Connaissez-vous Claude Brender ? C’est l’actuel maire de Fessenheim qui ne néglige rien pour garder sa centrale en activité quoi qu’il en soit… Il peut compter sur l’appui des présidents de la Grande Région, Philippe Richert, mais aussi sur celui du RSA-Killer Eric Straumann, du conseil départemental, des syndicats pour une fois unis comme les doigts de la main, une partie de la population de Fessenheim aussi.
Pour ces gens-là, la vieille usine nucléaire doit continuer à fonctionner au mépris du danger qu’elle représente. Comme les autorités nippones avant la catastrophe de Fukushima qui prétendaient que leur filière nucléaire était la plus sûre au monde.
Mais ça c’était avant…
Mais voilà, malgré les atermoiements du gouvernement, celui-ci vient de signer le décret de fermeture. Certes, les conditions exigées semblent bien encore donner quelques années de vie à la centrale et de sueurs froides à la population.
Le décret lui-même semble assez mal fagoté et pourrait même être retoqué par le conseil d’Etat
Il reste pourtant un espoir aux acharnés qui plaident pour la continuité de l’exploitation : les élections présidentielles ! Le futur président pourrait annuler ce fameux décret !
Alors, me sont revenues les déclarations de M. le maire Claude Brender lors d’une manifestation à Fessenheim, le 24 janvier dernier, jour de la tenue du conseil d’administration d’EDF qui devait décider de la fermeture. Le premier magistrat de la commune prend la parole : « … Nous entrerons dans les ténèbres en cas de fermeture de la centrale nucléaire… » Bigre… Comment se fait-il que malgré l’arrêt des deux réacteurs pendant des semaines, cette sombre incantation ne se soit vérifiée ?
Mais avec le président du conseil départemental, ils ont fait mieux comme duettistes : M. Straumann, pas opportuniste pour un sou, appelle les 350 personnes présentes « à faire le bon choix au moment de l’élection présidentielle ». Et l’inimitable Claude Brender d’enfoncer le clou : « Rendez-vous dans trois mois ».
Or, nous y sommes, au bout des trois mois. Sur les 11 candidats, neuf sont pour la fermeture de la centrale. Seuls deux soutiennent le maintien en activité : François Fillon et Marine Le Pen..
L’appel de MM Straumann et Brender est donc clair : il faut glisser le bulletin Fillon ou Le Pen dans l’urne. Même s’ils soutiennent officiellement Fillon, il n’en reste pas moins que si le critère principal du choix des électeurs devaient être le maintien en activité de la centrale, le vote Le Pen est tout aussi approprié.
Tout cela pour des raisons exclusivement budgétaires : M. le maire ne veut pas se passer de la manne que représente EDF. C’est donc la seule chose qui compte ! Le fric de l’électricien !. Mme Le Pen veut supprimer le tiers payant pour tous, elle considère que les étrangers ne doivent plus être soigné, que leurs enfants ne puissent aller à l’école, parmi d’autres horreurs de son programme.
M. Fillon veut supprimer 500.000 emplois dans la fonction publique, privatiser à la longue la Sécurité sociale, liquider les 35 heures, supprimer l’impôt sur les grandes fortunes, parmi d’autres ignominies de son plan.
Mais tout cela c’est de la gnognotte, c’est anodin, banal, dérisoire, frivole, futile, infime, minime, négligeable, accessoire, fade, faible, falot, inconsistant, inintéressant, insipide, ordinaire, quelconque, ridicule, superflu, terne… n’en jetez plus ! Seuls comptent les confortables picaillons que touchent la municipalité de Fessenheim chaque année !
Une fois encore, des élus défendent avant tout l’intérêt particulier au mépris de l’intérêt général. Car l’intérêt général, ce serait déjà de mettre à l’abri toute une population alsacienne, allemande, suisse du danger potentiel que représente le vieux machin. Elle partage, cette population rhénane, ce danger avec les habitants de Fessenheim mais pas, ou si peu, les retombées financières….
L’intérêt général serait ensuite, d’anticiper sur la fin inéluctable de la production nucléaire sur le Rhin, et de commencer à préparer la reconversion des sites industrielles et des salariés concernés. Ce serait là une vraie vision d’avenir pour le pays : c’est ce que portent d’autres candidats qui considèrent que la fermeture d’une centrale n’est pas le « retour aux ténèbres » de M. le maire, mais un tremplin pour développer d’autres énergies non polluantes et renouvelables….
Alors oui, MM Straumann et Brender, il faut que les habitants de notre région y pensent le 23 avril prochain, dans l’isoloir. Soit choisir entre les vieilles lunes dangereuses à court et à long terme avec un programme social revenant, lui, aux « ténèbres » de l’exploitation sauvage du monde du travail, soit la mise en œuvre d’une société nouvelle, respectueuse des humains et de la nature, qui compte sur la force du peuple.
Peut être bien qu’il avait raison de nous donner rendez-vous dans trois mois, M. le maire.
Michel Muller