Le JU (Jour­nal Unique ou Double Jour­nal Unique) contrô­lé par le CIC-Cré­dit Mutuel l’annonce pose une ques­tion cen­trale, voire exis­ten­tielle : qui sera « le » ministre alsa­cien du pro­chain gou­ver­ne­ment macron.

Et, inévi­ta­ble­ment, le nom de Jean Rott­ner appa­raît en pre­mier. Certes avec quelques inter­ro­ga­tions sur ses chances.

MINISTRE DE N’IMPORTE QUOI AVEC N’IMPORTE QUI

Toute l’Alsace se gausse régu­liè­re­ment du Jean mul­hou­sien : prêt à renier père et mère pour un poste de ministre, ne serait-ce qu’un stra­pon­tin, à chaque renou­vel­le­ment minis­té­riel, il en fait des tonnes pour être dans les bons papiers de celle ou celui qu’il pense pou­voir satis­faire son insa­tiable appé­tit d’accéder au Graal.

Car vou­loir accé­der à un poste de ministre, c’est du bou­lot à plein temps. Et néces­site sur­tout un flair de limier de pre­mière classe. Et c’est là que le Jean il patine. À force de choi­sir le mau­vais che­val, il loupe à chaque fois le poste convoi­té. Comme tout limier qui se res­pecte, il fait du zig­zag pour trou­ver le bon filon. Mais son pro­blème, c’est qu’il est dans le zig quand il faut être dans le zag et vice-versa !

À BONNE ÉCOLE DES RENÉGATS

Il faut dire qu’il pen­sait être par­ti sur de bons aus­pices quand il est deve­nu maire de Mul­house. Grâce à un rené­gat de la gauche, M. Jean-Marie Bocker, qui a tro­qué le poste de pre­mier magis­trat contre un poste de sous-ministre du gou­ver­ne­ment de droite de Sar­ko­zy, il accé­da, dans un fau­teuil, au poste dans la cité du Bol­werk. Une bonne école pour conti­nuer ? Pas si sûr…

Certes, sa deuxième grande traî­trise, lui per­mit d’obtenir le poste de Pré­sident du Grand Est.

Il faut se rap­pe­ler : oppo­sant farouche à la loi qui ins­tau­ra les grandes Régions par M. Hol­lande, fai­sant même signer une péti­tion atti­rant 50.000 signa­tures de gogos n’ayant mani­fes­te­ment pas encore cer­né le per­son­nage, il renia du jour au len­de­main son oppo­si­tion quand on lui fit miroi­ter qu’il sera le pré­sident du Grand Machin. Et hop, chan­ge­ment de veste : son dres­sing en est lar­ge­ment pour­vu, comme on le vit par la suite…

A‑T-IL PERDU LE FLAIR ?

Ce poste de pré­sident du Grand Est était, semble-t-il, le mar­che­pied pour ce poste de ministre tel­le­ment atten­du et espé­ré. Il lâcha le poste de maire de Mul­house, met­tant à sa place une aimable copine et s’installa comme pre­mier adjointe… On ne sait jamais, un para­chute peut tou­jours ser­vir… Que vou­lez-vous, quand on a des convictions…

C’est alors que l’erratique zig­zag com­men­ça. Com­ment plaire aux fai­seurs de princes ? Être sar­ko­zyste sous Sar­ko­zy sem­blait être la bonne for­mule. Sans succès.

Sous Hollande, c’était difficile de trouver ce qui pouvait plaire à l’indécis de l’Élysée.

Sou­tien appa­rem­ment indé­fec­tible de Fran­çois Fillon en 2017, il quit­ta le zig pour aller dans le zag dès que l’élection pour­tant qua­si­ment assu­rée du can­di­dat de droite fut anéan­tie par les « affaires ». Tra­his­sant assez tôt le can­di­dat qu’il ché­ris­sait aupa­ra­vant (un poste de ministre était sûr et cer­tain), il devint « macro­niste » au grand dam de ses grou­pies de l’UMP régio­nale. Cette fois-ci, il en était sûr, il allait rece­voir la récom­pense si atten­due pour sa flexi­bi­li­té poli­tique. Mais si des gens de droite entrèrent au gou­ver­ne­ment, il n’en fut pas. Un petit espoir pour­tant : quand le départ d’Agnès Buzyn fut acté pour mau­vaise ges­tion de la crise sani­taire, le Jean prit à nou­veau le zig en vou­lant être le bon élève de la poli­tique gou­ver­ne­men­tale en la matière, quitte à aller piquer des masques des­ti­nés à la région Bour­gogne-Franche-Com­té sur le tar­mac de l’aéroport.

