Le « Deblog » de Dédé devient désormais une rubrique régulière dans L’Alterpresse. Sous un ton caustique et impertinent, illustré par un de ses dessins, Dédé nous fait part chaque semaine de son humeur et particulièrement tout ce qui l’irrite dans le fonctionnement si harmonieux de notre société… et notre pays!
“ FAKE NEWS TOI-MEME ! “
Décidément, nos Génies qui gouvernent le Monde ont un petit problème avec la réalité.
Bon, il y en a certains qui n’ont aucun souci avec ça, ils sont tellement géniaux que la réalité leur obéit comme un petit chien : le soleil se lève où et quand ils le décident, les lois de la physique ont intérêt à appliquer leurs décrets et les gens qui crèvent de faim sous leur géniale gouvernance, sont priés de croire qu’ils vivent dans l’opulence.
Il est vrai que ces Génies-là n’ont aucun journaliste pour les contredire : s’il y en a un qui l’ouvre, il est bouclé et rayé de la carte s’il est vraiment trop contrariant…
C’est à cela qu’on reconnaît la supériorité de leur Génie : le pays où ils exercent leurs bienfaits sur leurs heureux sujets est comme une propriété privée un peu sur la défensive: parsemée de pièges à loups et de fosses aux lions où aucun journaliste ne peut survivre plus d’une journée…C’est commode pour ne pas être amené à répondre à des questions stupides telles que : “Etes-vous un criminel contre l’Humanité ? “ qui peut vous donner des aigreurs d’estomac à l’heure de la digestion…Alors autant supprimer la cause du trouble en éradiquant cette espèce malfaisante : le journaliste d’investigation.
Ceci dit, le Génie de plein exercice souffre secrètement d’un mal qu’il lui est plus difficile de combattre : le manque de considération de ses collègues moins absolument géniaux, mais plus habiles à sauver les apparences de leur supériorité sur la plèbe dont ils ont obtenu la garde (par héritage, par force, par séduction ou par ruse, mais ceci est une autre histoire qui fera peut-être un jour l’objet d’un prochain déblog…)
Ces Génies éclairés sont passés maîtres dans l’art de faire semblant de se croire aimés en adoptant des journalistes domestiques qui, tout en imitant à la perfection le ton tranchant et l’air intransigeant de leurs congénères sauvages, se gardent bien de titiller les mollets de leur bienfaiteurs… A quoi sert de pisser sur les géniales godasses, si c’est pour être privés de carton d’invitation au Dîner du Siècle, et de badge donnant accès au chenil de l’avion présidentiel ?
Ainsi, Génies pur sucre et Génies demi-sel se regardent-ils en chiens de faïence : les uns ont besoin des autres, et les autres des uns, ne serait-ce que pour échanger quelques Airbus et deux ou trois centrales nucléaires, ou la recette du missile chercheur de zadiste athée et güléniste, en échange de quelques bidons de pétrole, d’une poignée de terre rare, de métaux du même métal et de sacs en croco de luxe en série limitée cousus à la chaîne dans des usines du trou du cul du monde dans ces pays de merde chers à Donald Trumpescu…Ils appellent ça du « bizness », et c’est génial pour soulager les maux de l’humanité, et seuls quelques tarés de journalistes persistent à ne pas s’en rendre compte…
Le problème avec les Génies qui gouvernent des pays qui ont eu le malheur de connaître un instant de bonheur entre la fin de la guerre mondiale et le début de la guerre sociale, ces trente putains d’années dites “glorieuses” qui malgré leurs tares incontestables, ont apporté la preuve que le progrès était possible pour tous sans que le Monde s’écroule dans le chaos indescriptible prédit par les gros pleins de soupe claquant des dents à l’idée qu’ils puissent un jour ne plus être les seuls à manger à leur faim, leur problème voyez-vous, c’est que la génération élevée au lait du progrès social a la mémoire longue et l’exigence tenace, et qu’elle sait parfaitement faire la différence entre des lois sociales et de grossières imitations programmées pour tomber dans l’obsolescence aussitôt séchée l’encre de l’accord capitulard…
Qu’ils tardent à mourir, ces baby-boomers certes pas meilleurs que les autres, mais qui ont connu toutes les félicités au sortir de la période la plus terrible dont l’Humanité a gardé la mémoire, donnant des idées perverses à d’autres peuples moins chanceux et tout aussi rêveurs… Quel peuple ne rêve pas de prospérité et d’avenir meilleur pour ses enfants ? A part quelques abrutis et quelques criminels qui ne demandent qu’à inciter leurs compatriotes à s’entretuer par-dessus les frontières ?
