Près  d’une centaine de salariés et retraités du journal L’Alsace (339 salariés) ouvraient la manifestation mulhousienne. Signe que ce conflit avec le Crédit Mutuel qui veut liquider 70 emplois en supprimant l’imprimerie du quotidien rue de Thann pourrait être le gros dossier social dans le département lors de cette fin d’année 2017.
Ils étaient suivis de plus de mille manifestants, ce qui est, à l’image de ce qui s’est passé dans toute la France (500.000 selon la CGT) un franc succès, plus fort que la première mobilisation contre la loi El Khomri.  Pourtant, sur le plan syndical, seuls la CGT,  Solidaires et FSU ont été à l’initiative de cette action et se montraient satisfaits de l’écho dans le salariat.

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Le sec­teur pri­vé était pré­sent ain­si que les retrai­tés qui fai­sant de l’augmentation de la CSG leur che­val de bataille : en effet com­ment com­prendre que M. Macron veuille réduire l’impôt sur la for­tune et taxer les retraites même les plus modestes !

Actes et méthodes

L’attitude bra­vache de Mme Péni­caud n’y chan­ge­ra rien : elle ne veut pas reve­nir sur le détri­co­tage du code du tra­vail dont elle conti­nue­ra de devoir affron­ter une contes­ta­tion qui est en train de s’amplifier.

Cha­cun sait qu’au-delà de la loi tra­vail, d’autres remises en causes sociales sont en route. La sup­pres­sion des APL aux loca­taires HLM est une autre preuve de cynisme et de choix de classe que ce gou­ver­ne­ment pra­tique. Quand le Pre­mier ministre assure que les bailleurs HLM seront contraints de bais­ser le loyer pour rendre la sup­pres­sion des APL indo­lore, il se moque du monde. Il est évident les orga­nismes d’HLM seront ain­si pri­vés de moyens pour construire des loge­ments sociaux.

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On retrouve là la marque de fabrique Macron : d’abord on liquide un acquit et ensuite on pro­pose, pour le futur, de revoir tout un dis­po­si­tif. Ain­si pour l’APL : pre­mière déci­sion, la sup­pri­mer pour les étu­diants et à pré­sent pour les loca­taires des loge­ments sociaux (dont les citoyens les plus modestes) et ensuite, pro­mettre une nou­velle poli­tique du loge­ment. Pour­quoi ne pas com­men­cer par le début : on met en place une nou­velle poli­tique de loge­ment et après on voit ce que deviennent les aides, si elles sont adap­tées ou deve­nues inutiles… L’inconvénient de cette méthode, c’est qu’il faut du temps, un esprit d’ouverture, de la concer­ta­tion pour arri­ver à une adhé­sion d’une majo­ri­té de la population.

Autre exemple : la loi Tra­vail. Mme Péni­caud est une DRH de grandes entre­prises dans les­quelles, comme vient de le révé­ler le jour­nal L’Humanité, elle a tou­ché en 2013, plus d’1,13 mil­lion de plus-value sur ses stock-options, en pro­fi­tant de l’an­nonce de sup­pres­sion de postes dans son entre­prise de l’é­poque, Danone. Sup­pres­sion qu’elle a elle-même assu­rée ! Elle veut donc faire comme chez Danone : concer­ta­tion bidon durant des mois, lais­sant croire qu’il y avait des dis­cus­sions avec les syn­di­cats… puis divul­ga­tion du plan de liqui­da­tion du code du tra­vail fice­lé depuis long­temps ! Tout en pro­met­tant à l’avenir des mesures garan­tis­sant la « pro­tec­tion des sala­riés ». Mais ça, ce sera pour dans longtemps !

Les nou­velles étapes

Forte du suc­cès du 12 sep­tembre, la CGT appelle à une nou­velle mani­fes­ta­tion le 21 sep­tembre sui­vie de celle lan­cée à l’initiative de la France insou­mise le 23 sep­tembre. Trop de mani­fes­ta­tions nui­raient à la mobi­li­sa­tion ? On peut pen­ser que toutes les occa­sions d’exprimer son désir d’une autre poli­tique sont bonnes à prendre et il vaut mieux en avoir plus que pas assez ! D’aucunes vou­draient quelque peu ins­tru­men­ta­li­ser une oppo­si­tion CGT-France Insou­mise sans vrai­ment se poser la vraie ques­tion : pour­quoi les autres orga­ni­sa­tions syn­di­cales res­tent l’arme au pied.

Le Canard Enchaî­né du mer­cre­di 6 sep­tembre a révé­lé que le gou­ver­ne­ment a reçu la CFDT et Force Ouvrière, le soir du 28 août, pour des négo­cia­tions secrètes. Evi­dem­ment, à l’exclusion de la CGT ! Drôle de manière de pra­ti­quer la trans­pa­rence ! Durant ces opaques négo­cia­tions, Laurent Ber­ger (CFDT) et Jean-Claude Mailly (FO) auraient obte­nu des conces­sions. Jour­née des dupes : car a la publi­ca­tion du pro­jet de Mme Péni­caud, rien n’avait pro­fon­dé­ment chan­gé dans le texte… Les dupes sont deve­nus des complices !

Le Canard rap­pelle éga­le­ment la com­po­si­tion « de choc » du cabi­net de Mme Péni­caud : Antoine Fou­cher, direc­teur géné­ral adjoint du Medef en charge du social jus­qu’en 2016, a été nom­mé direc­teur de cabi­net.  M. Mailly a jugé cette nomi­na­tion « pas mal » ! Oh, sur­prise ! On trouve éga­le­ment au poste de direc­teur adjoint, M. Sté­phane Lar­dy… ancien secré­taire confé­dé­ral de Force Ouvrière !

Si toutes ces cui­sines poli­ti­co-syn­di­cales ne sentent pas très bons et rejaillissent néga­ti­ve­ment sur l’ensemble du syn­di­ca­lisme, il faut aus­si et sur­tout prendre en compte que de nom­breuses orga­ni­sa­tions dépar­te­men­tales et fédé­rales FO ont appe­lé à par­ti­ci­per aux manifestations.

Au rythme de la perte de confiance de M. Macron, gageons que les foules dans la rue pour­ront gran­dir au fil des mois car l’adaptation au for­ceps de la France au monde « macro­nien », n’en est, lui aus­si, qu’à ses débuts.

Michel Mul­ler