Preuve que L’Alterpresse68 com­mence à être connue et à ins­pi­rer confiance ? En tout cas, nous avons pu obte­nir quelques ren­sei­gne­ments sur un pro­jet de pro­to­cole qui devrait être exa­mi­né lors du conseil muni­ci­pal du 29 juin 2015.

Les infor­ma­tions concernent un emprunt toxique de la dette publique de la Ville de Mul­house évo­qué dans le « pro­jet de déli­bé­ra­tion n° 469 ». Ces infor­ma­tions nous ont paru suf­fi­sam­ment impor­tantes et fiables pour que nous en fas­sions état sous forme d’un tract/interpellation, dis­tri­bué à l’en­trée de la salle du conseil muni­ci­pal le 29 juin 2015 et simul­ta­né­ment mis en ligne sur le site de L’Alterpresse68.

A prio­ri incroyable

Nous espé­rons que nous en sau­rons bien­tôt plus sur les véri­tables inten­tions du maire et de son adjoint aux finances qui sou­hai­te­raient sou­mettre à l’ap­pro­ba­tion du conseil muni­ci­pal un pro­jet de pro­to­cole avec la SFIL (ex Dexia), visant appa­rem­ment à rené­go­cier un pro­duit par­ti­cu­liè­re­ment « toxique ».

A prio­ri, c’est incroyable, puis­qu’il s’a­gi­rait d’of­frir une somme de 14 mil­lions d’eu­ros à un orga­nisme finan­cier (lequel ? S’a­git-il de la SFIL ou d’une banque de contre­par­tie comme la banque Bar­clays qui figu­rait dans la liste issue d’un lis­ting Dexia qui a « fui­té » en 2009 ?). Ce cadeau de 14 mil­lions d’€ serait fait au titre de l’  « IRA » : Indem­ni­té de Rembour­se­ment Anti­ci­pé d’un « CRD » (Capi­tal Restant Dû) de 10 mil­lions d’€. On paie­rait donc immé­dia­te­ment 24 mil­lions pour rem­bour­ser 10 mil­lions ! Il est vrai qu’en matière de dette publique, et sin­gu­liè­re­ment de dettes toxiques, les finan­ciers ont déjà fait pire !…

Il est vrai aus­si que la Ville a déjà payé sans rechi­gner – pro­ba­ble­ment pour ce fameux toxique SFIL-ex-Dexia – 1,581 mil­lion d’€ d’in­té­rêts en 2014 pour un capi­tal rem­bour­sé de 0,727 mil­lion d’€. Dans un docu­ment en ligne sur le site de la mai­rie (le bud­get pri­mi­tif 2015 de la Ville de Mul­house) on découvre que pour le même toxique, les inté­rêts exi­gés en 2015 dépas­se­ront sans doute 2,398 mil­lions d’€, soit un taux d’in­té­rêt qui tourne autour de 25% !

Ain­si, en pleine « aus­té­ri­té » impo­sée à nos conci­toyens, le Maire et son Adjoint aux finances n’au­raient pas mieux à faire qu’in­dem­ni­ser des ban­quiers voyous ? Pour les récom­pen­ser d’a­voir réus­si à les ber­ner il y a quelques années en leur fai­sant sous­crire des emprunts toxiques ?! Ose­ront-ils expli­quer cela aux Mul­hou­siens qui doivent, comme d’autres, consen­tir des sacri­fices parce que nous tra­ver­se­rions une grave « crise » économique ?!

Une dette bien « maîtrisée » ?

Mul­house n’a pas de mil­lions en réserve. Si les coffres des banques sont pleins, les caisses de la ville sont vides. Pire : le mon­tant total des dettes s’est consi­dé­ra­ble­ment accru ces der­nières années. Mal­gré cela – si nous avons bien com­pris – la Ville s’ap­prête encore à emprun­ter. Non seule­ment pour finan­cer le rem­bour­se­ment de cette dette SFIL de 10 mil­lions (ce qui pour­rait se com­prendre) mais éga­le­ment pour finan­cer ce cadeau « IRA » de 14 mil­lions, et aus­si pour faire d’autres cadeaux, sous forme d’in­té­rêts cette fois, et ce, durant presque 20 ans, puisque, dans l’o­pé­ra­tion envi­sa­gée, pour satis­faire une exi­gence de la banque, il est ques­tion de sous­crire, en plus, un emprunt de 30 mil­lions d’eu­ros rem­bour­sable en 20 ans.

Il est vrai que ces 30 mil­lions pour­raient aus­si ser­vir à rem­bour­ser d’autres emprunts, plus anciens, qui arrivent à échéance. Ces opé­ra­tions contra­dic­toires (appa­rem­ment lou­foques, mais hélas obli­ga­toires quand on se résigne à accep­ter le sys­tème) n’empêchent pas les élus, lors­qu’ils com­mu­niquent sur leurs bilans, d’af­fir­mer que la dette publique de Mul­house est « maî­tri­sée » !…

Une dette si bien « maî­tri­sée » qu’ils envi­sagent de sous­crire au total un emprunt de 10 + 14 + 30 = 54 mil­lions d’eu­ros !!!???

