Notre ami et col­la­bo­ra­teur est décé­dé du covid19, le jeu­di 26 mars

André Bar­noin, une huma­ni­té à fleur de peau…

Dédé fut par­mi les pre­miers à par­ti­ci­per à l’aventure de L’Alterpresse68 il y a plus de cinq ans main­te­nant. André Bar­noin, empor­té par la mala­die jeu­di 26 mars, laisse un vide incom­men­su­rable dans notre équipe de rédaction.

Enga­gé dans de nom­breuses acti­vi­tés au ser­vice des plus humbles, ani­ma­teur infa­ti­gable du Mou­ve­ment des Chô­meurs et Pré­caires, impli­qué dans moultes asso­cia­tions de lutte pour la digni­té, pour le loge­ment, pour l’emploi…, il fut aus­si un talen­tueux des­si­na­teur. C’est à ce titre qu’il par­ti­ci­pait à notre jour­nal en plus de toutes ses acti­vi­tés par ailleurs. Dont voi­ci encore un exemple. 

Doué éga­le­ment d’une plume qui savait aga­cer, il rédi­geait un « blog » dans lequel toute sa révolte contre l’injustice s’exprimait d’une manière franche et directe. Chez Dédé, les res­pon­sables avaient un nom, leurs actes avaient les qua­li­fi­ca­tifs qui était nécessaire.

La place que Dédé laisse ne pour­ra pas être occu­pée. Notre jour­nal est en deuil et nos pen­sées vont évi­dem­ment à sa famille à laquelle nous expri­mons toutes nos condo­léances et à l’ensemble des asso­cia­tions qui se sentent aujourd’hui orphe­lines d’un mili­tants au ser­vice des plus humbles qui méri­taient aus­si, selon André Bar­noin, une part de bonheur.

L’Alterpresse68

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Témoi­gnage de Daniel Murin­ger, musi­cien, com­po­si­teur, arran­geur et membre du groupe Géranium:

La mort char­riée par l’épidémie en cours a fini par frap­per un visage fami­lier. Il fal­lait que ça tombe sur Dédé ; le sen­ti­ment d’injustice n’en est que plus vif, bien qu’il soit absurde de pen­ser qu’une mort soit plus ou moins juste qu’une autre. 

André BARNOIN (Dédé) tra­vaillait aux PTT (deve­nu France Télé­com) et pra­ti­quait le des­sin “humeu­ris­tique” plu­tôt qu’humoristique. Ma pre­mière ren­contre avec lui s’est faite au tra­vers de ses des­sins, dans les albums qu’il avait publiés avec deux com­plices (Veesse et Lèbre), dont le pre­mier, “il y a trop d’étrangers dans le monde”, qui avait repris le bon mot de Pierre Desproges. 

Dédé était un cama­rade de la CGT, mais il était sur­tout enga­gé, par­ti­cu­liè­re­ment depuis qu’il avait pris sa retraite, dans le MNCP (Mou­ve­ment natio­nal des chô­meurs et pré­caires). Et avec quelle fougue et déter­mi­na­tion ! D’une antenne Pôle Emploi  à l’autre en pas­sant par le Conseil dépar­te­men­tal, il trim­ba­lait inlas­sa­ble­ment sa colère face au sort réser­vé aux plus faibles et aux plus mal lotis de notre socié­té. Il avait le verbe haut et fleu­ri, y com­pris dans ses nom­breux billets et des­sins, et il n’en oubliait pas pour autant l’action de terrain. 

Il m’avait dit à deux ou trois reprises qu’il n’avait pas ima­gi­né, lorsqu’il avait choi­si ce com­bat, qu’il le mène­rait encore bien des années après : pour lui, les injus­tices qu’il dénon­çait étaient si fla­grantes qu’elles ne pou­vaient pas per­du­rer au-delà de quelques mois. Puis il prit la mesure de la noir­ceur de notre socié­té et se ren­dit à l’évidence que ces injus­tices, loin de se réduire, ne fai­saient que s’amplifier.   Nous ne pour­rons pas te saluer une der­nière fois, en tout cas pas main­te­nant. Ce sera pour plus tard. Là, nous aurions été des cen­taines et ça ne se fait pas par le temps qu’il fait. 

S’il y a trop d’étrangers dans le monde, c’est parce qu’il n’y a juste pas assez de “Dédés” pour le changer.