Pour quoi et pour­quoi aller voter les 22 et 29 mars pro­chains ? Per­sonne n’est réel­le­ment en capa­ci­té de dire exac­te­ment quelles seront les com­pé­tences dévo­lues aux dépar­te­ments dont l’existence même est en cause…

Aucun débat sérieux n’est orga­ni­sé pour don­ner un éclai­rage sur les enjeux. Les pro­fes­sions de foi publiées dans la presse ne donnent, et pour cause, aucun élé­ment pour com­prendre les enjeux de cette réforme.

Il y a donc fort à parier que ces élec­tions seront avant tout, pour les élec­teurs, le moyen de sanc­tion­ner d’une part le gou­ver­ne­ment et le par­ti qui le sou­tient, et d’autre part une oppo­si­tion de droite inca­pable de pro­po­ser une alter­na­tive crédible…
Au lieu du débat espé­ré, nous assis­tons à une pro­mo­tion éhon­tée de l’extrême-droite : pas un jour sans un son­dage annon­çant le Front Natio­nal comme le « pre­mier par­ti de France »… Ce serait lui la seule oppo­si­tion au libé­ra­lisme ou au social-libé­ra­lisme. Alors vous n’avez pas le choix : voter pour le par­ti gou­ver­ne­men­tal ou bien abs­te­nez-vous. Voi­là en somme le mes­sage adres­sé aux élec­teurs. Qui peuvent se dire « élec­tions, piège à cons ».
Car le pre­mier par­ti de France, c’est l’abstention qui ne cesse de pro­gres­ser d’élections en élec­tions… Ain­si, le Front Natio­nal gagne en pour­cen­tage sans pour autant avoir des élec­teurs en plus comme cela a été démon­tré lors des élec­tions euro­péennes. Notre forme de démo­cra­tie délé­ga­taire n’est plus cré­dible et est mori­bonde car de plus en plus de citoyens pensent qu’il ne sert à rien de voter.
L’Alterpresse68 sou­haite abor­der dans un futur proche, la ques­tion sur les nou­velles formes de démo­cra­tie pos­sible et sou­hai­table qui donne au citoyen véri­ta­ble­ment des pouvoirs.
Pour l’heure, l’action des dépar­te­ments, cen­trée essen­tiel­le­ment sur des mesures sociales, per­met de limi­ter quelque peu les trop grosses injus­tices. Mais cela ne dure­ra pas car les dépar­te­ments sont exsangues, l’Etat rédui­sant sys­té­ma­ti­que­ment les dota­tions bud­gé­taires tout en trans­fé­rant ses charges, et cer­tains d’entre eux, comme le Haut-Rhin, sont minés par les emprunts toxiques qu’ils ont contractés.

Ce sont 72 mil­liards d’euros que gère l’ensemble des dépar­te­ments au ser­vice du bien com­mun ins­crits dans des bud­gets encore acces­sibles et com­pré­hen­sibles aux citoyens. Et plu­tôt que de les rayer de la carte en construi­sant des méga-régions tech­no­struc­tures qui seront très loin des popu­la­tions, ne fau­drait-il pas en faire des lieux de la démo­cra­tie locale à laquelle aspirent de plus en plus les citoyens.

Les ques­tions que nous aime­rions posées aux can­di­dats sont de cet ordre : com­ment allez-vous conti­nuer à mener vos acti­vi­tés alors que vos bud­gets sont gre­vés par la dette, les emprunts toxiques, le recul des dota­tions de l’Etat ? Com­ment allez vous pré­ser­ver les acquits des Alsa­ciens au sein de la future grande région, par exemple le droit local, le déve­lop­pe­ment du bilin­guisme et des langues alsa­ciennes ? Com­ment pen­sez-vous déve­lop­per la démo­cra­tie locale dans la future struc­ture dépar­te­men­tale dont le rôle et le fonc­tion­ne­ment reste à définir ?

Nous sommes prêts, à L’Alterpresse à don­ner les réponses que les can­di­dats vou­dront bien nous four­nir. Pour ten­ter de réveiller l’intérêt pour une élec­tion dont l’abstention risque d’être le piège à con.

Michel MULLER