Mais ce fut cet intri­gant d’Olivier Véran qui empor­ta le mor­ceau. Tant d’efforts pour rien…

2022 : LA BONNE ?

On ne don­nait pas grande chance à E. Macron de réa­li­ser un deuxième quin­quen­nat. Les armes se pré­pa­rèrent dans les États-Majors, les équipes se for­mèrent : atten­tion, moment cru­cial, il faut sau­ter dans le bon wagon à temps, car les places sont chères. Le Jean du Zag a tout de suite com­pris ce qu’il fal­lait faire ! Il entra donc dans l’équipe de cam­pagne de Valé­rie Pécresse. Là, il était sûr : une femme, bonne bour­geoise, pré­sident de Région qui se targue de bons résul­tats. Certes, un peu coin­cées quand il fal­lait par­ler de la vraie vie, mais une bonne com­mu­ni­ca­tion va arran­ger cela. La place de Ministre était à bout de bras…

Réponse du ber­ger à la ber­gère : celui qui avait pris Bri­gitte Klin­kert comme ministre alsa­cienne, E. Macron fit un coup de vache au pré­sident de la Région Grand Est en annon­çant qu’en cas de réélec­tion, il répon­dra favo­ra­ble­ment aux demandes des Alsa­ciens de sor­tir de cette Région hors sol. 

C’est ain­si que le Canard enchaî­né explique l’embrouille : « Ce serait une « riposte » face à l’attitude jugée fluc­tuante du pré­sident de Région Jean Rott­ner. L’Élysée lui repro­che­rait son sou­tien, pour­tant logique, à Valé­rie Pécresse – il est en charge dans son équipe de la thé­ma­tique envi­ron­ne­ment – alors que, selon des proches d’Emmanuel Macron cités par le jour­nal sati­rique, l’élu LR a « fait pen­dant des mois le siège du pré­sident » pour être ministre. « Le Canard Enchaî­né » cite éga­le­ment des pro­pos peu amènes de Jean Cas­tex à son encontre, et aus­si des proches d’Édouard Phi­lippe qui estiment : « Rott­ner nous avait pro­mis une adhé­sion à Hori­zons, il se posi­tionne en fonc­tion de ses inté­rêts per­son­nels. Le pro­blème, c’est qu’il sup­pose mal ». 

11 avril 2022 : la gueule de bois ! Non seule­ment Pécresse se vautre, mais dans sa propre ville Jean Rott­ner voit Mélen­chon en tête, sui­vi de Macron et de Le Pen. Un affront de plus. Mais pour le minis­trable en puis­sance, il faut tout de suite quit­ter le zig pour aller dans le zag : cri­ti­quant la stra­té­gie des LR qu’il a pour­tant contri­bué à mettre en œuvre, il twitte immé­dia­te­ment : « Il s’agit de voter pour le seul can­di­dat désor­mais de tous les Répu­bli­cains, de tous les démo­crates, de tous les pro­gres­sistes ». Avouons qu’il était dif­fi­cile de faire autre­ment, il ne fai­sait que se joindre aux cohortes de tous hori­zons. Mais il y a la forme : dans ses pro­pos, il y a ce cirage de pompes qu’il ne peut déci­dé­ment pas éva­cuer, il aurait pu res­ter sobre dans son appel… Et non, il faut qu’il fasse un énième appel du pied pour plaire au « Monarque » élu…

Suf­fi­sant pour faire flé­chir la ran­cune de M. Macron ? Le Jean du Zig et du Zag ver­ra encore ses ambi­tions déçues ? À force de vou­loir plaire, on peut se brû­ler les ailes… « Il y a en cha­cun de nous des cal­culs que nous nom­mons espé­rance… » disait Pla­ton. Qui peuvent deve­nir des espoirs déçus…

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