Constitué en collectif de soutien au festival « Scènes de rue » depuis quelques mois afin de défendre l’intégrité du festival populaire mulhousien aujourd’hui menacé d’être dénaturé (lire ici et là), les artistes et techniciens, mais aussi habitant·es, commerçant·es, travailleur·euses de divers secteurs qui l’animent, s’impatientent devant la roideur méprisante de la municipalité.
Considéré à juste titre comme « un moment précieux de cohésion, d’apaisement, de liesse et d’occupation intelligente de l’espace public », le collectif s’oppose toujours à une fin de non recevoir de la part des élus ayant décidé unilatéralement de transformer cet évènement public attirant plus de 50 000 spectateurs chaque année.
Un courrier du 13 février, adressé à la maire de Mulhouse, est encore resté sans réponse. Il proposait la tenue d’une réunion publique afin d’exposer à l’édile les arguments du collectif.
Tout en réitérant la demande, le collectif refuse d’échanger « de manière conviviale et informelle » avec l’adjointe à la Culture, au nom de la démocratie participative.
S’appuyant sur les 3 800 signataires d’une pétition lancée à ce sujet, ils dénoncent une décision inconséquente et illégitime, et réclament de l’exécutif municipal qu’il fasse machine arrière.
Leur argumentaire aborde en détail les conséquences artistiques, sociales, économiques et locales de la suppression du festival.
Ils y reviennent notamment sur l’incongruité de transformer le festival, la méconnaissance du milieu culturel et de son écosystème économique, l’absence de direction artistique pour un futur projet dont on ne connaît absolument pas le contour, et un passage en biennale injustifié.
Pour le collectif : « Le public, mulhousien et d’ailleurs, veut Scènes de Rue. Il veut des arts de la rue, des spectacles gratuits, de qualité, engagés, percutants, troublants, émouvants, drôles, joyeux et terrifiants. Il veut conserver l’intense vie culturelle et sociale qui se dégage de ce long week-end de fête dans les rues ».
Ajoutant que les arts de la rue sont une exception culturelle française qui œuvre pour l’ouverture vers d’autres champs de la création et l’inclusion de tous les publics. A Mulhouse, c’est le cas de ce festival depuis 25 ans !
Ce faisant, le choix municipal d’un passage en biennale et du remplacement par un événement court et jeune public une année sur deux, sonne pour le collectif comme une insulte faite au travail de toutes les équipes du festival et un message de rejet lancé aux compagnies.
Par ailleurs, un lien est fait avec le festival Momix de Kingersheim, lui aussi menacé par des restrictions budgétaires. Et de dénoncer l’instrumentalisation de la priorité « jeune public », défendu par la municipalité, comme grossièrement populiste.
Dans leur communiqué, le comité appose une vérité d’évidence, qui résonne étrangement à l’heure de la réforme des retraites, et de la façon dont on considère l’immense majorité de la population qui y est opposée : « Doit-on rappeler que les élu·es sont au service des populations durant leur mandat ? Et que, si plus de 3 700 personnes vous alertent sur une décision arbitraire et dangereuse, les élu·es se doivent d’écouter, et de recevoir questions, critiques et positionnements de celles et ceux qui font la ville ? ».
Des élus en apesanteur et méprisants : la municipalité mulhousienne est macroniste dans l’esprit, à défaut de l’être dans la lettre.
Et le nouvel outil de « démocratie participative » déployé en janvier 2023 par la ville n’y a rien fait. Après une première rencontre fin janvier en compagnie des adjointes à la culture et à la vie citoyenne, Anne-Catherine Goetz et Cécile Sornin, le collectif est informé fin février que la proposition du collectif présentée devant cette instance, était jugée irrecevable, car : « Au regard du contenu de la Proposition citoyenne déposée et constatant l’absence de proposition concrète relative à ce festival des Arts de la rue pour son édition 2023, la Proposition citoyenne est jugée irrecevable. »
Dérobades et mauvaise foi seraient-elles les mamelles de la municipalité ?
Quoi qu’il en soit, celle-ci devrait présenter son projet, à la voilure réduite (et à l’appellation revue), d’ici le 23 mars…
Une cagnotte Leetchi est disponible ici. La pétition de soutien (3826 signataires à ce jour) est toujours active sur change.org