Audio et texte 

Ecou­tez ci-des­sous les réac­tions de quelques usa­gers de l’hô­pi­tal, aux micros de Luc Ueber­schlag et Jeanne Roy :

Depuis le lun­di 8 avril 2019, les bar­rières des 2 prin­ci­paux par­kings de l’hôpital Emile Mul­ler sont tom­bées sur la tête des usagers. 

Offi­ciel­le­ment, les consul­tants et per­son­nels ne paie­ront pas leur sta­tion­ne­ment (ils dis­posent de tickets gra­tuits ou de badges). Mais tous les autres sont sou­mis à la loi de l’horodateur, à rai­son de 1,20 euro pas­sé 60 minutes, et un pas de fac­tu­ra­tion de 40 cen­times par quart d’heure sup­plé­men­taire, jusqu’au palier de 8,40 euros, pour 12 heures de stationnement. 

Deux pan­neaux indiquent désor­mais le nombre de places dis­po­nibles dans chaque par­king. Quand nous débar­quons, il y a 126 places dans le par­king P3 (côté dépar­te­men­tale) et 24 dans le P2 (à proxi­mi­té de l’entrée principale). 

Pour qui fré­quente régu­liè­re­ment les lieux, cela parait éton­nant, car pas­sé 14 heures les usa­gers peinent en géné­ral à se garer. Les allées des 2 par­kings sont étran­ge­ment fluides et les places bien plus nom­breuses que d’habitude. Faut-il sup­po­ser que des patients pra­tiquent l’évitement médi­cal ou s’orientent vers le privé ? 

Selon le dos­sier de presse qui nous a été remis, le motif du pas­sage au payant est essen­tiel­le­ment fon­dé sur le pos­tu­lat que 40% des véhi­cules sta­tion­nant sur les par­kings P2 et P3 y demeurent pen­dant au moins 4 heures.  Il s’agirait donc de « sup­pri­mer les véhi­cules occu­pant de manière abu­sive les places de sta­tion­ne­ment ».

Le chiffre, qui parait consi­dé­rable de prime abord, émane du bureau d’étude « Tran­si­tec », spé­cia­li­sé dans les pro­blé­ma­tiques de mobilité. 

Pour autant, impos­sible de connaitre le détail et la métho­do­lo­gie employée pour docu­men­ter l’étude en ques­tion. Le ser­vice com­mu­ni­ca­tion du GHRMSA et la socié­té Tran­si­tec n’ont pas don­né suite à notre demande de com­mu­ni­ca­tion de l’étude de sta­tion­ne­ment, à ce jour. 

Par ailleurs, peut-on vrai­ment par­ler d’ « abus » dès lors que l’on sta­tionne lon­gue­ment sur un par­king d’hôpital ? N’est-il pas ordi­naire que des accom­pa­gnants, qui veillent sur leurs proches et viennent les visi­ter dans un hôpi­tal, y res­tent plu­sieurs heures d’affilée ?

Le seul argu­ment objec­ti­ve­ment pré­sen­té par le GHRMSA est celui de la com­mu­nau­té de pra­tique, qui ren­voie à une tau­to­lo­gie rhé­to­rique : on le fait parce que ça se fait par­tout ailleurs. Mais alors pour­quoi donc ce choix se généralise-t-il ?

A ce sujet, la poli­tique tari­faire mise en place inter­roge plus encore. Si la nuit de 10 heures (21h-7h) vous revien­dra à 4 euros, gare à l’étourderie : tout ticket per­du vous sera fac­tu­ré 7,60 euros !

Mais c’est un oeil du côté de la tari­fi­ca­tion heb­do­ma­daire qui semble nous don­ner un élé­ment de moti­va­tion objec­tive. Et s’il ne s’agissait que de se posi­tion­ner sur le mar­ché, lucra­tif, du sta­tion­ne­ment sur­veillé payant ? 

En effet, 7 jours de sta­tion­ne­ment reviennent à 25 euros. C’est notam­ment moins cher que le moins cher des par­kings de la gare (27 euros), géré par CITIVIA, ancienne SERM (socié­té d’équipement de la région mul­hou­sienne), qui fut le bras armé de la ville de Mul­house, dont elle a orches­tré une part essen­tielle des chan­tiers publics, asso­ciée aujourd’­hui à la SEMHA (amé­na­geur pri­vé du 68). 

De là à sup­po­ser qu’il faille chou­chou­ter la « clien­tèle » des fron­ta­liers, que l’on a notam­ment accu­sé d’occuper indu­ment le par­king de l’hôpital, de manière à les y faire res­ter, mais cette fois en payant, plu­tôt que choi­sir le par­king citi­via bon mar­ché de la gare, qui leur est dévo­lu, il n’y a qu’un pas, que seuls de mau­vais esprits franchiraient !

Ces mêmes mau­vais esprits pour­raient éga­le­ment s’interroger sur l’opportunité d’autoriser ce genre d’offre com­mer­ciale agres­sive de la part d’un éta­blis­se­ment public de san­té, alors qu’il est offi­ciel­le­ment ques­tion de vase­li­ner le tra­fic des usa­gers de l’hôpital…

Des usa­gers qui, pour le moment, connaissent quelques sueurs froides. A la sor­tie du par­king P3 ce jeu­di 11 avril, nous consta­tions de mul­tiples erre­ments qui ralen­tis­saient le tra­fic, que le plan­ton char­gé de la régu­la­tion ne réus­sis­sait pas à solu­tion­ner. Fai­sant notam­ment face à des per­sonnes âgées sor­tant de leur véhi­cule devant la bar­rière, inca­pables de scan­ner leur ticket de sor­tie, ou un autre pro­tes­tant devant le fait que l’automate l’ait auto­ri­sé à sor­tir gra­tui­te­ment après 58 minutes, mais ayant mis 5 minutes pour sor­tir son véhi­cule, s’est vu tenu de régler la somme de 1,20 euro, pour 63 minutes d’occupation !

Enfin, qu’ad­vien­dra-t-il du flux de véhi­cules ain­si dépla­cé ? Il est craindre, comme c’est déjà le cas, que les files de véhi­cules ran­gées le long de la dépar­te­men­tale ne conti­nuent de gros­sir… en atten­dant l’i­né­vi­table péage ?