Déve­lop­per un jour­nal c’est d’a­bord accroitre le nombre de ses lec­teurs, et ce fai­sant celui de ses abon­nés, lorsque l’on est un média « pure player », c’est à dire un organe de presse en ligne, tel que L’Alterpresse68.

La presse indé­pen­dante ne vit en prin­cipe que du pro­duit de ses mis­sions fon­da­men­tales. Rien de bien extra­or­di­naire à cela, dira-t-on, car toute la presse semble fon­dée sur un tel présupposé.

C’est pour­tant une vision biai­sée du réel : le slo­gan de Média­part « seuls nos lec­teurs peuvent nous ache­ter », énonce en creux que la presse est l’ob­jet de pré­da­tions éco­no­miques diverses.

Par ailleurs, la pro­prié­té de presse est liée tou­jours plus étroi­te­ment à des groupes indus­triels et com­mer­ciaux, dont le cœur de métier est sou­vent très éloi­gné des métiers du jour­na­lisme, ain­si que l’illustre la carte du Monde diplo­ma­tique et d’Acri­med :

Ces opé­ra­teurs éco­no­miques, adeptes de la concen­tra­tion ver­ti­cale ou hori­zon­tale, ne se sou­cient guère de garan­tir les prin­cipes de la liber­té d’expression (qui « ne s’use que quand on ne s’en sert pas »), ain­si que l’affiche en fière devise Le canard enchai­né.

Ces mar­quis de l’industrie, hauts-fonc­tion­naires, ou « dis­rup­teurs » du sec­teur numé­rique, cherchent d’abord à s’acheter de l’influence, et du pres­tige, par l’appropriation gran­dis­sante de publi­ca­tions de presse.

Par ailleurs, le poids de la publi­ci­té (aus­si réduit aus­si soit-il), place en per­ma­nence la presse sous l’influence mar­chande des grands indus­triels, ce qui oblige les jour­na­listes, et limite leur capa­ci­té à orien­ter libre­ment les conte­nus qu’ils sou­haitent traiter. 

Le sup­plé­ment d’âme jour­na­lis­tique, ce sel démo­cra­tique, celui qui fait toute la dif­fé­rence en matière de qua­li­té et de pro­bi­té dans le trai­te­ment de l’information, se réduit ain­si comme peau de chagrin.

L’Alterpresse68 intègre depuis quelques années le SPIIL, syn­di­cat de la presse d’information indé­pen­dante en ligne.

260 médias, petits et plus grands, incarnent sous cette ban­nière syn­di­cale la soif de résis­tance devant le rou­leau com­pres­seur du jour­na­lisme conca­té­né par le lami­noir capitalistique.

Le modèle éco­no­mique de cette alter presse est sou­vent construit à par­tir de réa­li­tés éco­no­miques et sociales éparses, d’opportunités locales et contextuelles.

Cer­tains confrères ne fonc­tion­nant que par le sou­tien de toute une com­mu­nau­té de lec­teurs et lec­trices, qui y démul­ti­plient les dons en signe de sou­tien et de solidarité.

D’autres consti­tuent un modèle finan­cier par hybri­da­tion, via des abon­ne­ments, des sub­ven­tions publiques, de la publi­ci­té en quan­ti­té limi­tée, des annonces légales en ligne, ou même des contri­bu­tions de la part de GAFAM, tel « Google show­case »…

Les fils à la patte sont ain­si nom­breux pour ces mul­tiples et sou­vent modestes espaces de liber­té informationnels.

L’Alterpresse68 a vécu quelques années sur la base de modestes contri­bu­tions publiques, que l’on nomme cou­ram­ment les « aides à la presse », dans leur varié­té réser­vée aux indi­gents du jour­na­lisme, voire leurs pas­sa­gers clan­des­tins, qui portent pour­tant haut et clair l’étendard de la plus noble des mis­sions d’une socié­té démo­cra­tique : l’information sans ambages, ni compromissions. 

En France, 11 mil­liar­daires se par­tagent 81% de la presse quo­ti­dienne natio­nale géné­ra­liste, et 95% de la presse heb­do natio­nale. Le reste est à l’avenant, comme on peut le voir ci-des­sous (gra­phique de Che­ck­news-Libé­ra­tion) :

A iden­ti­fier les titres de presse qui s’arrogent en volume la qua­si-tota­li­té de ces sub­sides publics, on com­prend mieux ce que l’État fran­çais a pour sou­hait de soutenir. 

