Cet article, sous forme de supplique aux candidats(tes) aux élections présidentielles, revient sur la nécessité absolue de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim. Aucune raison économique ou sociale, et encore moins géopolitique (« indépendance énergétique de la France ! ») ne peut prévaloir sur le principe de précaution sanitaire et écologique.
Nous célébrons le 6e anniversaire de la catastrophe de Fukushima. A sa manière, une fillette d’un des villages contaminés et dans lequel elle ne pourra jamais retourné, exprime son désarroi par un poème dont nous publions en extrait :
« … Car ici la terre a tremblé
Car ici l’océan a tout balayé
Ici tout a disparu
Ici je n’entends plus
Chanter les oiseaux
Et moi qu’est-ce que je peux faire ?
Je ne pourrais jamais revenir en arrière.
Ici on lutte, on reste solidaire
Mais j’ai des cauchemars en poussière nucléaire.
Ici je n’entends plus
Chanter les oiseaux… »
Là-bas aussi, Tepco, le patron de la centrale nucléaire, avait juré-craché qu’il n’y avait aucun risque, que tout était bien sous contrôle, on connaît la suite.
Les accidents appelés incidents se multiplient dans certaines centrales françaises
Le 17 octobre 1969, une mauvaise manipulation lors du chargement du cœur sur le réacteur n°1 entraîne la fusion de 50 kilos d’uranium. « Je suis allé ramasser l’uranium fondu sous le réacteur avec une raclette. La radioactivité était tellement forte qu’on ne pouvait pas rester plus de deux minutes. En ressortant, on avait pris la dose autorisée pour un an » rappelle un des salariés chargé du « nettoyage ». C’est l’un des plus graves accidents nucléaires jamais survenus en France. Pourtant, quarante-deux ans plus tard, l’événement reste quasi inconnu du grand public.
Depuis, deux caractéristiques marquent ce genre d’événements : la minimisation des accidents toujours présentés comme des « incidents » et l’omerta autour de la nature, de l’origine et de la résolution des ces problèmes.
EDF condamnée pour des fuites à la centrale de Fessenheim
Deux ruptures de la tuyauterie ont conduit au déversement de 100 m³ d’eau dans la salle de machine de la centrale de Fessenheim en février 2015. Le réacteur 1 a été mis à l’arrêt.
EDF, comme d’habitude, à minimisé les faits. Plusieurs associations, dont Alsace Nature et Stop Fessenheim, ont porté plainte et le tribunal compétent, celui de Guebwiller, vient de donner, deux ans après les faits, sont verdict.
EDF est condamnée pour deux motifs : ne pas avoir déterminé de façon appropriée les causes techniques, organisationnelles et humaines des fuites et, d’autre part, ne pas avoir défini et mis en œuvre les actions curatives, préventives et correctives appropriées.
Déjà en 2014, un problème similaire s’était posé selon Stop Fessenheim : « Le 9 avril 2014, des agents chargés de remplir un réservoir l’ont laissé déborder. 3 m³ d’eau se sont alors déversés dans les étages inférieurs, aspergeant des armoires électriques et provoquant un court-circuit. Ce court-circuit a bloqué les systèmes de contrôle et obligé EDF à arrêter le réacteur en urgence. EDF n’a pas pu recourir aux mécanismes habituels, qui étaient apparemment indisponibles en raison des défauts électriques. »
Un tremblement de terre
Lundi 7 mars, la radiotélévision suisse (RTS) annonce qu’ « un tremblement de terre d’une magnitude de 4,6 sur l’échelle de Richter s’est produit lundi à 21h12 en Suisse centrale. Cette secousse est une des plus fortes de ces dernières années en Suisse.
Le séisme a pu être ressenti dans toute la Suisse, a indiqué le Service sismologique suisse à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). Pour un tremblement de terre d’une telle magnitude, des dégâts faibles à modérés sont possibles à proximité de l’épicentre.
Le Service sismologique a localisé l’épicentre à Linthal (GL). Un séisme de cette puissance se produit en général tous les un à trois ans. Le précédent de magnitude similaire avait été enregistré près de Sargans (SG) en 2013 ».
Il est de notoriété publique que l’Alsace est une terre sismique. On rappelle souvent le séisme qui a frappé Bâle en 1356 qui avait atteint la magnitude de 6,5 sur l’échelle de Richter. Sauf que celle-ci n’existe que depuis 1935 et que le niveau atteint à Bâle est donc une estimation.
Le maire de Fessenheim s’est voulu rassurant : « La centrale de Fessenheim pourra supporter un séisme de 6,5 de magnitude »… Ce que des scientifiques corrigent : « Peut-être, mais à condition que l’épicentre soit au moins à 30 km de la centrale »… Le seul hic, c’est que les tremblements de terre n’annonce pas en avance l’épicentre de leur déclenchement !
Fillon et Le Pen: « Nous maintiendrons la centrale de Fessenheim en activité »
Fillon, Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet (oui, elle aussi !) sont pour le maintien de la centrale et annuleraient donc en cas d’élection, la décision de fermeture. Marine Le Pen considère que ce serait une erreur de fermer Fessenheim.
Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Emmanuel Macron assurent vouloir la fermer.
On voit bien là où le lobby du nucléaire a placé ses intérêts. Ce ne sont, en tout cas, pas ceux de la population des régions françaises, allemandes, suisses concernées, ni même ceux des salariés de l’entreprise.
Mais il faut rester prudent : on a entendu des candidats promettre la fermeture et se faire retourner par le lobby dès qu’ils furent élus. L’expression de l’opinion publique reste le principal atout pour ceux qui veulent qu’on puisse enfin bénéficier d’une énergie qui ne laisserait pas à nos enfants et petits-enfants une véritable bombe en héritage.
Michel Muller
Tout le monde en parle de cette fermeture et nombreux sont pour sans imaginer l’impact societale. Vous parlez sans penser à notre bassin de vie. Je vit dans une commune ou plusieurs familles travaillent à la centrale et si jamais elle ferme elles devront déménager. 4 enfants de moins dans notre école qui ne compte que 3 classes et qui devrait encore en fermer une. Cela impact tout, l’immobilier, les commerces, les services à la personne, … alors arrêtez de demander une fermeture ! Demander plutôt une solution de conversion ou de création d’un pôle d’expertise en démantèlement, il ne faut pas détruire mais créer.
Rien n’empêche de fermer la centrale et réfléchir à des solutions de reconversion sur place (ex. : S.Royal parlait d’une usine de fabrication de voitures électriques). Le nucléaire a trop d’inconvénients dont un seul est suffisant pour décider l’abandon immédiat de toute la filière : ce sera toujours un risque d’accident faible mais jamais nul pour des conséquences possibles inacceptables.
En plus de cela : les coûts économiques, l’insolvable problème de déchets qu’il faudra surveiller pendant 100 000 ans, la pollution radioactive, etc …