En dépit de l’in­ter­dic­tion can­to­nale, une mani­fes­ta­tion du 1er mai réunis­sant un mil­lier de per­sonnes s’est tenue à Bâle. Dans le cor­tège, très mar­qué poli­ti­que­ment, les par­ti­ci­pants défi­laient avec dra­peaux et ban­de­roles, en bran­dis­sant le slo­gan « vic­toire sur la police », et autres « lutte des classes, fémi­nisme et socia­lisme écologique ».

L’ap­pel à mani­fes­ter a été lan­cé par le par­ti de gauche Bas­tA (Basels starke Alter­na­tive, une alliance éco­lo­giste), tan­dis que les autres par­tis bâlois se sont abs­te­nus ou ont refu­sé de se joindre à la mani­fes­ta­tion.

La police en moto était pré­sente, mais n’est pas inter­ve­nue. Aux dires de nos confrères du Bas­ler Zei­tung qui sui­vaient le défi­lé, elle semble s’être ral­liée à une doc­trine d’é­vi­te­ment des esca­lades au sein des foules. D’au­tant que les banques UBS et Cré­dit suisse n’ont cette fois pas subis de vandalisme ! 

Les par­tis conser­va­teurs ont condam­né la mani­fes­ta­tion tenue en période de res­tric­tions sociales (bien plus libé­rales qu’en France). Ain­si le conseiller UDC (extrème droite) Joël Thü­ring, pui­sant dans une méta­phore car­na­va­lesque typi­que­ment bâloise, mais néan­moins peu sou­cieuse de rete­nue hél­vète, lequel décla­rait: « Une manif de la gauche orga­ni­sée mal­gré l’in­ter­dic­tion. Quand 3 per­sonnes au bord du Rhin ne res­pectent pas les dis­tances, on les rap­pelle à l’ordre ou sont ver­ba­li­sés. Aux manifs de gauche on ne fait rien. Dis­per­sez immé­dia­te­ment ce car­na­val de communistes ! »

De même que le pré­sident du PDC (démo­crate-chré­tien) Balz Her­ter, lequel exi­geait des mesures aus­si peu cha­ri­tables qu’autoritaires de la part du direc­teur de la sécu­ri­té éti­que­té PRD (Par­ti radi­cal-démo­cra­tique) : « Cer­tains n’ont pas com­pris. Il faut inter­ve­nir et dissoudre » !

Des repré­sen­tants du Par­ti socia­liste suisse ont une nou­velle fois déton­né par leur habi­tuel cou­rage poli­tique, de même por­tée sédi­tieuse que celle de leurs homo­logues fran­çais, en rati­fiant la sus­pen­sion incon­di­tion­nelle des droits et liber­tés démo­cra­tiques à motif sani­taire, de vigueur dans la plu­part des pays euro­péens : « On a pris des mesures pour pro­té­ger les soi­gnants. Ne pas res­pec­ter les mesures n’est pas de la soli­da­ri­té, mais de l’é­goïsme. Res­tez à la mai­son ! »

L’un de nos lec­teurs, dont un proche se trou­vait sur place, nous demande de pré­ci­ser que 45 per­sonnes ont tou­te­fois été inter­pe­lées à la fin de la mani­fes­ta­tion, et ver­ba­li­sées à hau­teur de 150 francs (tout ras­sem­ble­ment supé­rieur à 5 per­sonnes étant inter­dit). Par ailleurs, on comp­te­rait au moins une incarcération.