La démission de M. Richert de la présidence du Grand-Est est un échec pour l’homme politique mais aussi pour toute la réforme territoriale qui ne convainc absolument personne ! Et ce sur tout le territoire français car les citoyens ont du mal à comprendre en quoi cette réforme est avantageuse pour eux ! M. Rottner, jadis (c’est-à-dire il y a quelques mois) était vend debout contre l’intégration de l’Alsace dans le Grand-Est allant jusqu’à faire signer 60.000 personnes sur une pétition pour soutenir son avis, a totalement changé d’avis et sera élu dans quelques jours calife à la place du calife. Mais bon, il ne confiera pas toutes les responsabilités de maire de Mulhouse à Mme Lutz, gardant une place au chaud… On n’est jamais trop prudent quand on gère une carrière… A quand un maire de Mulhouse qui aime sa ville et la gère en conséquence plutôt que de l’utiliser comme marche-pied pour ses ambitions personnelles…

Mais revenons à la Grande-Région, aussi appelée le Machin-Truc ou le Grand Bidule. La Cour des comptes est sévère avec la création de ces méga-structures. Dans son dernier rapport daté du 11 octobre, elle pointe « des risques importants de surcoûts durables de gestion” alors même que les économies sont encore difficilement estimables – mais largement utilisées comme argument par le précédent gouvernement.

 Hauts-de-France, Grand Est, Nouvelle Aquitaine, Occitanie… les Sages pointent plusieurs exemples de potentiels dérapages, conséquences du transfert de compétences aux régions et de leur fusion.

Ainsi, dans les Hauts-de-France, le seul renouvellement du pelliculage des TER coûte 30.000 euros par train, soit 10 millions d’euros au total. Une somme importante pour simplement redécorer les rames aux couleurs de la nouvelle région… On attend d’avoir le chiffrage du Grand Est dans lequel le réseau de transport est tellement efficace qu’il vaut mieux passer par Paris pour aller à Reims ou Troyes. Ne parlons pas de Châlons-en-Champagne…

Les élus alsaciens enfin clairs ?

A l’analyse de certaines déclarations ou conclusions de conférences, il semblerait que les élus alsaciens prennent conscience du rejet massif du Grand Est par la population alsacienne. Mais cette apparente unité transpartisane révèle en réalité de profondes divergences. Sortie ou non du Grand-Est ? Fusion des départements ? Transformer l’Alsace en… département (idée génialement stupide de M. Meyer, maire de Colmar) ? Un appel de cent personnalités alsaciennes recueille de nombreuses signatures tout en ne faisant pas l’unanimité dans ses propositions.

Une lettre ouverte de Bernard Stoessel

Bernard Stoessel, figure politique mulhousienne bien connue, ancien 1er Vice-président du conseil régional d’Alsace, président de l’association des élus pour la langue régionale, conseiller municipal de Mulhouse, médecin, a rédigé une lettre-ouverte à destination du président de la République, lettre co-signée par différentes personnalités politique alsaciennes.

Nous la publions bien volontiers ici :

 « Monsieur le Président de la République,

Votre projet politique semblait tel qu’il a été exposé durant les campagnes électorales présidentielle et législative répondre à la situation de notre pays et à l’intérêt collectif des citoyens: réalisme économique, économies budgétaires, simplification fiscale et administrative, adaptation du code du travail au développement des entreprises, augmentation des salaires réels et du pouvoir d’achat pour les plus faibles, soutien actif à la construction européenne, respect des engagements internationaux de la France.

Entre autres, les Alsaciens, appréciaient tout particulièrement, votre intérêt pour le partenariat avec l’Allemagne. En Alsace, l’allemand, première langue maternelle de l’Union européenne, est aussi enseigné en tant que langue régionale.

Un très grand nombre d’Alsaciens seraient pourtant bien plus sensibles à un Président et une majorité législative qui s’engageraient en toute transparence pour une évolution permettant à l’Alsace de retrouver son statut de région administrative. En effet, la dilution de l’ancienne Alsace dans une immense région dite Grand Est a été imposée sans le consentement des Alsaciens.

Durant votre campagne électorale vous n’avez pas  répondu aux très nombreux courriers individuels et collectifs, de citoyens, d’associations alsaciennes demandant un retrait de l’Alsace du Grand Est.

Une pétition demandant un référendum en vue du retrait de l’Alsace du Grand Est, ignorée et rejetée par le Préfet et l’actuel président du Grand Est, avait pourtant réuni en 2015 115 000 signatures d’électeurs soit près de 10% du corps électoral alsacien, un chiffre considérable jamais atteint auparavant, une première dans notre pays.

Un sondage de l’institut CSA d’avril 2017, publié dans les quotidiens alsaciens le 18 mai, a confirmé de façon spectaculaire ce  refus de plus en plus massif des Alsaciens de rester au sein du Grand Est.

En effet, ce rejet s’élève à présent à 84% de personnes qui ne se reconnaissent pas dans ce Grand Est. Une énorme majorité d’Alsaciens souhaite selon ce sondage non seulement le retour à une Région Alsace de plein exercice, forte de près de deux millions d’habitants, mais aussi le maintien des deux départements.

L’attachement des Alsaciens à leur identité, à leur histoire et à leur terre ancestrale va bien au-delà. En effet, le même sondage confirme que pour 61 % de la population cette nouvelle région Alsace doit prendre la forme institutionnelle d’une collectivité à statut particulier dotée des compétences permettant, au sein du cadre français, de la redynamiser et de pérenniser ses particularités linguistiques, culturelles et juridiques.

Notre courrier du 11 juin 2017 au Président de la République, dont copie jointe, signé par une trentaine de citoyens, est resté également sans réponse ni même accusé de réception de votre part. Ce n’est certainement pas ainsi que les Alsaciens, si respectueux des institutions par sens civique, méritent d’être traités. Le pacte girondin dont vous avez fait état leur semblerait au mieux une formule creuse, au pire de la poudre de perlimpinpin et du mépris.

Nous en appelons de nouveau à votre volonté affichée de déminage des problèmes de notre pays et espérons que vous permettrez à l’Alsace de se retirer du Grand Est et de reprendre toute sa place parmi les régions de France.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.

Bernard STOESSEL

Gérard CRONENBERGER,  maire honoraire d’Ingersheim, ancien président de l’association des élus pour la langue régionale d’Alsace et de Moselle germanophone et du Comité fédéral pour la langue et la culture régionales

Patrick KLEINCLAUS, ancien directeur territorial, responsable associatif

Monique MATTER, Présidente de la Fédération des langues régionales germaniques de France, ancienne professeure de collège, ancienne maire-adjointe de Marckolsheim

François SCHAFFNER, éditeur, ancien professeur de collège, responsable associatif

Jean-Jacques THUET, Ingénieur, Agriculteur, Responsable associatif, Retraité

Jean-Jacques WEBER, journaliste, ancien Président du Conseil Général du Haut-Rhin, ancien Maire, Député honoraire »

On peut lire que M. Stoessel avait déjà envoyé une lettre de ce type à M. Macron dès le 11 juin 2017… sans avoir obtenu de réponse. Il serait indécent qu’un président de la République continue de se comporter de telle façon… A vous lire, M. Macron !