Le Covid-19 a eu un impact significatif sur le volume d’emploi. En un seul trimestre, soit depuis le début du mois de mars, la région mulhousienne aura perdu 2 979 emplois salariés.
Une baisse nettement plus marquée qu’au niveau national.
Les baisses d’effectifs affectent particulièrement les activités de services marchands (transports, hôtellerie-restauration, services aux entreprises) et l’intérim, qui a lui seul a perdu plus de 1 800 postes.
Les premiers touchés sont donc les salariés en contrat CDD de courte durée, qui n’ont pas été conclus du fait du contexte sanitaire, ou renouvelés toujours en raison de ce même contexte. Le secteur le plus exposé à ce choc de demande étant l’hôtellerie-restauration.
De ce fait, la masse salariale (c’est-à-dire le cumul des salaires bruts versée aux salariés) est en baisse, affectant nécessairement consommation et recettes fiscales.
A la fin du 1er trimestre 2020, m2A ne comptait ainsi plus que 83 638 salariés dans le secteur privé, contre 86 617 en fin d’année 2019. Soit une baisse de 3.44%.
Une baisse équivalente peu ou prou au double de celle constatée en France, fixée à 1,8%.
Le type d’activités prédominants dans le secteur m2A peut expliquer le phénomène à l’échelle locale : l’industrie, les services et surtout l’intérim y sont surreprésentés.
De sorte qu’un seul trimestre aura quasiment suffi pour effacer les gains d’emplois salariés réalisés depuis le début de l’année 2015.
Ainsi, 3 cycles économiques jalonnent la période qui part de 2008 jusqu’à ce jour.
De 2008 à 2015, le territoire paie durement les effets de la crise financière et connait une forte destruction de l’emploi.
De 2015 à 2019. Une « reprise » différenciée est enregistrée, notamment l’industrie, à l’exception de l’automobile, ou les gains de productivité s’opèrent toujours contre l’emploi.
Les services marchands reprennent de la vigueur, mais au détriment de la qualité de l‘emploi, massivement en contrat partiels ou en CDD. Après une longue et redoutable crise du recrutement, le secteur de l’intérim retrouvait quelques couleurs.
Depuis l’amorce de l’année 2020, la crise du Covid-19 a balayé en un souffle le regain fragile de l’emploi et l’amélioration relative de la qualité des emplois qui avaient caractérisé la dernière séquence économique.
Sans grande surprise, une étude de l’INSEE révèle de net écarts selon le niveau de vie et la catégorie socioprofessionnelle pendant la phase de confinement, entre le 17 mars et le 11 mai 2020.
Un tiers des personnes en emploi a subi une restriction d’activité susceptible de réduire le revenu du travail, dont 27 % une période de chômage technique ou partiel. 34 % des personnes en emploi ont télétravaillé tandis que 35 % ont continué à se rendre sur leur lieu de travail.
Par ailleurs, 35 % des parents avec un enfant de moins de 14 ans ont eu des difficultés à assurer leur suivi scolaire. Enfin, 20 % des personnes ont dû poser des congés obligatoires sur la période.
Les ouvriers (soit 43 % des salariés) ont été les plus concernés par le chômage technique ou partiel, l’arrêt de travail pour maladie ou garde d’enfant et le non-renouvellement de contrat, devant les cadres et professions intermédiaires (34 %) ou les employés (32 %).
Ainsi, les personnes en emploi aux revenus modestes ont été les plus touchées : 37 % des personnes dont le niveau de vie se situe parmi les 40 % les plus modestes ont été concernées par au moins une de ces restrictions, contre 27 % parmi les 20 % les plus aisées.
Quant aux familles monoparentales, elles ont été plus souvent concernées par les restrictions d’activité liées à la garde d’enfant (27 % contre 16 % pour le reste de la population).
De la même manière, les personnes les plus vulnérables estiment avoir vu leur niveau de vie se dégrader pendant la période, et le confinement aura également eu pour effet d’accroitre le sentiment d’isolement, notamment chez les personnes vivant seules, et singulièrement chez les femmes.