MAJ 06/05: Ajout du protocole sanitaire relatif aux écoles maternelles et élémentaires.
Scolarité nébulo-gazeuse
La réouverture des écoles au 11 mai, au terme d’un confinement autoritaire, prend une tournure d’imbroglio inextricable, au moins aussi anxiogène que 8 semaines de séquestration, tant pour les parents que pour le personnel enseignant. Un comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail académique doit se tenir dès demain, afin de tenter d’apporter des réponses un peu plus substantielles à des professionnels qui naviguent en plein brouillard.
Aux premiers postes, les syndicats se trouvent en pleine expectative, et beaucoup de leurs délégués ne savent plus quoi répondre aux agents qui les sollicitent afin d’obtenir quelques informations complémentaires.
Du côté du SNUIPP-FSU68 (syndicat majoritaire dans le premier degré), on peste ouvertement. Contre les conditions de sécurité d’abord. Le 3 mai, avec un certain retard, les protocoles sanitaires des écoles, collèges et lycée sont annoncés. Les enseignants apprennent à cette occasion que les masques ne sont plus obligatoires pour enseigner mais le restent à l’entrée en classe. Et plus question d’une distribution de ces protections le 11 mai. D’autant que leur utilisation n’est plus obligatoire pour les élèves du second degré (collèges et lycées)…
En revanche, le ministère valide l’idée d’un espace de 4m² dédié pour chaque élève dans la salle de classe… sauf pour les élèves collés à un mur ou au mobilier. Une condition rendue nécessaire si l’on veut placer 16 personnes dans 50 m²…
Difficile de s’y retrouver, et les situations particulières ne reçoivent pas plus de réponses de la part de l’administration, selon les syndicalistes. Quid d’un enseignant présentant des symptômes ? Ceux dont un proche est exposé ? Comment intervenir auprès d’un enfant en gardant une distance de sécurité ? Etc.
La situation devient ubuesque dès lors qu’il s’agit de classes de maternelle, où le respect des gestes barrières relèvent littéralement de la comptine, tant les petits misent avant tout sur le langage non-verbal, développant un rapport tactile et sensitif avec leurs camarades, le maitre ou la maitresse, sans compter les objets et leurs diverses manipulations partagées.
De toute évidence, la reprise économique est l’idée matricielle à laquelle tout doit être assujetti. « Quoi qu’il en coute », car ainsi s’exprime la volonté du Prince élyséen. Y compris s’il s’agit de positionner les enseignants dans la fonction de préposés au gardiennage d’enfants, compte tenu le contexte sanitaire, le caractère limitatif de toute ambition pédagogique à quelques semaines de la fin d’année scolaire, et du « volontariat » parental, essentiellement fondé sur une appréciation volatile et subjective de leur part.
Valeurs confinées
Par ailleurs, les professeurs des écoles font ces derniers jours état de conflits de valeur grandissants avec leur hiérarchie, qui leur impose un calendrier serré et peu de concertations utiles et éclairantes.
Si le syndicat nous confirme une reprise des maternelles pour le mois de juin, le protocole d’appel des familles destiné à sonder la volonté des parents sur le retour en classe à Mulhouse, provoque des crises de bruxisme, tant il fait grincer des dents.
Les professeur des écoles se trouvent en effet placés au pied du mur, et sont tenus de faire remonter, en à peine 48 heures, l’essentiel des préférences parentales auprès de la DSDEN 68 (Direction des services départementaux de l’éducation nationale du Haut-Rhin), qualifiée de « méprisante » par nombre de syndicalistes, et à la Ville de Mulhouse, dont la maire, Michèle Lutz, a déjà fait savoir qu’elle ne devrait pas rouvrir les établissements scolaires avant au moins le 18 mai.
En conformité, sans doute, avec les réserves formulées par l’association des maires du Haut-Rhin, pour qui « Les conditions ne sont pas remplies », soutenue en cela par Brigitte Klinkert, présidente du Conseil départemental.
Le fait est que, d’après nos sources, la Ville de Mulhouse ne mettra pas même à disposition des professeurs une simple prophylaxie à base de gel hydroalcoolique. De sorte que ce sont les directeurs et directrices qui s’en chargeront personnellement ?
En conséquence, les choix erratiques du pouvoir politique et leur traduction administrative conduisent les enseignants à mentir aux parents, en leur assurant que tout est prévu et que les garanties sanitaires sont bonnes.
Et pour recenser les préférences parentales en matière de retour à l’école, c’est un formulaire électronique nominatif signé Google que l’administration utilise. Celui d’une multinationale avide dont tout le modèle économique repose sur la captation et l’exploitation de données personnelles. Alors même, nous assurent les syndicats, que la promotion des logiciels et systèmes libres est censément de mise à l’Éducation Nationale.
Le formulaire Google contient des renseignements familiaux personnels sur chaque enfant scolarisé dans une école mulhousienne. Et, selon l’instruction administrative destinée à l’enseignant, celui-ci est prié d’effectuer la saisie « comme s’il était à la place du parent » !
Comble de l’hypocrisie politico-administrative, une mention y précise que : « Pour éviter tout litige avec un parent réticent à l’usage d’une plateforme américaine de collecte de données, ce fichier ne doit pas être envoyé aux familles » (dernier segment de phrase en caractère rouge)…
Et la rentrée de l’Ecole de la confiance, c’est pour quand Monsieur Blanquer ?
Tout ce bordel pour un petite grippe dont plus de 3/4 des gens n auront jamais aucun symptômes
On a pu s’occuper des enfants du personnel soignant, pourquoi ne pas l’étendre à ceux dont les parents doivent reprendre le travail?
Et dans un premier temps les autres continuent l’école à la maison.
Est-il vraiment utile de polémiquer sur l’utilisation de Google-forms ? Le temps de mettre en place une plate-forme alternative nous serions en 2022 ! Ce genre de remarque est vraiment du niveau de cette tribune. Tout faire pour contribuer à désorganiser encore plus, rien de constructif.
Non, bien sûr. Il est simplement (et comme toujours) temps d’avaler des couleuvres d’autant plus énormes qu’il se trouve toujours des gens pour les ratifier au nom de l’urgence du moment, aussi artificielle soit-elle. Tout comme l’urgence sanitaire justifie pleinement la suspension des droits et libertés fondamentales, notamment celles relatives aux données et à leur traitement. D’autant qu’il n’y avait vraiment aucune autre solution que Google pour se prémunir de dangers éventuels à leur sujet. La preuve en est contenue dans l’aveu des responsables académiques, prenant soin de soustraire aux parents le droit de le savoir, et de s’en prémunir, et ce faisant, en obligeant les enseignants à mentir !