Les sor­cières de Salem

*extaits de Wikipédia

 1692, à Salem Vil­lage, quelques jeunes filles accusent cer­tains conci­toyens de les avoir  envoûtées

La com­mu­nau­té, assié­gée par les Amé­rin­diens et dépour­vue de gou­ver­ne­ment légi­time, prête foi aux accu­sa­tions et condamne les per­sonnes mises en cause à avouer les faits de sor­cel­le­rie ou à être pendues.

 Quelques mois plus tard  envi­ron 80 per­sonnes attendent leur pro­cès dans les geôles.

Tous les pro­cès se ter­minent par la condam­na­tion à mort de l’accusé pour sor­cel­le­rie, aucun acquit­te­ment n’est pro­non­cé et seuls ceux qui plaident cou­pable et dénoncent d’autres sus­pects évitent l’exécution.

Par­mi les exé­cu­tés par pen­dai­son un ministre du culte res­pec­té, un ancien poli­cier qui a refu­sé d’arrêter davan­tage de pré­ten­dues sorcières.et la plu­part des autres vic­times sont de vieilles femmes misérables.

 Les bêtes ne sont plus soi­gnées, les récoltes lais­sées à l’abandon, les scie­ries sont vides, des accu­sés prennent la fuite vers New York.

En octobre 1692 les pro­cès en sor­cel­le­rie s’achèvent.

 L’affaire a eu un impact si pro­fond qu’elle a contri­bué à réduire l’influence  de la foi puri­taine sur le gou­ver­ne­ment de Nou­velle – Angle­terre et a, indi­rec­te­ment, conduit aux prin­cipes fon­da­teurs des Etats – Unis.

 Par­mi les théo­ries modernes expli­ca­tives celle de Mary Betrh Nor­ton qui consi­dère que les attaques amé­rin­diennes ont crée une atmo­sphère de peur dans la com­mu­nau­té  qui contri­bua au déve­lop­pe­ment de l’hystérie. Le cler­gé puri­tain assi­mi­lait sou­vent les Amé­rin­diens aux démons, les asso­ciait aux sor­ciers. Les Amé­rin­diens deve­naient les forces du mal essayant d’abattre la socié­té puri­taine et il fal­lait s’attendre à des attaques de dedans aus­si bien que du dehors.

Les puri­tains étaient mûrs pour l’hystérie magique.

 Affaire d’Outreau :

*extraits de Wikipedia

 L’affaire d’Outreau fut une affaire pénale d’abus sexuel sur mineurs et a don­né lieu à pro­cès devant la cour d’assises de Saint – Omer (2004) puis à appel auprès de la cour d’appel de Paris (2005).

Après signa­le­ments d’assistantes sociales suite à des décla­ra­tions d’enfants confir­mées par leurs parents, le par­quet déclenche l’action publique ; un grand nombre de per­sonnes sont mises en garde à vue, puis en exa­men. Dix-huit d’entre elles – dont les parents des prin­ci­paux enfants accu­sa­teurs – sont pla­cées en déten­tion pro­vi­soire (de un à trois ans).

L’affaire connaît  10 condam­na­tions lors du pre­mier pro­cès mais un acquit­te­ment géné­ral pour l’ensemble des accu­sés en appel quatre per­sonnes qui avaient recon­nu leur culpa­bi­li­té en accu­sant aus­si des inno­cents n’avaient pas fait appel).

Fait excep­tion­nel le pro­cu­reur géné­ral de Paris vient dans la salle d’audience pour pré­sen­ter ses excuses aux accu­sés « au nom de la justice »..

Le 1er décembre 2005 un ver­dict d’acquittement géné­ral pour l’ensemble des accu­sés est ren­du par le jury au terme de pro­cé­dures qua­li­fiées de « nau­frage judiciaire ».

