On se sou­vient des actions spec­ta­cu­laires des tentes des « Don Qui­chotte »  lorsque des sans – abri dor­maient sur les quais du canal Saint Mar­tin à Paris.

Un col­lec­tif natio­nal d’associations unies dans leur lutte contre l’exclusion et pour une nou­velle poli­tique publique du loge­ment et de l’hébergement avait alors vu le jour.

Il pour­suit son com­bat et depuis novembre 2015 un col­lec­tif  des Asso­cia­tions Unies s’est  for­mé  dans le Haut – Rhin avec les éma­na­tions régio­nales ou locales des asso­cia­tions déjà impli­quées au niveau natio­nal et des asso­cia­tions locales.

Réunies ce 15 mars à Mul­house au len­de­main de leur pre­mière réunion plé­nière elles ont  lan­cé leur col­lec­tif AU 68 et mani­fes­té leur volon­té d’agir ensemble dans le cadre d’une Charte commune.

Déjà actives dans leurs domaines res­pec­tifs (soli­da­ri­tés, san­té, pro­tec­tion des per­sonnes défa­vo­ri­sées…), elles veulent avant tout rap­pe­ler que le loge­ment est un droit et faire entendre plus for­te­ment leur voix. Face au drame des per­sonnes contraintes de vivre dans la rue ou réduites à des loge­ments et héber­ge­ments inac­cep­tables le col­lec­tif veut donc  inter­pel­ler les pou­voirs publics, les élus, les média, et chaque citoyen.

Leur  Charte rap­pelle leurs prin­cipes d’engagement : accueil garan­ti par l’Etat pour tous, satis­fac­tion des besoins fon­da­men­taux pour tous sans dis­cri­mi­na­tion, place cen­trale du loge­ment dans les poli­tiques publiques de solidarité…

Mais le col­lec­tif exprime aus­si la volon­té de s’inscrire dans une démarche d’analyse et de pro­po­si­tions pour faire avan­cer col­lec­ti­ve­ment les poli­tiques publiques de solidarité.

L’ex­trême-urgence

Pour ceux qui dou­te­raient de l’urgence et de la gra­vi­té de ces ques­tions les asso­cia­tions unies rap­pellent quelques indi­ca­teurs natio­naux: 3,8 mil­lions de mal – logés, 1,8 mil­lion de deman­deurs d’un loge­ment social, satu­ra­tion  des dis­po­si­tifs d’hébergement d’urgence, plus de 140 000 sans – abri, 120 000 ménages mena­cés chaque année d’une expul­sion loca­tive pour impayés…et une situa­tion dépar­te­men­tale qui s’inscrit dans cette crise du loge­ment (6 per­sonnes sur 10 qui appellent le 115 ne peuvent trou­ver une place en struc­ture d’hébergement, le nombre des expul­sions loca­tives avec le concours de la force publique a presque dou­blé en un an – 735 en 2015 dont près de 70% sont exé­cu­tées – , une file active  de 130 ménages en attente d’une entrée en struc­ture du sec­teur de l’accueil, de l’hébergement et de l’insertion…

Si dans le Haut – Rhin le mar­ché du loge­ment public comme pri­vé n’est pas consi­dé­ré par ces asso­cia­tions comme ten­du, le dur­cis­se­ment des posi­tions et déci­sions des res­pon­sables a désor­mais  des consé­quences lourdes : ampu­ta­tion du bud­get de l’Accompagnement social lié au loge­ment, dif­fi­cul­tés induites de main­te­nir les actions d’accompagnement des ménages dans la pré­ven­tion des expul­sions, l’ac­cès ou  le main­tien dans un loge­ment des plus fragiles…

Leur récente lettre ouverte  au pré­sident du conseil dépar­te­men­tal du Bas – Rhin ain­si que le rap­pel des décla­ra­tions de celui du Haut – Rhin sur le « béné­vo­lat contraint » à impo­ser aux béné­fi­ciaires du R.S.A. donnent la mesure de l’ur­gence devant des régres­sions sociales majeures.

Pour un accès qui ne soit pas un par­cours du com­bat­tant, le res­pect du prin­cipe d’accueil incon­di­tion­nel, l’exigence d’une poli­tique cohé­rente de pré­ven­tion des expul­sions, la néces­si­té d’un accom­pa­gne­ment adap­té, la non stig­ma­ti­sa­tion des per­sonnes, le Col­lec­tif AU 68 se mobi­lise donc.

Asso­cia­tions unies pour agir

Quelques expres­sions  fortes enten­dues lors de la  pré­sen­ta­tion de la Charte et du docu­ment « AU 68: des constats pour agir »  tra­duisent bien les objec­tifs du collectif:

« l’Etat doit être garant des besoins pri­maires des gens », « l’accompagnement social doit être glo­bal », « l’accès aux droits doit être assu­ré pour tous », « les par­te­naires ins­ti­tu­tion­nels se ren­voient la balle : on ne sait plus qui est res­pon­sable de quoi », « les pro­cé­dures sont com­plexes et impliquent un accès à l’information par des pla­te­formes, ce qui est dif­fi­cile même pour les asso­cia­tions », « les béné­voles comme les sala­riés se lassent et ne sup­portent plus d’être les témoins sou­vent impuis­sants de détresses si profondes ».

D’autres appels asso­cia­tifs récents – notam­ment dans le 68 –  en faveur des exclus de tous types, tra­duisent effec­ti­ve­ment la conster­na­tion, le décou­ra­ge­ment par­fois, la colère tou­jours des asso­cia­tions devant l’ag­gra­va­tion de ces misères sociales.

Les asso­cia­tions membres du Col­lec­tif AU 68 1 viennent donc de rap­pe­ler for­te­ment que la digni­té des per­sonnes ne peut être la variable d’a­jus­te­ment de mar­chan­dages comp­tables ou politiciens.

Chris­tian Rubechi

Col­lec­tif AU 68 1:  APPONA 68  – ATD Quart Monde – CIMADE – Col­lec­tif Citoyen Soli­daire – DAL 68 – Emmaüs Cer­nay – FNARS Alsace – Fon­da­tion Abbé Pierre Alsace – Fon­da­tion de l’Ar­mée du Salut – Habi­tat et Huma­nisme Alsace Sud- Ligue des Droits de l’Homme – Mai­son de la Citoyen­ne­té Mon­diale – Pas­se­relle – UNAFO – Urgence Welcom