Pour dis­sé­quer le détail orga­ni­sa­tion­nel du mou­ve­ment d’opposition à Cigéo, centre d’enfouissement de déchets radio­ac­tifs pré­vu à côté du vil­lage de Bure, dans la Meuse, des dizaines de per­sonnes ont été pla­cées sur écoute. Un mil­lier de dis­cus­sions et d’é­changes ont été dûment retrans­crits, et plus de 85.000 conver­sa­tions et mes­sages ont été inter­cep­tés, tout au long de 16 ans de temps cumu­lé de sur­veillance télé­pho­nique, ordon­nés par Kévin le Furun, juge d’instruction. 

L’enquête pénale ouverte en juillet 2017 contre les oppo­sants au pro­jet d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo dans la Meuse, accu­sés d’avoir ten­té de mettre le feu à un hôtel-res­tau­rant, a néces­si­té l’engagement de moyens finan­ciers consi­dé­rables de la part de la jus­tice et de la gendarmerie

Une enquête pénale qui aura néces­si­té des moyens finan­ciers consi­dé­rables de la part de la jus­tice et de la gendarmerie. 

La machine folle du ren­sei­gne­ment fran­çais s’est embal­lée comme rare­ment ces der­nières années. On y affaire avec des valises espions et des logi­ciels spé­cia­li­sés dans l’an­ti­crim. A l’ins­tar d’un mau­vais thril­ler, dont les forces de l’ordre savent se faire une spé­cia­li­té, et le gage d’un cer­tain ridi­cule, à l’ins­tar de l’  »Affaire de Tar­nac », et son « épi­ce­rie tapie dans l’ombre », dont on se sou­vient avec déso­la­tion ou même hilarité. 

La même psy­chose déli­rante semble être diri­gée cette fois contre un mou­ve­ment anti­nu­cléaire for­mé autour de ce vil­lage de la Meuse. 

Assi­mi­lant le mou­ve­ment éco­lo­gique à une arrière chambre ter­ro­riste et cri­mi­nelle, comme le comi­té invi­sible devait l’être de l’  »ultra gauche ter­ro­riste », la gen­dar­me­rie char­gée de l’en­quête s’est appa­rem­ment délec­tée de l’u­sage d’un logi­ciel de car­to­gra­phie, afin de démê­ler l’é­che­veau des agis­se­ments et « des­seins cri­mi­nels » des éco­lo­gistes antinucléaires. 

Le col­lec­tif mul­hou­sien « Stop Bure », oppo­sé au pro­jet d’en­fouis­se­ment des déchets nucléaires (CIGEO) à Bure, déploie­ra ce ven­dre­di 29 mai de 16h30 à 18h des ban­de­roles dénon­çant le nucléaire, sur le pont de Bourtz­willer à Mulhouse. 

Le col­lec­tif sou­haite appor­ter ain­si son sou­tien aux mili­tants de Bure, dans le sillage de l’en­quête jour­na­lis­tique conjointe enga­gée par Média­part et Repor­terre, qui lève le voile sur ce dis­po­si­tif mas­sif et hors du com­mun de sur­veillance des réseaux anti-nucléaires.

Des sur­veillances qui ont jus­qu’i­ci mené à l’in­cul­pa­tion de 7 per­sonnes, pour asso­cia­tion de mal­fai­teurs, et au fichage de 118 per­sonnes, ver­sé au dos­sier de l’instruction. 

L’u­ti­li­sa­tion des tech­niques du ren­sei­gne­ment menant à la cri­mi­na­li­sa­tion des mili­tants éco­lo­gistes, spé­ci­fi­que­ment des anti-nucléaires, inter­roge d’au­tant plus que, selon nos deux confrères qui ont eu accès au dos­sier, les droits de la défense n’ont pas même été res­pec­tés : de nom­breux mes­sages confi­den­tiels rele­vant du secret pro­fes­sion­nel entre les avo­cats (dont l’un a été sur­veillé) et leurs clients y figurent, notamment… 

Aux termes de l’ac­tion pré­vue ce ven­dre­di, le col­lec­tif mul­hou­sien « Stop Bure » compte pour­suivre sa dénon­cia­tion de l’in­dus­trie et du lob­by nucléaire, ain­si que ses impacts éco­lo­giques et démo­cra­tiques sur notre socié­té, à l’heure où le besoin d’une tran­si­tion éner­gé­tique devient impérieux.