Ce fut vraiment une conférence de presse pas comme les autres en ce lundi 22 mai 2017. Les candidats de la France Insoumise pour les législatives de la 2e circonscription du Haut-Rhin nous invitaient à leur rencontre avec la presse. Le lieu : L’Altenberg UGECAM, 222, route de la Schlucht 68140 Stosswihr. Rendez-vous fixé à 15 h 30. Muni de l’essentiel, c’est-à-dire l’adresse et l’heure, je me mis en route.

La 2e cir­cons­crip­tion du Haut-Rhin s’étend à l’ouest de Col­mar, de Gueb­willer jusqu’à Ribeau­villé avec les val­lées de Muns­ter et de Sainte-Marie-aux-Mines. Stoss­wihr se trouve à côté de Munster.

Avec le GPS de ma voi­ture, la loca­li­sa­tion est faite rapi­de­ment… sauf que le numé­ro 222 de la route de la Schlucht est incon­nu ! Pas grave, je trou­ve­rai bien me dis-je… et je sélec­tionne à tout hasard le 22 route de la Schlucht. Arri­vé à des­ti­na­tion, je ne vois rien qui pour­rait cor­res­pondre à l’Altenberg ou à l’UGECAM… Je m’arrête devant la salle des fêtes de la com­mune pour me ren­sei­gner. Là, un employé muni­ci­pal (me semble-t-il !) me montre la mon­tagne : « Vous voyez, c’est là-bas, l’Altenberg, une grande bâtisse cachée par la forêt, c’est à 15–20 kilo­mètres, il faut conti­nuer sur la route de la Schlucht, dépas­ser Soult­ze­ren, mais  c’est fer­mé et cade­nas­sé. Il vous fau­dra bien 20 minutes ».

Il était déjà 15 h 20 et j’avais oublié d’emmener le numé­ro de télé­phone de la can­di­date pour la pré­ve­nir de mon retard. Je monte donc jusqu’au col de la Schlucht où je me ren­seigne à nou­veau dans une bou­tique à sou­ve­nirs. Là, le com­mer­çant m’explique, après avoir consul­té Inter­net, que l’UGECAM à l’Altenberg est un ancien hôpi­tal fer­mé en 2011 qui a été pillé depuis.

« Vous ver­rez, c’est à gauche à 3 km en des­cen­dant vers Muns­ter, il y a une bar­rière, peut-être sera-t-elle ouverte s’il y a une confé­rence de presse ! »

La confé­rence de presse est ter­mi­née, mais…

Je reprends ma voi­ture et trouve enfin l’endroit mais pas moyen de sta­tion­ner, la bar­rière est fer­mée et devant se trouvent des voi­tures appar­te­nant pro­ba­ble­ment aux par­ti­ci­pants à la confé­rence de presse. Je conti­nue à des­cendre la route pour m’arrêter plus loin et remon­ter à pied vers mon ren­dez-vous. Faut dire que cette route est plu­tôt fré­quen­tée, par des motards mais aus­si par des camions. Arri­vé à la bar­rière qu’on peut faci­le­ment fran­chir à pied, je vois un groupe de per­sonnes des­cendre vers la bar­rière par­mi  les­quelles je recon­nais la can­di­date de la France Insou­mise Chris­telle Millet que j’avais déjà ren­con­trée au stand de L’Alterpresse68 au Forum social à Gueb­willer. La confé­rence de presse était terminée !

Il y a là FR3 Alsace, les DNA et l’é­quipe de la can­di­date. Les jour­na­listes vont vers leur voi­ture. L’équipe de la France Insou­mise reprend le che­min vers cet ancien hôpi­tal pour me le mon­trer et… recom­men­cer pour moi leur conférence.

Le spec­tacle dans les locaux est déso­lant. C’est un sym­bole, me dit-on. « Ici, 200 per­sonnes tra­vaillaient. Du jour au len­de­main, tout a été lais­sé tel quel. On a retrou­vé des dos­siers de malades. Le lieu n’a pas été sécu­ri­sé : nous avons même pu faire cette confé­rence de presse sans pro­blèmes. La mai­son de la direc­tion qui se trouve à l’arrière du bâti­ment, est dans un meilleur état, les volets sont fer­més. Ici, dans le bâti­ment de l’hôpital, tout a été arraché »

« Le res­sen­ti des gens d’ici est plein d’amertume et de colère. Un lais­ser faire inac­cep­table alors que le désert médi­cal pro­gresse. Il est éga­le­ment ques­tion d’un autre hôpi­tal qui risque de fer­mer d’ici la fin de l’année à Muns­ter Haslach ».

Chris­telle Millet pense pou­voir gagner dans cette cir­cons­crip­tion la plus vaste du dépar­te­ment : « Il y aura au second tour une tri­an­gu­laire et nos espé­rons être devant le can­di­dat de la Répu­blique en  Marche, Hubert Ott. »

Com­ment ferez-vous pour atteindre cet objec­tif qui sup­pose d’a­voir 12,5% des voix des ins­crits, en tenant compte du nombre impor­tant de can­di­dats ? « Ce qui compte, c’est le tra­vail sur le ter­rain en ren­con­trant les gens au mar­ché ou lors de diverses mani­fes­ta­tions. Nous pen­sons aus­si faire un tour à la foire éco-bio de Col­mar mais l’essentiel ce sont les villes et vil­lages de notre cir­cons­crip­tion : il y a 75 com­munes, nous avons éta­bli un plan de tra­vail quo­ti­dien et nous allons sillon­ner la cir­cons­crip­tion en cam­ping-car aux cou­leurs de la France Insoumise ».

« Assez des manoeuvres des appa­reils politiques »

La can­di­date est contre les manœuvres des appa­reils poli­tiques comme cela a été le cas pour la dési­gna­tion d’Hubert Ott issu du Modem, fruit de l’alliance Macron-Bayrou.

« A France Insou­mise, c’est tota­le­ment dif­fé­rent », dit-elle, « les groupes d’appui à la can­di­da­ture de Jean-Luc Mélen­chon aux pré­si­den­tielles se sont for­més à par­tir du site JLM2017. J’ai été élue par le groupe local ain­si que mon sup­pléant Oli­vier Goep­fert. Ce der­nier est très sen­sible aux pro­blèmes de l’écologie en par­ti­cu­lier à Sto­ca­mine qui se trouve dans la 4e cir­cons­crip­tion à Wit­tel­sheim et qui risque de pol­luer la nappe phréa­tique du Haut-Rhin et bien au-delà vers Rotterdam. »

Il cri­tique Yan­nick Jadot, le can­di­dat EELV qui avait rejoint Benoît Hamon et qui n’a rien fait pour ce dos­sier. « Ce qu’il fau­drait, c’est une enquête par­le­men­taire pour mettre en lumière les res­pon­sa­bi­li­tés des dif­fé­rents acteurs ».

Le temps passe et comme l’équipe de la France Insou­mise a pré­vu de par­ti­ci­per en fin d’après-midi à la confé­rence-débat à Kin­ger­sheim sur une expé­ri­men­ta­tion du 100% Sécu­ri­té Sociale à par­tir du droit local alsa­cien-mosel­lan ; nous nous diri­geons vers la sortie.

L’un d’eux me pro­pose de m’emmener pour me dépo­ser là où j’avais lais­sé ma voi­ture. En par­tant il m’a sou­hai­té : bon article !

Jean-Jacques Grei­ner