Au Pax de Mulhouse ce dimanche 6 avait lieu une journée d’information et de mobilisation préparatoire à la journée internationale des femmes du 8 mars, qui trouve son origine dans les luttes ouvrières et le combat des suffragettes du début du XXe siècle et officialisée par le Nations Unies en 1 977.
Quelle originalité a cette mobilisation où plus de 200 personnes ont partagé discours militants, plats et pâtisseries typiques, musiques et chants, dans une ambiance bon enfant et familiale ?
La manifestation était organisée par des femmes appartenant à plusieurs organisations nationales ou locales : Mouvement des femmes kurde (Jin Jiyan Azadi), Mouvement démocratique des femmes en Europe (ADKH), nouvelles femmes (Yeni Kadin), Femmes alévies, Femmes socialistes (SYKP) avec la présence d’invitées représentantes du Parti communiste français, de la Ligue des Droits de l’Homme, du NPA, du Planning familial.
Hormis les représentantes des organisations invitées toutes les femmes intervenaient en langue turque.
Les intervenantes se sont succédées pour dénoncer toutes les formes de violences faites aux femmes: violences conjugales et mariages forcés, viol et violence sexiste, refus du droit à l’avortement, contraintes économiques et location de leur ventre dans la gestation pour autrui, refus parfois devant des tribunaux ou des officiers de police de prendre leurs plaintes en considération, violences faites aux femmes réfugiées et à leurs enfants morts en fuyant des guerres pour trouver une Europe qui ne veut pas d’elles (ni de leurs compagnons…).
Mais aussi pour que les femmes au travail acquièrent des droits égaux à ceux des hommes, pour leur retraite, leurs salaires, pour dénoncer la double journée professionnelle et domestique, pour condamner un libéralisme qui menace leurs droits de travailleuses (comme pour leurs compagnons…).
Mais également pour constater l’importance des protections légales, des conventions internationales, des réseaux et structures de conseil et d’assistance parfois menacées dans leur existence, notamment les Centres d’interruption volontaires de grossesse.
Sur la scène le chant du Mouvement de libération de la femme (MLF), né dans les années 70, était entonné par des femmes kurdes en costume traditionnel, mêlées à des membres du Planning familial et du NPA, et à des hommes. Un drapeau rouge était tenu par l’une d’entre elles.
Exagération dans la dénonciation ?
Un récent sondage national, dont les médias se sont largement fait l’écho, a vérifié le caractère sexiste de notre opinion publique aux idées reçues bien ancrées : ici, en France, les réponses majoritaires ou simplement significatives telles que « le viol est souvent le résultat d’attitudes « provocantes », les hommes « ont une sexualité plus simple que celle des femmes », les femmes « peuvent prendre du plaisir à être forcées », « le « non » des femmes veut dire « oui », attestent d’une société où des idées reçues que l’on croyait d’avant – hier perdurent..…
Quelques fortes déclarations entendues : «l’Homme et la Femme c’est l’Humanité », «La Femme, la Vie, la Liberté », «tout le monde est expert de sa propre vie mais les femmes ont des besoins particuliers et ont besoin d’informations particulières », « pour que vive la solidarité internationale des femmes, pour que les femmes esclaves d’hier soient les égales de l’Homme demain » et une citation de Rosa Luxembourg « les femmes ne sont pas là pour être dominées ».
Et sur l’écran en fond de salle ont passé en boucle tout au long de la journée des images de femmes kurdes armées engagées à Kobané dans les combats contre E.I (Daech), emblèmes de la libération de la femme pour une bonne partie de la salle. Images de guerrières, images de modèles…
Et si loin des discours « bobos »,
Si loin de certains textes des trois religions du Livre dont la phrase terrible « Que les femmes se taisent dans les assemblées. Il ne leur est pas permis de parler, mais qu’elles soient soumises comme dit la Loi ».
Et si loin des paroles d’un couplet de l’hymne des femmes chantées par les militantes du MLF :
«Le temps de la colère, les femmes,
Notre temps est arrivé,
Connaissons notre force, les femmes,
Découvrons- nous des milliers ! »
Dès l’an prochain d’autres associations encore et des organisations représentant d’autres cultures, d’autres pays, devraient être invitées.
Les femmes n’ont pas décidé de se taire, leur combat pour l’égalité est celui de tous ; il prendra bien des formes.
Christian Rubechi