Contrairement à ce que prétend une campagne de désinformation tenace, les cheminots en grève perdent bien leur salaire. La campagne qu’ils sont en train de mener n’a pas pour but de défendre leur « statut », mais pour la qualité du transport ferroviaire et pour que le « client » si cher à la direction de la SNCF, redevienne une « usager » qui a droit à des transports de qualité sur l’ensemble du territoire.
Leur lutte est d’importance : si les cheminots étaient vaincus, M. Macron considèrerait cela comme la porte ouverte à la remise en cause de l’ensemble du modèle social de notre pays, un laissez-passer pour instaurer une société éclatée socialement où l’individualisme triomphera. Il s’agit donc d’une lutte qui dépasse leur propre cadre : les cheminots méritent plus qu’une sympathie
Ils vont être l’objet de campagne de dénigrement intense mobilisant tout les médias au service du pouvoir. Les instituts de sondage vont multiplier des publications pour faire état d’une impopularité de la grève. Les cheminots et leurs organisations devront mener une vaste campagne d’information, de discussion, de débat avec la population pour déjouer la désinformation en marche. Des médias indépendants seront à leurs côtés mais leurs diffusions est sans aucune commune mesure avec les moyens d’une télévision privée et publique entièrement à la dévotion du pouvoir ou les groupes de presse détenus par une dizaine de milliardaires.
Un de ces médias, Médiapart, a publié un appel pour aider financièrement les cheminots à tenir pour que cette mobilisation si importante pour l’avenir de tous les Français puisse aller jusqu’au bout : le retrait d’un projet de loi inacceptable et l’ouverture des négociations pour une réforme du transport ferroviaire au service des citoyens et du pays. L’Alterpresse publie cette tribune signée par des personnalités et appelle à contribuer à cette cagnotte, car nous aussi…
Nous avons de la sympathie pour les cheminots grévistes !
Ils défendent un de nos biens communs, une entreprise de service public que le gouvernement cherche à transformer en « société anonyme ».
À ce jour, la ministre des transports n’a pas ouvert de négociations. Le pouvoir engage un bras de fer. Nous nous souvenons des grèves de 1995 et 1968 durant lesquelles les cheminots avaient arrêté le travail. La solidarité entre voisins et collègues mit en échec le calcul gouvernemental de dresser les usagers contre la grève.
Chacun comprend que les journées de grève coûtent et que pour le succès de leurs revendications, il importe que le mouvement puisse durer. Nous soutiendrons financièrement les cheminots :
https://www.leetchi.com/fr/Cagnotte/31978353/a8a95db7
Les signataires :
Arié Alimi, avocat, Armelle Andro, démographe, Étienne Balibar, philosophe, Laurent Binet, romancier, Geneviève Brisac, écrivaine, Michel Broué, mathématicien, Dominique Cabrera, cinéaste, Antoine Comte, avocat, Philippe Corcuff, politiste, Alexis Cukier, philosophe, Didier Daeninckx, romancier, Leyla Dakhli, historienne, Annie Ernaux, écrivaine, Geneviève Fraisse, philosophe, Robert Guédiguian, réalisateur, Nedim Gürsel, écrivain, Christophe Honoré, réalisateur, écrivain, Martine Kaluszynski, historienne et politiste, Leslie Kaplan, écrivaine, Luc Lang, écrivain, Robert Linhart, écrivain, Gérard Mordillat, romancier, cinéaste, Toni Negri, philosophe, Jenny Plocki, institutrice retraitée, Patrick Raynal, romancier, Emmanuel Renault, philosophe, Judith Revel, philosophe, Christian Salmon, écrivain et chercheur, Jean-Marc Salmon, chercheur, Bernard Stiegler, philosophe, Dominique Tricaud, avocat, Jean-Claude Zancarini, professeur émérite, ENS Lyon.