Séquence révol­tante hier sur Canal+ dans l’émission L’Info du Vrai ani­mé par Yves Cal­vi. Que cet ani­ma­teur ait aban­don­né depuis long­temps sa fonc­tion de « jour­na­liste » peut aisé­ment se véri­fier comme tous les ani­ma­teurs d’émissions poli­tiques ou de jour­naux télé­vi­sées et radio­pho­niques, il se com­porte plus en mili­tant du pou­voir en place. Quitte à dif­fu­ser de fausses nouvelles…

Ven­dre­di donc, M. Cal­vi reçoit le rédac­teur en chef du Jour­nal du Dimanche, M. David Renaud d’Allonnes et le secré­taire géné­ral de la CGT, Phi­lippe Mar­ti­nez, doit inter­ve­nir lors de l’émission après la ren­contre des « par­te­naires sociaux » avec le Pré­sident de la République.

Phi­lippe Mar­ti­nez, confi­né dans son bureau, a dû mal à être connec­té et les deux com­pères en pla­teau com­mencent à atta­quer avec une vio­lence inouïe la CGT. Pour­quoi ? La CGT aurait appe­lé à une grève illi­mi­tée et recon­duc­tible dans les ser­vices publics.  Cal­vi, hor­ri­fié, « com­ment peut-on faire cela en cette période d’union sacrée ! », Renaud d’Allones : « comme la CGT est en perte de vitesse, elle tente par tous les moyens d’exister, c’est irres­pon­sable »… et ain­si de suite pen­dant cinq bonnes minutes.

Jusqu’à ce qu’apparaisse Phi­lippe Mar­ti­nez qui est d’abord inter­lo­qué par les affir­ma­tions des deux « jour­na­listes » et qui explique la réa­li­té de l’appel. Comme de nom­breux sala­riés de la fonc­tion publique ter­ri­to­riale sont envoyés au bou­lot sans aucune pro­tec­tion, mal­gré des demandes réité­rées depuis une dizaines de jours, les fonc­tion­naires exas­pé­rés veulent faire pres­sion sur les col­lec­ti­vi­tés locales pour qu’elles répondent favo­ra­ble­ment à leurs légi­times exigences.

Ce qui se fait dans de nom­breux éta­blis­se­ments du pri­vé, y com­pris avec l’utilisation de la grève en cas de blo­cage des direc­tions. Mais dans la fonc­tion publique, aucun sala­rié ne peut exer­cer son droit consti­tu­tion­nel de faire grève sans qu’il soit cou­vert par l’ap­pel d’un syn­di­cat et avec un pré­avis obli­ga­toire. Phi­lippe Mar­ti­nez explique clai­re­ment qu’il n’y a là aucun appel à une grève illi­mi­tée reconductible…

Les deux las­cars pris la main dans le sac à men­songes, s’en sortent en bafouillant que quand même ce n’est pas bien ce que fait la CGT, et bla bla bla…

Les pro­duc­tions jugées indispensables

Le secré­taire géné­ral de la CGT essaie alors d’é­vo­quer ce pour­quoi il était invi­té dans l’émission : la visio­con­fé­rence avec Emma­nuel Macron. Mal­gré les ten­ta­tives répé­tées de l’interrompre, Phi­lippe Mar­ti­nez réus­sit quand même a dénon­cé la contra­dic­tion qu’il y avait entre l’ap­pel « au confi­ne­ment total » et aux injonc­tions, entre autres de Mme Péni­caud, d’aller travailler.

Le syn­di­ca­liste admet qu’il y a des pro­duc­tions qui ne doivent pas s’interrompre, mais il dénonce le fait que le gou­ver­ne­ment refuse de les défi­nir. Et de citer l’exemple de l’Italie où en ce même ven­dre­di, le patro­nat et les syn­di­cats ont réus­si à se mettre d’accord sur les pro­duc­tions qui sont jugées indis­pen­sables pour la vie de leurs concitoyens.

Devant une prise de posi­tion poli­tique de M. Cal­vi : « Est-ce que dans cette période, il y a encore place pour les syn­di­cats et l’action syn­di­cale » ?! Réac­tion calme de Mar­ti­nez : oui, le temps syn­di­cal ne s’arrête pas, bien au contraire. Et de rap­pe­ler que le gou­ver­ne­ment est en train de chan­ger pro­fon­dé­ment le droit du tra­vail en obli­geant les sala­riés à tra­vailler… 60 heures par semaine ! Là où la CFDT trouve cela « outran­cier », la CGT parle de vrai scan­dale, car la mesure est pré­vue de durer jusqu’au… 31 décembre 2020.

Mais cela n’a aucun inté­rêt pour Cal­vi et Renaud d’Allonnes. Ils conti­nuent de vili­pen­der la CGT alors que Phi­lippe Mar­ti­nez lève un vrai lièvre : celui de la fer­me­ture de l’usine de pro­duc­tion de bou­teilles d’oxygène Lux­fer dans le Puy-de-Dôme…

Jusqu’en mai 2019, l’usine Lux­fer de Ger­zat fabri­quait ces bou­teilles d’oxygène médical,

Après avoir inves­ti plu­sieurs mil­lions d’eu­ros dans une usine « d’a­vant-garde » en 2015, et mal­gré un béné­fice net de 1,1 mil­lion d’eu­ros pour un chiffre d’af­faires de plus de 22 mil­lions d’eu­ros en 2018, le fonds de pen­sion US qui détient le fabri­cant de réser­voirs haute-pres­sion, de bou­teilles d’oxy­gène médi­cal et des appa­reils res­pi­ra­toires iso­lants pour les pom­piers, a pris la déci­sion de fer­mer son site de Ger­sat, dans le Puy-de-Dôme. Une usine qu’il avait rache­té en 2001 à Pechi­ney et qui avait été fon­dée en 1939 pour répondre à l’ef­fort de guerre – déjà.

Au regard de la crise sani­taire qui touche la France, les sala­riés et leur syn­di­cat CGT se mobi­lisent et demandent à l’État de main­te­nir sur le ter­ri­toire cette acti­vi­té stra­té­gique pour la san­té et la sécu­ri­té en ayant recours, notam­ment, à la natio­na­li­sa­tion. Ce que M. Phi­lippe avait envisagé… 

Sans aucune réponse jusqu’à pré­sent. M. Cal­vi a alors ces paroles que je vous laisse juger : « Bon, on va pas tout natio­na­li­ser, on a quand même besoin du privé ».

Com­ment disait-il déjà l’auteur à suc­cès : « Ils osent tout, c’est à cela qu’on les recon­naît ». Et Yves Cal­vi sera chef d’escadrille quand ils voleront…