Mon­sieur le maire, Mon­sieur l’ad­joint aux finances, ras­su­rez-nous, vous n’a­vez pas à ce point per­du le sens de la mesure et de l’in­té­rêt géné­ral ?! Nous osons espé­rer, qu’au fond de vous-même, quand vous avez une pen­sée com­pa­tis­sante pour vos conci­toyens, vous vous dites que ces dettes ne seront jamais remboursées !…

Vous avez déjà prou­vé que vous pou­vez avoir une pen­sée com­pa­tis­sante pour vos conci­toyens, puisque vous aviez pris la peine, il y a deux ans, d’as­si­gner la SFIL devant le Tri­bu­nal de Grande Ins­tance de Nan­terre pour contes­ter la vali­di­té juri­dique de ce contrat toxique. Jus­qu’i­ci, vous n’a­vez guère com­mu­ni­qué là-des­sus. Pour­quoi ? C’é­tait pour­tant une bonne ini­tia­tive ! C’est dans cette voie-là qu’il faut pour­suivre au lieu de céder au chan­tage de la finance et aux sirènes gou­ver­ne­men­tales qui pro­mettent quelques miettes tirées d’un maigre fonds de sou­tien ali­men­té par une baisse de dota­tion aux col­lec­ti­vi­tés locales… Vous pour­riez même suivre l’exemple de votre col­lègue, le maire de Châ­teau­neuf-les-Mar­tigues, qui lui aus­si a un toxique à gérer. Il a eu le cou­rage de contes­ter la léga­li­té de l’I­RA, en par­lant de « vol », et a pous­sé l’au­dace, lui, jus­qu’à ces­ser de rem­bour­ser cette dette…

Reje­tez ce pro­to­cole et ses clauses infâmes

Mon­trez, vous aus­si, un peu plus d’au­dace, Mes­sieurs ! Met­tez-vous une fois pour toutes du côté des Mul­hou­siens ! Reje­tez ce pro­to­cole et ses clauses infâmes. Si infâmes que leurs auteurs vou­draient qu’on les passe sous silence !

Car c’est un autre aspect appa­rem­ment invrai­sem­blable de ce pro­jet de pro­to­cole : une clause pré­voi­rait que les élus devraient s’en­ga­ger – nous citons – «à conser­ver (pen­dant 2 ans) le carac­tère stric­te­ment confi­den­tiel du pro­to­cole». Cela vou­drait-il dire que per­sonne ne devrait en par­ler au moment du débat, lors de son exa­men au conseil muni­ci­pal où la presse est pré­sente ?! Une clause, en effet, sti­pule – nous citons encore – « de ne pas com­mu­ni­quer dans les médias sur le pré­sent Pro­to­cole » ?!

C’est exac­te­ment le contraire qu’il faut faire, Mes­sieurs. Com­mu­ni­quez sur ce sujet ! Com­mu­ni­quez inten­sé­ment ! C’est urgent ! Cela mérite des confé­rences de presse, une infor­ma­tion détaillée et une sol­li­ci­ta­tion de tous les citoyens aux­quels il faut tou­jours don­ner la pos­si­bi­li­té de réagir quand des déci­sions scan­da­leuses se pro­filent. Pour­quoi ne pas réunir excep­tion­nel­le­ment, et sans tar­der, la « com­mis­sion des finances ouverte » en fai­sant appel à toutes les com­pé­tences et les bonnes volon­tés ? Et est-ce que toutes les clauses d’un tel pro­to­cole sont légales ?… Qu’en pense la Chambre Régio­nale des Comptes ?… Le Pré­fet les lais­se­ra-t-il pas­ser au contrôle de légalité ?…

La finance ronge notre éco­no­mie. Ne la lais­sons pas, en plus, user d’ar­ro­gance et de coer­ci­tion pour mettre en cause la démo­cra­tie, comme elle le fait en Grèce où les élus sont som­més de faire le contraire de ce pour­quoi ils ont été élus.

En « ter­ri­toire hau­te­ment citoyen », ce serait un comble, non ?

L’é­quipe de « L’Alterpresse68 », le 29 juin 2015

Texte mis en ligne ce lun­di 29 juin sur le site du jour­nal numé­rique « L’Alterpresse68 »

http://www.lalterpresse.info/

Pour tout contact : postmaster@lalterpresse.info

ou  : L’Alterpresse68 BP 12123 68060 MULHOUSE Cedex 2

Une ver­sion PDF est télé­char­geable ici pour dif­fu­sion large.

 

D’autres articles seront consa­crés à cette affaire (voir notre site).

Pour se faire une idée de l’é­tat des dettes locales vous pou­vez télé­char­ger en PDF :

Tableau réca­pi­tu­la­tif des dettes locales mis à jour le 29 mai 2015