Le ministre de la jus­tice pré­sen­tait, en confé­rence de presse, ses excuses aux acquit­tés au nom de l’institution judi­ciaire et le pré­sident de la Répu­blique Jacques Chi­rac écri­vait dans le même sens à cha­cune des per­sonnes concernées.

D’après la com­mis­sion par­le­men­taire d’enquête nom­mée, par­mi les sept prin­ci­paux fac­teurs d’explication de ces dys­fonc­tion­ne­ments majeurs il fal­lait poin­ter les suivants :

  • parole et trai­te­ment des enfants (défaut de pru­dence et de méthode)
  • ins­truc­tion univoque
  • pres­sion média­tique exces­sive dans les affaires d’abus  sexuels sur mineurs
  • exer­cice entra­vé des droits de la défense.

 Déjà plus de 157 pro­cé­dures en deux semaines pour « apo­lo­gie du ter­ro­risme » et  plus de 30 condam­na­tions à ce jour :

 Qui sont les per­sonnes concernées ?

On relève notam­ment un homme saoûl, des réac­tions anti-poli­cières et des cou­pables qui avaient eu déjà maille à par­tir avec les forces de l’ordre pour des motifs divers, une mineure de 14 ans mena­çant le contrô­leur du train qui s’ap­prê­tait à la ver­ba­li­ser, un homme atteint d’une défi­cience men­tale légère depuis l’enfance selon l’expertise psy­chia­trique, ivre au sur­plus lors des pro­pos incri­mi­nés, un homme ayant éco­pé de 18 mois de pri­son dont douze ferme pour avoir com­men­té les atten­tats sur Face­book en écri­vant qu’ « un coup de crayon et un coup de kalach c’est la même chose », etc…

Sans oublier les cas d’enfants de 9 et 8 ans audi­tion­nés au com­mis­sa­riat pour « apo­lo­gie du ter­ro­risme », leurs parents convo­qués pour audi­tion, ni celui de pro­fes­seurs sus­pen­dus et mena­cés de pour­suites pour « apo­lo­gie d’actes de ter­ro­risme… » pour des décla­ra­tions dans  leurs  cours, mais contes­tées, niées, repo­sant sur des décla­ra­tions d’élèves, etc….

 Pas vrai­ment donc les pro­fils jiha­distes visés par l’étude d’impact de la loi de 2014 mais des peines encou­rues (jusqu’à sept ans de pri­son ferme) et le recours pos­sible à la « com­pa­ru­tion immé­diate », pro­cé­dure accé­lé­rée leur offrant donc beau­coup moins de garan­ties que dans le cas Outreau, en réponse à la demande de « grande fer­me­té » for­mu­lée par Madame Tau­bi­ra à ses services.

….Madame Tau­bi­ra qui vient d’annoncer par ailleurs que les injures et dif­fa­ma­tions aggra­vées par une cir­cons­tance liée au racisme, à l’antisémitisme ou à l’homophobie allaient à leur tour quit­ter la loi sur la presse pour le code pénal et donc suivre les mêmes pro­cé­dures accé­lé­rées et un régime de peines consé­quent que l’apologie du terrorisme…

Atten­tion! Toute res­sem­blance entre ces trois types d’événements est le fruit du hasard et les cli­mats de chasse aux sor­cières, d’hystérie col­lec­tive et de dérive sécu­ri­taire pour rai­sons élec­to­rales n’ont stric­te­ment aucun rap­port avec la fré­né­sie sécu­ri­taire que nous vivons et qui menace nos liber­tés publiques.

« C’est plus que jamais lorsque l’ef­froi nous sai­sit et bous­cule tous les repères que la jus­tice doit faire preuve de séré­ni­té et résis­ter à la vague de l’é­mo­tion » (extrait du com­mu­ni­qué de presse du 20 jan­vier du Syn­di­cat de la magis­tra­ture rela­tif à l’in­cri­mi­na­tion d’a­po­lo­gie du terrorisme).

 Chris­tian Rubechi