Dans sa farouche volonté de liquider l’imprimerie de L’Alsace à Mulhouse et ses 70 emplois (non inclus les emplois indus), le Crédit Mutuel ne lésine pas sur les moyens. Il distille les perfides informations sur la « générosité » du plan social et laisse croire à des naïfs que le montant d’un chèque pour le départ volontaire serait particulièrement incitatif. 

Sauf que, quelque soit le mon­tant d’un chèque, jamais il ne rem­pla­ce­ra la perte d’un emploi dans un sec­teur où les reclas­se­ments sont dif­fi­ciles, pour un sala­rié de moins de 60 ans.

L’exemple du Répu­bli­cain Lorrain

On n’en parle peu mais le Cré­dit Mutuel ne veut pas uni­que­ment fer­mer l’imprimerie mul­hou­sienne, il envi­sage de faire la même chose avec celle du Répu­bli­cain Lor­rain à Metz. Toute la pro­duc­tion du jour­nal mosel­lan se ferait à Nan­cy sur les presses de l’Est Républicain…

Le Cré­dit Mutuel dévoile ses cartes pour impo­ser la fer­me­ture qui bien évi­dem­ment est un trau­ma­tisme pour les sala­riés. Il faut savoir que les emplois d’une impri­me­rie sont très spé­ci­fiques : un impri­meur-rota­ti­viste comme tout le per­son­nel autour de la rota­tive, sont sou­vent des ouvriers très qua­li­fiés et très spé­ci­fiques. Perdre son emploi équi­vaut donc à subir une vraie galère pour retrou­ver de l’emploi… et le « géné­reux » chèque du Cré­dit Mutuel s’évapore très rapidement.

Des luttes emblé­ma­tiques pour l’emploi dans le pas­sé ont fixé des cadres pour l’établissement d’un plan dit « social » pour virer le per­son­nel. Entre autres mesures, il faut que la direc­tion pro­pose des reclassements.

C’est ce que le Cré­dit Mutuel vient de faire à Metz et les ouvriers sont tom­bés de haut.

Voi­là ce qu’en pense le Comi­té d’entreprise du jour­nal mosel­lan : «  Dans le cadre de la négo­cia­tion ouverte sur le pro­jet de « plan de sau­ve­garde de l’emploi » pro­vo­qué par la déci­sion de sup­pri­mer l’imprimerie, la Direc­tion avait trans­mis, la veille, une liste de postes à pour­voir dans le Pôle Presse du Cré­dit Mutuel… soit six postes d’assistantes com­mer­ciales (sic) ou d’assistantes de rédac­tion ! Deux autres listes, trans­mises pré­ci­pi­tam­ment mar­di matin, ne se sont pas révé­lées plus per­ti­nentes que la première. »

Et on apprend que des pro­po­si­tions aus­si fan­tai­sistes que « direc­teur d’une agence du CIC dans le Sud-Ouest » auraient été rajou­tées… En outre, les salaires sont en géné­ral divi­sés par deux dans les offres proposées.

Se conduire ain­si pour une banque qui s’affirme mutua­liste (et qui l’est dans la tête de la plu­part des socié­taires et des ani­ma­teurs locaux des caisses) c’est mon­tré son vrai visage. La haute direc­tion du Cré­dit Mutuel se com­porte comme tout le patro­nat, pire pour­rait-on dire, puisqu’elle avance mas­qué se dra­pant de la res­pec­ta­bi­li­té mutualiste.

Pour Mul­house, pas d’autres choix : se battre pour main­te­nir l’imprimerie

Les sala­riés mul­hou­siens sont donc aver­tis : n’attendez pas des reclas­se­ments qui vous per­mettent de voguer vers la retraite ! Ils en sont conscients et mesure la dif­fi­cul­té de lut­ter contre un des lea­ders ban­caires euro­péens aux moyens infi­nis et qui ne s’embarrasse pas de mora­li­té quant à la manière d’arriver à ses fins.

La défense de l’imprimerie c’est en fait défendre l’existence d’un quo­ti­dien pour la moyenne et haute Alsace qui risque de dis­pa­raître à brève échéance : d’où l’importance d’alerter élus et popu­la­tions sur ce qui les attend et dont ils sont, pour la plu­part, bien conscients. Ose­ront-ils affron­ter le Cré­dit Mutuel ? Un dépu­té comme Oli­vier Becht ne s’est pas rete­nu pour envoyer une lettre bien sen­tie à M. Théry.

La fer­me­ture de l’imprimerie n’est pas encore acquise pour le Cré­dit Mutuel. La moyenne et haute Alsace a besoin d’un quo­ti­dien demain… Et si le Cré­dit Mutuel en a déci­dé autre­ment, il n’est pas le seul à pou­voir édi­ter un journal.

Pour appuyer les sala­riés défen­dant leur emploi, leur outil de tra­vail et notre jour­nal, signez la péti­tion sur

http://petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2017N49830

Michel Mul­ler