En temps de guerre, l’information devient propagande… du côté d tous les belligérants. Et chaque camp s’évertue à traiter l’autre de pratiquer de la désinformation.
Depuis plusieurs années, nous constatons une dérive inquiétante de la liberté d’expression et du débat public dans de nombreux pays, dont la France.
Le débat contradictoire devient quasiment impossible. Nous l’avons vu lors de la vague terroriste quand le Premier ministre de l’époque, M. Valls, avait déclaré lors d’un hommage aux victimes de l’attaque de l’Hyper Cacher :
« Il ne peut y avoir aucune explication qui vaille. Car expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. »
Ces propos avaient suscité un tollé parmi les chercheurs qui mènent en de nombreux domaines des travaux parfois de longue haleine. Non pas pour « excuser » mais pour « comprendre ». Et contribuer ainsi, à leur manière, à la prévention de nouveaux actes terroristes.
Puis lors de l’épidémie du Covid, aucune voix ne pouvait s’exprimer critiquant un tant soit peu, la politique du gouvernement. Celui-ci définissait « la vérité intangible ». D’autres avis ne pouvaient être que complotistes ou émanant d’ignorants.
Nous repartons sur la même voie à propos de la guerre en Ukraine. Des voix qui s’élèvent pour considérer qu’il vaut peut-être mieux analyser la situation, ne pas défendre mordicus un seul camp sont immédiatement rangées au banc des infamies, taxées de « pro-poutinisme ». Et bientôt de « traitres » ?
Le débat contradictoire, pluraliste, est une des bases de la démocratie. Et encore plus dans des sciences qui ne sont pas a priori exactes, comme la recherche, la médecine, la sociologie, etc. C’est par la controverse qu’on progresse dans les connaissances.
Au petit jeu du classement des avis, opinions, recherches entre les « bons » (ceux qui se rangent du côté du pouvoir) et les « méchants » (ceux qui contestent qu’il y ait une vérité intangible) un mur infranchissable a été érigé par les tenants de la « pensée unique ».
Dee nombreux chercheurs, professeurs, journalises, se sont vus du jour au lendemain bannis des médias ou, s’ils y paraissaient, harcelés et maltraités par les journalistes qui voulaient leur faire tenir des propos justifiant la doxa officielle…
Justifier l’injustifiable : nier la crise économique en vue
Les médias dominants, ceux détenus par les oligarques français et le monde de la finance, s’alignent sur les thèses officielles et uniques quitte à s’arranger avec la véracité des faits.
Ainsi la situation économique dans les pays occidentaux était considérée comme très critique avec les effets de la pandémie entre autres sur les finances publiques. Dans son bloc dans Le Monde, Georges Ugeux, PDG de Galiléo Global Advisors, une banque d’affaires internationale à New York, décrit en décembre 2021 (donc avant la guerre) la situation par ces mots :
« L’inflation est un grand tournant. Avec une inflation de 7% aux États-Unis et des taux a dix ans de 1,50%, l’issue laisse peu de doute. La hausse des taux d’intérêt et la perte de valeur des actifs vont provoquer un tsunami à côté duquel la crise de 2008 ressemblera à un incident.
Déjà, les demandes de hausse de salaire se multiplient. L’hydre de l’inflation va provoquer des crises de cet endettement qui nous dévore. Il est urgent de se protéger. Avec elles, le chômage et la baisse du pouvoir d’achat sont devenus inévitables. Attachez vos ceintures. »
Le « quoi qu’il en coûte » a donc bien un prix !
Les milliards versés par le gouvernement Macron prioritairement aux entreprises vont devoir être payés ! Et dès après les élections présidentielles, la facture nous sera présentée… et sera justifiée par l’impact de la guerre ! Même si pendant cette guerre, les marchands d’armes européens et états-uniens se sont fait des fortunes. Ce sera bien aux citoyens de rembourser cette dette.
Quand Emmanuel Macron prend le pouvoir en 2017, la dette dite « intenable », s’élevait à 2.218,4 Md d’euros (INSEE) et 98,3% du PIB. Rappelez-vous c’est au nom de cette dette que le président justifiait la remise en cause du système de retraite, car il ne fallait pas laisser aux générations futures le paiement de la « dolce vita » que menaient nos aînés !
