A propos d’un bref article des quotidiens régionaux l’Alsace et les DNA.
Les informations dans les médias nationaux ou régionaux sur le sujet des destructions de maisons sont rares, et remercions donc les quotidiens alsaciens pour le bref article avec photo publié dans l’Alsace du 31 août (rubrique « 24 heures en bref ») et dans celle des DNA, (rubrique« France Monde » – Proche Orient ») sur la destruction de sa propre maison par un Palestinien, le commentaire du journaliste précisant que les autorités israéliennes rasent régulièrement des maisons construites par des Palestiniens pour raison de défaut de permis de construire.…qu’ils n’accordent pratiquement jamais par ailleurs.
Les frais de destruction des maisons étant facturés aux propriétaires palestiniens on conçoit bien que ceux – ci préfèrent les détruire eux – mêmes.
Mais complétons un peu cet article :
Les Autorités israéliennes mettent en œuvre systématiquement ce genre de procédures dans deux cas de figures :
– destruction de maisons comme punition collective de toute la famille dont un des membres a été tué ou est en cours de procès pour « agression » ou attentat présumé.
Pour le cas de ce qu’il faut appeler des représailles, des punitions collectives, de 2015 à 2019 64 unités de logement ont été ainsi détruites, 16 habitations proches étant rendues inutilisables et 311 personnes se sont retrouvées sans abri, dont 134 enfants.
Ces démolitions sont des actes administratifs exécutés en dehors de toute procédure judiciaire contentieuse.
Elles contreviennent évidemment aux dispositions prévues dans la plupart des systèmes judiciaires nationaux, aux conventions du droit international relatives aux Droits de l’Homme qui proscrivent les punitions collectives, assimilées explicitement à des actes de représailles..
- dans le deuxième cas de figures ces mêmes Autorités pratiquent ces démolitions dans le cadre de ce qu’il faut appeler une politique de séparation ou de nettoyage territorial.
On est là dans une politique globale et planifiée et les destructions sont massives : à titre de simple exemple ce sont 18 000 maisons qui sont menacées actuellement dans la ville occupée de Jerusalem et dans le même temps plus de 15 000 logements supplémentaires seraient nécessaires pour les habitants, notamment les jeunes générations de citoyens dans la Jerusalem occupée.
Déplacements forcés, séparation ethnique, judaïsation de la partie occupée de la ville sont à l’ordre du jour et depuis le début de l’année 2020 les autorités israéliennes ont émis environ 650 ordres de démolition administrative dont la durée de validité est fixée ou pas.
En 2019 un nombre record de maisons ont été détruites dans ce cadre à Jérusalem (plus de 140 logements détruits et déplacement forcé de 238 Palestiniens, dont 127 mineurs, qui s’ajoutent aux 3000 Palestiniens qui ont déjà été contraints par ces déplacements massifs après démolition de maisons).
Les Palestiniens représentent 40% de la population de Jérusalem mais la Municipalité israélienne de Jérusalem n’a réservé que 15% de la terre de Jérusalem – Est à l’usage des résidents.
Selon les estimations de l’ONU, un tiers au moins de tous les logements des Palestiniens à Jérusalem – Est n’ont pas de permis de construire délivré par les Israéliens et sont ainsi en danger de déplacement forcé. Parallèlement les organisations de colons israéliens ont pris le contrôle de dizaines de propriétés dans les quartiers palestiniens et les batailles juridiques pour chasser les familles palestiniennes se multiplient.
Par contre depuis l’élection du président Trump l’attribution de permis aux colons à Jérusalem – Est a augmentée de 58% en 2017 – 2018 par rapport aux deux années qui ont précédé son arrivée au pouvoir.
Faut – il rappeler les manifestations de désespoir, les actes désespérés de résistance, qui accompagnent ces destructions de maisons familiales, ces déplacements forcés malgré les mobilisations populaires ?
Ou l’attente et l’angoisse de la destruction signifiée officiellement à la famille mais dont la mise en œuvre viendra…un jour… celui que les autorités occupantes choisiront ?
Les protestations toutes symboliques de quelques États européens au sujet des destructions de maisons, dont la France, ne sauraient masquer l’impuissance choisie de la communauté internationale.… mais les médias ne sont pas censés se caler sur les silences diplomatiques.
Les destructions de maisons sont un des aspects les plus détestables de la colonisation israélienne et l’approche journalistique des deux quotidiens aurait pu se hisser à la hauteur de la gravité du sujet, au delà du quasi fait divers.
La propagande israélienne bat son plein actuellement avec l’utilisation du Tour de France comme support publicitaire de ce même État auto proclamé « Start-up Nation ».
Une suggestion à nos amis de la presse régionale pour la couverture médiatique de ces destructions de maisons: saisir l’opportunité de cette actualité sportivo-publicitaire pour donner à voir et à comprendre certains des aspects les plus sombres de la colonisation israélienne que sont les destructions de maisons familiales comme outil de la politique de répression et instrument privilégié de la mise en œuvre de la séparation ethnique au mépris des droits humains.
A lire également à ce sujet un courrier de l’association France-Palestine solidarité Alsace