Pour ceux et celles qui ont grandi dans un monde où chaque année apportait son lot de progrès social, à force de lutte et de conscience de classe, il est difficile de faire avaler que le sens de l’Histoire a enclenché la « Marche arrière »… C’est un « fake news » géant qui n’a aucune chance de les abuser et le bruit assourdissant des coups de brosse à reluire des journalistes domestiques ne peut couvrir la petite musique de la résistance aux cons, aux lâches et aux gloutons… Ami, entends-tu…
Parce que, voyez-vous, il n’y a pas de fatalité, il n’y a que des fatalistes…
Il nous appartient à nous, qui savons faire la différence entre par exemple, Elise Lucet et Cyril Hanouna, d’en informer tous ceux et celles qui désespèrent de l’avenir car ils n’ont pas connu “les jours heureux”, pas toujours radieux, c’est vrai, mais quand même…
Qu’ils se taisent, ces chanceux de l’Histoire, ou fassent amende honorable comme autrefois dans les pays communistes ou tout au moins qu’ils arrêtent de toucher leur retraite de nababs comme s’ils avaient gagné au Loto avec en plus une santé de fer et un solide appétit pour les biens de ce monde, bienfaits trop méconnus de la médecine de prévention et des dispensaires gratuits et obligatoires, comme dans les Etats collectivistes…
C’est ici que nous voyons combien la réalité est agaçante pour tout Génie qui entend remettre les pendules à l’heure…Tenez, pour ne prendre que la France, pays que vous et moi connaissons bien, il y a en ce moment un maître des lieux en CDD qui n’est pas content du tout de la façon dont certains trublions professionnels répandent des « fake news » à longueur de médias malintentionnés et pour tout dire, mal informés…
D’après ces fabricants de fausses nouvelles, il y aurait dans le Calaisis des représentants de l’ordre qui se comporteraient comme des voyous sous emprise de stupéfiants, importunant les passants sous prétexte qu’ils seraient sans papiers et que par conséquent, ils n’auraient le droit ni de manger, ni de boire, ni de rester là, ni d’aller ailleurs, ni de dormir, ni de respirer…
Comment peut-on croire une chose pareille, dans le pays qui reçoit le Génie du Bosphore en grande pompe et qui va vendre des centrales nucléaires au Génie du Fleuve Jaune, des « Rafale » au Génie du Désert et qui ouvre grand la France aux Génies des Pépètes qui veulent y naturaliser leur compte en banque ?
Naturellement, Jupiter se doit de partir en guerre contre tous ces colporteurs de fausses nouvelles que sont, entre autres, le directeur de la Croix Rouge et le rédacteur en chef du Nouvel Obs, assortis d’une cohorte de folliculaires et de gourous associatifs tous plus délirants les uns que les autres… Il est vraiment urgent de mettre ses pas dans les pas du Génie à Quat’Pattes qui invente la réalité du jour en fonction de ses tweets de la veille…
Courage, Jupiter ! Quand tu auras tordu le cou aux « fake news » de Calais, il te restera à combattre le bobard le plus abominable et le plus éloigné de la vérité qui soit : celui qui tend à faire croire aux populations hébétées que tu serais le président des riches…
Et je pense qu’il te faudra plus d’une loi contre les « fake » et plus d’un quinquennat pour venir à bout de cette méprisable insinuation!
André Barnoin