La campagne internationale Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) initiée par les organisations de la société civile palestinienne en 2005 visait à isoler l’Etat d’Israël pour qu’il respecte les droits nationaux du peuple palestinien.
Dans nombre de pays, dont la France, les développements de cette campagne sont toujours nombreux (appels au boycott pacifique de produits cibles et pétitions devant des magasins distribuant des produits issus des territoires palestiniens occupés et frauduleusement étiquetés « Israël », appels à la rupture de partenariats économiques nationaux ou européens avec des structures israéliennes favorisant l’investissement dans ces mêmes territoires occupés, refus d’investissements de structures financières européenne, voire américaines, sur des projets confortant la colonisation etc.…).
[on doit rappeler ici que la France est par ailleurs le seul pays au monde à avoir pris des dispositions juridiques pour pénaliser ces campagnes (circulaire Alliot – Marie/Taubira) et que 12 militants de la région de Mulhouse attendent le résultat de leur pourvoi en cassation après leur condamnation par la cour d’appel de Colmar)].
Si ces actions – qui dans certains pays ont pris une ampleur très significative – ont surtout un impact symbolique sur le développement de l’économie israélienne elles sont aussi un vrai sujet de préoccupation pour le gouvernement israélien qui en surveille les développements par une structure directement rattachée au premier ministre.
Un nouvel appel au boycott
Mais depuis quelques semaines c’est une campagne de boycott des marchandises israélienne appelant à ne pas « payer les balles qui tuent nos enfants » et à « la fin de l’occupation » qui se développe en Cisjordanie même.
Cette ferveur patriotique est motivée par la décision israélienne de ne plus reverser à l’Autorité palestinienne et au gouvernement d’union nationale palestinien les taxes collectées en son nom par l’Etat israélien aux frontières internationales, en mesure de rétorsion à la saisine de la Cour pénale internationales à l’encontre d’Israël pour crimes de guerre, tout spécialement à Gaza.
Ce boycott est initié par un comité non-gouvernemental, contrairement à celui des produits des colonies, reconnu par décision gouvernementale palestinienne. Ce comité a engagé des actions de dénonciations publiques devant des surfaces commerciales, couvertes par les médias – dont des médias israéliens. Il vise à encourager les produits palestiniens locaux.
Au-delà de l’impact réel de ces actions sur les firmes israéliennes visées ce boycott est important.
Pour reprendre la formulation du journal israélien « Haaretz » : « un boycott permet une participation à large échelle des gens dans un acte de rébellion, sans lancer une seule pierre ou sans tirer un seul coup de feu ».
La colonisation militaro – colonialiste brise toute forme de vie sociétale en palestinienne (le « sociocide » dont parlait Stéphane Hessel) et procède sciemment et méthodiquement à ce qu’un géographe français a dénommé récemment dans un colloque tenu à Kingersheim» – sur les représentations du conflit Israël / Palestine dans les manuels scolaires – un « spatiocide ».
Quelle réponse à la violence ?
Hormis les actes désespérés il n’y a pas de moyen de réponse individuelle à une violence
organisée et systématique telle que la pratique l’Etat israélien pour détruire l’idée même de Palestine et ce depuis plus de 60 ans.
Le boycott permet alors de canaliser les sentiments de colère et de haine, naturels et compréhensibles, dans une action collective de masse, fondamentalement pacifique.
Après la récente guerre à Gaza où désormais la catastrophe humanitaire menace, la poursuite systématique de la colonisation, y compris à Jérusalem – est, le vote en faveur de la reconnaissance de l’Etat de Palestine par de nombreux Parlements européens et surtout la saisine de la Cour pénale internationale par le gouvernement de la Palestine pour voir sanctionnés les responsables des crimes de guerre israéliens, on voit donc pointer une nouvelle approche politique dans un contexte régional qui évolue fortement..
C’est à cette aune qu’il faut apprécier ce boycott particulier qui implique des couches de la société palestinienne désormais directement affectées dans leurs intérêts directs et mis en difficulté pour payer leurs salariés.
Et comme l’affirme également le média israélien précité ce boycott particulier, initié par ces hautes personnalités palestiniennes est le signe évident d’un changement du climat politique palestinien interne… et ceci n’est pas le dernier mot de l’histoire.
Christian Rubechi
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