« Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent » : la fameuse phrase d’Edgard Faure qui s’y connaissait en retournement de veste, devient la devise préférée de nos femmes et hommes politiques locaux. Car changer d’avis et de canasson à un tel rythme devient un exercice à la limite du supportable !

 

Philippe Richert, le derviche-tourneur !

Vous avez sûre­ment été déjà impres­sion­né par ces dan­seurs qui, por­tant une grande jupe ample, tournent sur eux-mêmes jusqu’à l’atteinte d’une transe psy­cho­lo­gique. D’abord, notre grand pré­sident régio­nal, en pin­çait pour Nico­las Sar­ko­zy, favo­ri des pri­maires de la droite. Puis, les son­dages don­naient Jup­pé favo­ri. Eh bien, notre Phi­lippe Richert offrit ses ser­vices au maire de Bor­deaux… qui les décli­nât majes­tueu­se­ment. Retour à Sar­ko­zy en croi­sant les doigts pour que les son­dages aient tort. Ce qui fut effec­ti­ve­ment le cas : en catas­trophe, Richert devint « fil­lio­niste ». Cela, c’était avant que ne sur­gisse Péné­lope. Vent mau­vais pour l’élection de Fran­çois Fillon : M. Richert se range dans les camps de ceux qui demande au can­di­dat de se reti­rer. A nou­veau Jupéiste ?

Et puis, les LR et l’UDI capi­tulent : Fran­çois Fillon déte­nant le magot des recettes des pri­maires (rap­pe­lez vous : 2 euros par votants à cha­cun des tours, soit envi­ron 8 mil­lions de contri­bu­teurs…) s’imposent. Depuis, M. Richert ne veut plus s’exprimer, dixit le quo­ti­dien L’Alsace.

Le silence est d’or !

Le scan­dale mena­çant l’élection déjà gagnée d’avance de M. Fillon et donc leur car­rière espé­rée tom­ber à l’eau, nos élus alsa­ciens de droite et du centre se sont empres­sés de signer des péti­tions, de mul­ti­plier les décla­ra­tions pour appe­ler au rem­pla­ce­ment du vain­queur des pri­maires. Mais voi­là, le futur mis en exa­men a résis­té ! Jean Rott­ner le prend avec hau­teur, fai­sant un appel du pied à Fran­çois Bar­noin, futur pre­mier ministre impo­sé par Sar­ko­zy en cas de victoire…

Le tou­jours clair­voyant Jean-Marie Bockel, maître es-tra­hi­son en per­sonne, ne déclare plus rien, comme beau­coup d’autres de ses amis : si la parole est d’argent, le silence est d’or… Et il faut bien lais­ser pas­ser un peu de temps avant de reve­nir en tant que sou­tien de M. Fillon… Le vent a tour­né mais la girouette attend un peu.

Il y eu pour­tant quelques sou­tiens indé­fec­tibles à M. Fillon, dont M. Gil­bert Meyer, maire de Col­mar… et Michel Sor­di, dépu­té… Il est vrai qu’entre employeurs d’épouse comme atta­chée par­le­men­taire, on se serre les coudes !

Macron, le prestidigitateur, inspiré par Eric Straumann

Il veut être l’OVNI de ces élec­tions et il est vrai que le regrou­pe­ment hété­ro­clite der­rière lui semble lui don­ner cré­dit. M. Bockel a dû lou­per le train… mais ses amis mul­hou­siens l’ont pris à sa place.

Il faut recon­naître une cer­taine constance à M. Macron : déjà, lors de l’é­lec­tion pré­si­den­tielle de 2007, il fait par­tie du groupe les Gracques une alliance entre Ségo­lène Royal et Fran­çois Bay­rou. Lou­pé, pour cette fois-ci…

2012, le voi­ci  prin­ci­pal conseiller de Fran­çois Hol­lande : à ce titre, il est à l’origine du fameux CICE (Cré­dit d’im­pôt pour la com­pé­ti­ti­vi­té et l’emploi) et du pacte de res­pon­sa­bi­li­té et de soli­da­ri­té  qui a offert 40 mil­liards d’euros au entre­prises sans effet notoire sur l’emploi. Mais il est aus­si l’auteur de la loi Tra­vail que la si com­pré­hen­sive Myriam El Khom­ri a por­té et qui a cris­tal­li­sé l’opposition de la popu­la­tion (et celle d’une grande par­tie des par­le­men­taires de gauche) à la poli­tique de M. Hollande.

Ceux pro­jets de loi Macron qui ne sont pas­sé qu’avec le 49–3 à l’assemblée natio­nale et qui sont les deux échecs patents du quinquennat.

Et voi­là comme par enchan­te­ment sur­git le « nou­veau Macron », bien habillé par les médias en « homme nou­veau » avec des idées « ori­gi­nales » pour sor­tir du « sys­tème ». Celui qui devrait assu­mer le bilan du gou­ver­ne­ment au même titre qu’Hollande et Valls, cherche même à le faire por­ter par Benoît Hamon, qui lui dénon­çait entre autres ces deux pro­jets de loi et a quit­té son poste de ministre. Pres­ti­di­gi­ta­tion, on vous l’avait dit !

Et nous appre­nons dans L’Al­sace du dimanche 12 mars, que M. Macron s’est ins­pi­ré de notre pré­sident du Conseil Dépar­te­men­tal Eric Strau­mann pour impo­ser dans son pro­gramme « de reve­nir à une part de tra­vaux d’in­té­rêt géné­ral et d’ac­ti­vi­té de réin­ser­tion »… M. Strau­mann aurait-il de l’a­ve­nir dans un hypo­thé­tique gou­ver­ne­ment Macron?

L’abstention gagnante ? En attendant les législatives ?

A la limite Marine Le Pen n’a pas besoin de faire cam­pagne : il lui suf­fit de lais­ser les élec­teurs assis­ter à ce cirque pour espé­rer que cer­tains, dégoû­tés, se pro­noncent pour elle.

Reste les autres can­di­dats : Jean-Luc Mélen­chon et les plus petits qui ont du mal déve­lop­per leur pro­gramme et à sus­ci­ter un débat contra­dic­toire qui redo­re­rait un peu l’image de la politique…

Alors va-t-on vers une abs­ten­tion impor­tante dans une élec­tion qui mobi­li­sait pour­tant auparavant ?

Un autre scru­tin se pro­file, celui des légis­la­tives. L’occasion de deman­der à tous les can­di­dats, même et sur­tout, ceux qui ne sont pas dans la course aux stra­pon­tins au sein du gou­ver­ne­ment ou de la grande région, de se pré­sen­ter comme les vrais repré­sen­tants de la popu­la­tion et non pas comme les godillots de tel ou tel candidat…

MM