Dans l’ombre de la peur : Le big data et nous

Michaël Kel­ler et Josh Neufeld

Cette bande des­si­née se déroule comme un docu­men­taire : deux per­son­nages, Josh, le des­si­na­teur moyen­ne­ment aver­ti, et Michael, le jour­na­liste spé­cia­li­sé dans les médias. Au cours de leur périple et de leurs réflexions, ils vont ren­con­trer plu­sieurs spé­cia­listes et mettre en lumière l’im­por­tance de la pro­tec­tion des don­nées numériques.

Si vous cher­chiez des argu­ments et des exemples per­ti­nents pour convaince, cet album est fait pour vous ! Ce n’est pas tou­jours très clair mais il en res­sort tout de même plu­sieurs idées inté­res­santes, notam­ment sur la pres­sion sociale à adhé­rer aux nou­velles tech­no­lo­gies ou encore sur la créa­tion de pro­fils-types à par­tir de toutes les don­nées. L’u­ti­li­sa­tion des don­nées numé­riques sur notre vie sont déjà visibles lors­qu’on est sur Face­book. Si j’aime cer­taines publi­ca­tions, elles revien­dront plus nom­breuses. Si je vais sur des sites éco­los, je me retrouve avec de la pub pour telle ou telle marque soi-disant éco­lo. Si j’in­dique quelque part que je suis une femme de 30 ans, bon­jour les articles sur la maternité !

Ce qui manque tout de même, c’est l’as­pect pol­luant du sto­ckage des don­nées, notam­ment avec le refroi­dis­se­ment des ser­veurs et l’ap­pa­rente gra­tui­té du net.

 

 

DMZ (plu­sieurs volumes, en cours)

Brain Wood et Ric­car­do Burchielli

Dans une Amé­rique dys­to­pique, les Etats-Unis sont en proie à une guerre civile oppo­sant les états libres, pré­sen­tés comme un sou­lè­ve­ment d’ex­trême-droite et ce qu’il reste des Etats-Unis. Au cœur du conflit, New-York et plus pré­ci­sé­ment Man­hat­tan, où aucun des deux camps n’est par­ve­nu à s’im­po­ser. C’est la zone démi­li­ta­ri­sée, la DMZ.

Nous sui­vons Mat­thew Roth, sta­giaire pour Liber­ty News, une chaîne d’in­for­ma­tion qui sou­tient acti­ve­ment les Etats-Unis, et son périple dans Man­hat­tan. Aban­don­né par ses supé­rieurs, iso­lé alors que les tirs fusent, il va décou­vrir la vie des habitant.e.s au-delà des images dif­fu­sées par les médias.

La série n’est pas encore ter­mi­née mais chaque bande des­si­née peut se lire plus ou moins indé­pen­dam­ment (com­men­cez tout de même avec le tome 1 his­toire de sai­sir les enjeux). Mani­pu­la­tions poli­tiques, vio­lence mili­taire et cri­tique du sys­tème capi­ta­liste sont au pro­gramme pour une série qui pro­pose un autre regard sur la guerre et sur ses habitant.e.s, fai­sant la part belle aux petites lâche­tés et au cou­rage quo­ti­dien dans le grand jeu de l’his­toire. Les per­son­nages secon­daires sont bien écrits et assez com­plexes pour être réa­listes et attachants.

Et comme le sou­ligne l’au­teur, toute res­sem­blance avec une his­toire réelle n’est pas une coïn­ci­dence, main­te­nant, à vous de trou­ver laquelle !

 

 

L’af­faire des affaires (4 volumes)

Denis Robert et Laurent Astier

Le jour­na­liste Denis Robert, ancien de Libé­ra­tion, retrouve un peu de tran­qui­li­té à Metz où il s’ins­talle avec sa famille. Un jour, un de ses contacts le met sur la piste de Clears­tream, la banque des banque. Com­mence alors pour le jour­na­liste une pre­mière enquête (tomes 1 et 2) pour dénon­cer l’af­faire Clears­tream et la pos­si­bi­li­té de blan­chi­ment d’argent mas­sif par la l’en­tre­prise. Cette pre­mière par­tie est assez inté­res­sante pour com­prendre le fonc­tion­ne­ment de Clears­tream et autant vous dire que ce n’est pas évident. De même, il met en avant le pré­sident actuel de la com­mis­sion euro­péenne, Jean-Claude Jun­cker, dans son rôle de pre­mier ministre du Luxem­bourg. Aujourd’­hui comme hier, aucune sur­prise à le voir défendre l’exis­tence des para­dis fis­caux ! Beau­coup de jour­na­listes sont mon­trés du doigt comme étant des sujets loyaux du sys­tème, notam­ment un cer­tain Edwy Ple­nel alors qu’il tra­vaillait encore au Monde jus­qu’en 2005.

La deuxième par­tie res­semble plus à un roman d’es­pion­nage et remet en pers­pec­tive, du point de vue de l’au­teur, le dérou­le­ment de Clears­tream 2 avec les faux docu­ments sen­sés mon­trer du doigt Nico­las Sar­ko­zy et d’autres figures emblé­ma­tiques du monde poli­tique et éco­no­mique fran­çais. Ce que le jour­na­liste sou­ligne au final, c’est que, mal­heu­reu­se­ment, l’af­faire Clears­tream 2 va tota­le­ment éclip­ser la pre­mière affaire pour­tant encore tel­le­ment actuelle !

 

Cécile Ger­main