­pitre 4 de l’ar­ticle 12 : « IV. – Un décret, pris après avis de la Haute Auto­ri­té de san­té, peut, compte tenu de l’é­vo­lu­tion de la situa­tion épi­dé­mio­lo­gique et des connais­sances médi­cales et scien­ti­fiques, sus­pendre, pour tout ou par­tie des caté­go­ries de per­sonnes men­tion­nées au I, l’o­bli­ga­tion pré­vue au même I ». « L’o­bli­ga­tion pré­vue au même I » énu­mé­rant donc la liste des pro­fes­sion­nels sou­mis à obli­ga­tion vaccinale. 

Par ailleurs, que pen­ser d’af­fir­ma­tions comme les « trai­te­ments pré­coces » fonc­tionnent ? Si cela était incon­di­tion­nel­le­ment vrai, la conspi­ra­tion serait avé­rée, et donc sciem­ment mise en oeuvre par l’en­semble des méde­cins hos­pi­ta­liers et trai­tant, refu­sant de les admi­nis­trer à leurs patients ? Mais pour quel motif ? Vendre des vac­cins ? Ils devraient alors être inté­res­sés à leur vente. Or, l’im­mense majo­ri­té des méde­cins ne pos­sède pas de lien d’in­té­rêt avec les laboratoires. 

Para­doxa­le­ment, pour Mar­tine Won­ner, aujourd’­hui : « On n’a jamais été aus­si serein dans les struc­tures hos­pi­ta­lières par rap­port à la covid ! ». Sans trai­te­ments pré­coces, et donc grâce au vac­cin géné­tique ? Par ailleurs, les hos­pi­ta­liers ne sont pas exac­te­ment en situa­tion de grande zéni­tude, eu égard à la pers­pec­tive d’un hiver poten­tiel­le­ment lourd de menaces, et pas seule­ment à cause du covid… 

Plus dou­teux encore, Mar­tine Won­ner fait la pro­mo­tion du vac­cin « à la fran­çaise ». Le vac­cin « pas­teu­rien ». Celui qui n’est pas issu du génie géné­tique, comme celui de Pfi­zer ou Moder­na, et que les labo­ra­toires Sano­fi et Val­ne­va pré­parent pour les pro­chains mois. 

Qu’en conclut-elle ? « Les vac­cins clas­siques sont sans dan­gers » ! Faut-il rap­pe­ler qu’un vac­cin ne sau­rait jamais être sans dan­ger ? Que ce soit pour le covid ou d’autres mala­dies. Et si les vac­cins Sino­vac et Sino­pharm, vac­cins chi­nois contre le covid-19, à base de virus entier inac­ti­vé (conforme à l’es­prit pas­teu­rien) sont sûrs et effi­caces, selon l’OMS, on ne dis­pose en revanche d’au­cune don­née sour­cée sur la fré­quence et le niveau des effets secon­daires, les­quels existent nécessairement. 

En outre, Mar­tine Won­ner crut bon d’en remettre sur un anti-syn­di­ca­lisme de cir­cons­tance. « Où sont les syn­di­cats ? », s’é­cria-t-elle benoi­te­ment. Une syn­di­ca­liste CGT… de la métal­lur­gie tint alors à se faire connaitre, afin de démen­tir leur absence, déclen­chant les rires de l’assistance… 

Le fait est que des syn­di­cats de la branche san­té sont actifs sur le ter­rain, notam­ment depuis la sus­pen­sion des per­son­nels. Citons notam­ment la CGT, et FO, voire l’UN­SA ou la CFTC dans cer­tains endroits. Nous avons témoi­gné ici et de leur enga­ge­ment, lors de mani­fes­ta­tions devant l’ARS de Colmar. 

Enfin, appe­lant à don­ner la pos­si­bi­li­té aux soi­gnants de choi­sir les vac­cins pas­teu­riens et ain­si de recou­vrer leur emploi, Mar­tine Won­ner dit avoir par­ti­ci­pé de la créa­tion d’une orga­ni­sa­tion non gou­ver­ne­men­tale char­gée de pour­suivre les soins auprès des patients, de la part de pro­fes­sion­nels sus­pen­dus. Échap­pant ain­si au contrôle de l’Ordre des médecins.

Quant à la mani­fes­ta­tion, elle connut son point d’orgue, consis­tant en un jeté de blouses blanches devant la Porte jeune, et une simu­la­tion mor­ti­fère du sort fait aux soignants. 

Retrou­vez l’in­té­gra­li­té de l’in­ter­ven­tion de Mar­tine Won­ner, grâce à l’en­re­gis­tre­ment effec­tué par Jean-Jacques Greiner : 

Enfin, comme à l’ac­cou­tu­mée, voi­ci la gale­rie pho­to­gra­phique de Mar­tin Wilhelm :

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