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Nous aurons l’occasion de repar­ler de la situa­tion pay­sanne en France et du rôle ambi­gu que joue la prin­ci­pale orga­ni­sa­tion la FNSEA.

Fort heu­reu­se­ment, d’autres orga­ni­sa­tions réel­le­ment syn­di­cales agissent même si le mono­pole orga­ni­sé par les dif­fé­rents pou­voirs, les Chambres d’Agriculture, leur mettent des bâtons dans les roues constam­ment. Il faut bien pro­té­ger les inté­rêts de la FNSEA !

Aux côtés du MODEF (Mou­ve­ment de défense des exploi­tants fami­liaux), la Confé­dé­ra­tion Pay­sanne agit pour une agri­cul­ture rai­son­née qui per­met aux pay­sans de vivre de leur tra­vail sans avoir conti­nuel­le­ment recours aux sub­ven­tions d’où qu’elles puissent venir.

Une de ses cibles, qu’elle par­tage avec d’autres mou­ve­ments envi­ron­ne­men­taux, est la « ferme des mille vaches », cette ini­tia­tive indus­trielle de pro­duc­tion de lait à grande échelle, au détri­ment de la san­té des ani­maux. Mais pour le plus grand bien­fait de l’industrie lai­tière qui cherche à pro­duire au prix le plus bas quitte à sacri­fier la san­té des animaux.

Les choses ne s’arrêtent pour­tant pas là : une ins­tal­la­tion de ce type fera bais­ser le prix du lait, ce qui aura pour consé­quence la dis­pa­ri­tion de mil­liers d’exploitations plus petites (bien que de taille res­pec­table) qui ne pour­ront mener cette guerre des prix. Le résul­tat final sera évi­dem­ment une catas­trophe sani­taire, agri­cole, sociale… et économique.

1200 TAURILLONS

Ce qui se fait pour le lait dans la somme près d’Abbeville est en train de se repro­duire, pour la pro­duc­tion de viande bovine à pré­sent. À Win­ter­shouse, à quelques kilo­mètres de Hague­nau, il pour­rait y avoir bien­tôt davan­tage de bovins que d’habitants.

Un des agri­cul­teurs du vil­lage s’est spé­cia­li­sé dans l’engraissage de jeunes bovins mâles ; il compte aujourd’hui 360 tau­rillons mais il espère désor­mais pas­ser à 1 200 têtes. Mul­ti­plié par plus que trois, son chep­tel devien­drait, de loin, le plus grand de la région et du Grand Est.

L’association des « Amis de la Confé­dé­ra­tion pay­sanne » en Alsace réagit à ce pro­jet d’une manière ferme et argu­men­tée comme on peut le lire dans leur communiqué.

http://www.amisconfalsace.lautre.net/spip.php?article276

Par­mi les argu­ments avan­cés, l’association relève que « la concen­tra­tion de bêtes en un seul endroit ne peut que créer des pro­blèmes, aus­si bien pour les ali­ments que pour le côté sani­taire des ani­maux. La ges­tion de 400 bovins n’est pas la même à 1200 ! Les consé­quences en épan­dage, trans­port de nour­ri­ture et autres seront énormes. »

Et, plus fon­da­men­ta­le­ment, elle dénonce la fina­li­té du pro­jet : « Les fermes-usines et notam­ment ce pro­jet d’élevage de 1200 tau­rillons à Win­ter­shouse ne res­pectent en rien ces prin­cipes de l’agriculture pay­sanne. Vou­loir inon­der le mar­ché et se sou­mettre aux dik­tats de la grande dis­tri­bu­tion, alors que l’ensemble de la pro­fes­sion est en détresse et le mani­feste est tout sim­ple­ment irresponsable.
Il faut être soli­daire avec les petits pay­sans qui se battent pour le main­tien du prix de la viande et s’interroger sur le modèle agri­cole que nous vou­lons. 
»

On sait bien que le monde agri­cole n’est pas uni­forme. Les céréa­liers de la Beauce ou de la Brie qui tiennent la FNSEA et qui font de la « chasse aux sub­ven­tions » leur prin­ci­pal objec­tif, ne craignent pas pour leur exis­tence. Ils tirent pro­fit des mani­fes­ta­tions des « petits » pour exi­ger plus d’aides, ces fameuses aides ver­sées la plu­part du temps au pro­ra­ta de la sur­face exploi­tée ou des ren­de­ments par hectare.

UNE AFFAIRE CITOYENNE

Le pro­blème de la plu­part de ces luttes pay­sannes, c’est qu’elles sont essen­tiel­le­ment cor­po­ra­tives. Le MODEF tente bien, chaque année, d’aller à la ren­contre des consom­ma­teurs, du monde urbain, pour mieux faire connaître les pro­blèmes que ren­contrent les paysans.

Car l’existence d’une agri­cul­ture rai­son­née n’est pas seule­ment impor­tante pour la pay­san­ne­rie. Elle l’est pour tous les citoyens et consom­ma­teurs car le bilan de l’agriculture inten­sive si long­temps prô­née par la FNSEA et les gou­ver­ne­ments, est catas­tro­phique : sur le plan sani­taire, qua­li­ta­tif, environnemental…

C’est pour­quoi on ne peut lais­ser la Confé­dé­ra­tion pay­sanne seule dans sa dénon­cia­tion de ce pro­jet de la « ferme des 1200 tau­rillons » : là aus­si, nous sommes tous concernés.

Michel Mul­ler

http://www.agriculturepaysanne.org/la-charte-de-l-agriculture-paysanne