Le Journal Unique du Crédit Mutuel l’a oublié dans son titre de l’article relatant les résultats du premier tour des élections législatives : en bon quotidien orthodoxe, il a titré « Ensemble résiste, le RN progresse » et mardi « La droite en fort déclin » … Oublié la NUPES est sa présence dans un tiers des circonscriptions de la Région au second tour… La NUPES premier parti politique à Mulhouse ? Rien à dire… C’est ainsi que va l’information dans notre Région.
Pourtant nous avons vécu un vrai retour des idées de gauche dans une région « terre de droite » déjà entrevu lors de l’élection présidentielle où Jean-Luc Mélenchon était en tête dans les deux grandes métropoles alsaciennes.
Avec un programme clairement de gauche, social et écologique, loin des ambiguïtés bockeliennes, les candidats de la NUPES ont réussi des scores particulièrement élevés dans le Haut-Rhin. Nous publions par ailleurs une analyse détaillée des 5e et 6e circonscriptions du département, mais également dans les autres des candidates et candidats peu connus mais ayant mené une campagne exemplaire ont réussi à talonner les vieux habitués des joutes électorales.
Ainsi dans la 3e circonscription Altkirch-Saint-Louis, chasse gardée de la droite depuis des décennies, la candidate Priscille Silva fait un score des plus honorable, étant même en tête à Saint-Louis !
La gauche peut compter sur un électorat fidèle en Alsace
Souvent décrite comme une terre de mission pour la gauche, l’Alsace a pourtant un électorat prêt à se mobiliser pour peu qu’une offre vraiment de gauche lui soit proposée. Cet électorat, si souvent trompé et trahi, a répondu favorablement à un renouveau d’une gauche qui lui apparaît enfin sincère et déterminé à tenir ses engagements. Pourvu qu’il n’y ait pas une nouvelle déception au bout !
Certes, le chemin semble encore long mais les vieux caciques de la nébuleuse « Majorité alsacienne » vacillent sur leurs trônes. D’ailleurs, on peut s’interroger sur cet OPNI (objet politique non identifié) de Majorité Alsacienne dont on cherche vainement ce que pourrait être le programme original de candidats qui sont en réalité, tous et toutes, de droite. Peut être que Droite Alsacienne collerait mieux à ces illusionnistes du cirque politique et médiatique.
Présents dans cinq circonscriptions au second tour, dont dans la 5e à Mulhouse, la gauche a jeté une base pour être une force déterminante dans le futur, qui se distingue des autres par une sincérité et un dynamisme qui tranche dans le paysage. Dire des sortants macronistes, Fuchs et Becht, qu’ils sont des « députés alsaciens » est évidemment une escroquerie, eux qui sont des représentants de Macron et qui vote, comme un seul homme, les injonctions de leur patron. Faire illusion dans le serrage des mains des vins d’honneurs associatifs n’a jamais été gage d’une activité politique soucieuse de l’intérêt des citoyens… Mais c’est bon pour la photo du prochain tract électoral…
Des députés de gauche en Alsace ?
Il y a donc cinq possibilités d’avoir des députés de gauche en Alsace : quatre dans le Bas-Rhin et une dans le Haut-Rhin, dans la 5e circonscription dans laquelle la candidate NUPES Nadia El Hajjaji affronte Olivier Becht, l’obsessionnel ministrable… La marche est haute pour la candidate de gauche : 20 points la séparent de son adversaire qui peut en outre compter sur les voix des perdants de droite du premier tour. D’ailleurs toute la smala de la majorité municipale de droite de Mulhouse s’est émue et appelle à faire barrage à « l’extrême-gauche » …
Il y a quelque chose de comique dans les appréciations portées sur la NUPES et ses candidats : où voit-on de « l’extrême » dans le programme de la NUPES. Sommes-nous à deux doigts de voir le capitalisme tomber en France si Jean-Luc Mélenchon était Premier Ministre ? Evidemment personne ne croit en cela…
Mais pour ces gens-là s’exprime une position de classe : 1.500 euros pour le SMIC, c’est donc extrême… Il ne faut jamais avoir vécu avec un salaire au SMIC pour dire une telle ânerie… Cela mettra la France à genoux ? C’est donc là que serait le côté extrême de la chose ? Et quand Macron lâche des milliards aux plus riches, c’est une œuvre de bienfaisance, peut-être ?