Dans une publi­ca­tion visant à étu­dier les aides à la presse de 2016 à 2019, l’association Acri­med, vouée à l’observation cri­tique des médias, écri­vait à ce propos :

« Les aides à la presse ali­mentent les caisses des prin­ci­paux groupes de presse. Elles sub­ven­tionnent la dis­tri­bu­tion sur tout le ter­ri­toire d’une poi­gnée de quo­ti­diens déte­nus par quelques mil­liar­daires. Elles ren­forcent ain­si leur emprise sur la presse fran­çaise, au lieu de sou­te­nir le plu­ra­lisme et la diver­si­té. »

En sep­tembre 2022, son constat est res­té iden­tique.

L’Alterpresse68 n’a pour­tant vécu jusqu’ici que par le tra­vail et l’effort déployé par ses béné­voles, mus par le désir d’offrir une alter­na­tive de presse dans une région Alsace qui n’a plus aucune idée de ce que le plu­ra­lisme peut signifier.

L’Alsace et les DNA ne forment en effet plus qu’un seul et même quo­ti­dien, pla­cé sous la coupe d’une socié­té bancaire.

On n’a jamais connu situa­tion aus­si ter­rible pour les liber­tés civiles. Notam­ment celles qui sou­tiennent le prin­cipe d’égalité, l’é­pa­nouis­se­ment indi­vi­duel et l’idéal d’émancipation sociale.

Quant à notre sort, il n’est pas plus relui­sant : tri­bu­taire de quelques aides publiques, qui nous ont per­mis jusqu’ici de créer un poste de jour­na­liste, payé au smic.

Aujourd’hui, les forces béné­voles s’étiolent, et les nou­veaux apports appor­tés par un pho­to­graphe et un vidéaste per­mettent d’entrevoir de nou­velles pers­pec­tives de développement.

Ils ont contri­bué déci­si­ve­ment à la dimen­sion mul­ti­mé­dia du jour­nal, en assu­rant l’efflorescence de toute une série de sujets pho­tos et vidéos en rap­port avec l’actualité ou l’histoire sociale de la région.

Les gale­ries pho­to­gra­phiques, repor­tages et docu­men­taires que vous retrou­vez régu­liè­re­ment dans nos colonnes, sont le pro­duit de leur travail.

Cela res­te­ra pos­sible, à la seule condi­tion de leur per­mettre une ins­crip­tion durable dans l’histoire et les évo­lu­tions du journal.

Nous venons d’activer, il y a quelques mois, un nou­veau levier éco­no­mique, en vue de favo­ri­ser l’enracinement de ces deux nou­veaux contri­bu­teurs, au tra­vers des abonnements.

Il nous est en effet impos­sible de sou­te­nir les besoins de déve­lop­pe­ment du média en s’en tenant aux ver­se­ment, aléa­toires, de quelques aides publiques, ou de dons épisodiques.

Pour tenir la gageure éco­no­mique de nos pro­jets, il nous fau­drait réunir 250 abon­nés à 5 euros par mois, afin d’es­pé­rer embau­cher Mar­tin Wil­helm, notre pho­to­graphe en titre, au niveau du smic.

Il nous fau­drait ras­sem­bler un total de 500 abon­nés à 5 euros par mois, pour espé­rer embau­cher en outre Max-Emi­lien Sil­va, le réa­li­sa­teur de nos vidéos et reportages.

Sans même évo­quer la néces­si­té de rému­né­rer l’ap­port de nos contri­bu­teurs divers, tel celui de Veesse, notre illus­tra­teur d’ac­tua­li­té dont l’hu­mour potache et cor­ro­sif s’af­fiche quo­ti­dien­ne­ment en page d’accueil. 

Un tel objec­tif est réa­liste, et attei­gnable, compte tenu le niveau qua­li­ta­tif atteint par le journal. 

Nous sommes tou­te­fois encore loin du compte : les abon­ne­ments rentrent à un niveau encore trop modeste. Rai­son pour laquelle il s’agirait d’accélérer la dyna­mique et accroitre leur nombre.

A cet effet, nous espé­rons faire de vous des abon­nés, ain­si que des pres­crip­teurs d’abonnements. Abon­nez-vous si vous ne l’êtes pas encore, et/ou faites décou­vrir le jour­nal à vos proches ou à votre cercle affinitaire.

C’est la condi­tion sine qua non à la pour­suite de nos objec­tifs de déve­lop­pe­ment, et à l’embauche de nos deux amis, pour le moment contri­bu­teurs bénévoles. 

Mer­ci par avance pour votre sou­tien et vos dili­gents efforts.

La rédac­tion.

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