Au 3e trimestre de 2021 (donc avant la guerre d’Ukraine), la dette est de 2.834,30 Md d’euros, représentant 114,80% du PIB… Et E. Macron promet une réforme des retraites s’il est élu en avril prochain ! Là aussi, faudra-t-il attachez ses ceintures ?
Les économistes qui annoncent l’imminence d’un krach financier seraient-ils des méchants complotistes ? En tout cas, à part le journal L’Humanité, aucun grand média n’a évoqué précisément ce risque… Que voulez-vous, ils étaient pris par la lutte contre les antivax…
Pétrole et blé
Le prix de l’énergie est évidemment impacté par la guerre. Il faut pourtant rappeler que la hausse du pétrole était déjà entamée durant le second semestre de 2021 et que bien des experts annonçaient une continuité pour 2022. Le18 octobre 2021, l’IFP Energies nouvelles (IFPEN) e acteur majeur de la recherche et de la formation dans les domaines de l’énergie, du transport et de l’environnement) annonçait une nouvelle hausse du prix du Brent dans un contexte de crise énergétique mondiale en explicitant « Les prix du pétrole ont poursuivi leur hausse la semaine dernière pour la cinquième semaine consécutive. (…) dans un contexte de crise énergétique mondiale exacerbée par la hausse des prix du gaz et du charbon, qui pousse les producteurs d’électricité à se tourner vers les produits pétroliers alors que les stocks sont au plus bas. »
On voit donc que, en-dehors des effets de la guerre, le prix de l’énergie dépend aussi et surtout, des manœuvres spéculatives des milieux d’affaires. La guerre se terminera bien un jour, la spéculation pas sûr !
Mais en attendant, le prix à la pompe dépasse largement les deux euros… justifiés par le gouvernement et ses médias à la situation en Ukraine… Alors qu’elle n’a, apparemment, surtout contribué à accélérer un mouvement déjà en cours depuis 2021…
Le Journal Unique en piste…
Le journal unique de l’est et sud-est de la France, du groupe Ebra, font montre d’une belle duplicité pour justifier la hausse attendue du prix de la baguette :
Guerre en Ukraine
Prix record du blé : quand les chars russes font grimper le prix de la baguette
Parmi les conséquences économiques directes du conflit en Ukraine figure la flambée des cours du blé et du maïs. Une hausse record, qui entraîne avec elle les autres céréales et déstabilise les acteurs de la filière. Ou comment les chars russes pourraient (encore) faire grimper le prix de la baguette.
En voilà une information habilement manipulée et on comprend bien pourquoi. D’abord, quelles sont les tendances des cours du blé depuis 2021 :
Comme on le voit sur ce tableau, le prix de la tonne de blé s’était déjà envolé en juillet 2021. La flambée était liée à une spéculation sur la production en baisse après une forte sécheresse aux USA et une controverse sur une baisse des exportations russes et ukrainiennes.
Cette envolée s’est poursuivie au cours du second semestre 2021 comme on le voit sur ce graphique :
Si là aussi les effets de la guerre sont perceptibles puisqu’elle oppose deux exportateurs mondiaux majeurs de céréales, on voit bien que le prix de 306,50 euros la tonne en novembre n’est en rien dû à la guerre.
Le reste de l’article du Journal Unique Alsacien, est une pure désinformation. Il annonce une vérité : le prix du pain et des pâtes va encore augmenter. Comme il s’agit d’une denrée de base pour les ménages et impacte fortement le budget des plus modestes, son prix est de nature à conduire à des explosions sociales. On se souvient de la « guerre du pain » qui a conduit à des révoltes d’une certaine ampleur en Tunisie ou au Maroc il n’y a pas si longtemps.
Il est évident que les augmentations de prix en cours, dont la totalité n’est absolument pas à mettre sur le compte des « chars russes », vont conduire à des mécontentements et de possibles mouvements sociaux.
Mettre tout cela sur le dos des Russes permettra au pouvoir économique et politique en France de s’exonérer tranquillement de ses responsabilités… et peut-être, passer des élections tranquillou… Merci le JU (journal unique)…