Non tout cela n’est que mépris de classe comme l’a encore prouvé une Mulhousienne ministre sortante : Roxana Maracineanu, qui a fait une saillie lamentable et scandaleuse contre son adversaire Rachel Keke en position d’être élue dans la 7e circonscription du Val-de-Marne et qui a une tare originelle : elle est femme de ménage dans la vie et présentée par la NUPES. La fameuse nageuse, apparemment autant à l’aise dans l’eau trouble que dans une piscine, a osé proposer de « de faire barrage » à Rachel Keke et d’appeler au « front républicain contre l’extrême gauche ». Termes utilisés en politique à l’encontre de l’extrême-droite en temps normal. Ce qui valu à la candidate macronienne cette riposte cinglante de François Ruffin : « Quand les Rachel Keke du pays nettoient les chiottes de vos chambres d’hôtels, là vous n’appelez pas au front républicain. »
Les quartiers populaires privés de députés
Les Macroniens s’affolent donc et utilise les arguments les plus stupides pour essayer de faire la seule chose qu’ils peuvent en l’absence d’un programme à présenter : dézinguer les adversaires en n’hésitant pas à utiliser les arguments les moins ragoûtants.
Est-ce que tout cela sera suffisant pour avoir une majorité macronienne à l’Assemblée ? Tout est possible dans un pays qui a des règles électorales qui n’offrent pas les mêmes chances de résultat à deux partis qui ont comptabilisé le même nombre de voix dans le pays.
Un des obstacles principaux que va rencontrer Nadia El Hajjaji dans la 5e du Haut-Rhin, c’est le poids totalement disproportionné des villes et villages alentours de Mulhouse, avec une population plutôt aisée et réactionnaire, acquise à un conservateur comme Olivier Becht. Ceux qui ont fait le découpage des circonscriptions ne se sont pas trompés : il s’agissait de priver les quartiers populaires de la possibilité d’avoir des représentants à l’Assemblée nationale.
On le voit également dans la 6e circonscription où malheureusement la candidate NUPES, Léonie Hebert n’est pas, malgré une très bonne campagne, au second tour où s’affronteront Bruno Fuchs et la RN Christelle Ritz. Mais là également, Léonie Hebert à réalisé près 37% de voix à Mulhouse alors que son adversaire de droite n’a obtenu que 22,56%. Les résultats sont encore plus explicites dans les bureaux des quartiers populaires où la candidate de la NUPES oscille entre 40 et 56% des voix. Bruno Fuchs ne sera décidément pas le député de ces endroits.
Le chancre de l’abstention
Cette approche positive du renouveau de la gauche alsacienne est cependant ternie par l’énorme abstention et surtout dans les quartiers populaires. Force est de constater que les candidats NUPES n’ont pas réussi à mobiliser pour ces législatives alors que les résultats de Jean-Luc Mélenchon pouvaient laisser croire à une victoire possible. Comme par hasard, l’électorat petit bourgeois des villages périphériques de Mulhouse ont connu une abstention moins importante, même si elle dépasse les 60%. Mais dans le bureau de l’école maternelle Albert Camus, dans la ZUP, là où Nadia El Hajjaji arrive devant Olivier Becht, l’abstention était proche de 85% !
Or, la seule chance pour Nadia El Hajjaji réside dans une déferlante de votants dans ces quartiers : inutile de faire campagne à Zimmersheim, quasi totalement acquise à son adversaire.
Le retour de la gauche en Alsace passe par un ancrage dans ces quartiers populaires urbains qu’il faut dorénavant sillonner sans relâche pour une implantation durable des partis progressistes au sein de la NUPES. Mais il passe aussi par une reconquête des espaces ruraux et périurbains souvent tentés par le Rassemblement National qui lui peut avoir quelques élus dans notre Région.
Mais pour cela, évidemment, il faut que la NUPES soit une organisation qui sera active au-delà des échéances électorales… Pourvu que les partis qui la composent lui prêtent vie…