Communiqué diffusé le 28 octobre 2015 par la CPML = Coordination Permanente des Médias Libres (voir liste ci-dessous).

LibertePresseL’Alterpresse68, s’as­so­cie à une démarche de sou­tien à la revue élec­tro­nique « Bas­ta­mag » pour­sui­vi par la groupe Bol­lo­ré, comme elle s’est mobi­li­sée, par exemple, en faveur de la revue élec­tro­nique bas-rhi­noise, la « Feuille de chou »,  citée dans ce communiqué.

Bas­ta­mag est pour­sui­vi à nou­veau par le groupe Bol­lo­ré. Cette actua­li­té dévoile d’autres pro­cé­dures lan­cées contre des titres appar­te­nant à la Coor­di­na­tion des médias libres. Ces plaintes qui visent une presse indé­pen­dante émanent sou­vent d’élus, ou d’entrepreneurs qui pos­sèdent ou contrôlent les autres médias. Elles cherchent à bâillon­ner des infor­ma­tions sen­sibles trai­tant des droits humains et sociaux bafoués, d’abus de posi­tion domi­nante de mul­ti­na­tio­nales, quand elles ne dénoncent pas des « affairistes ».

Les plaintes s’accompagnent sou­vent de demandes finan­cières volon­tai­re­ment bien au-delà des moyens de ces médias. Ces pres­sions cherchent avant tout à décou­ra­ger la critique.

Les grandes décla­ra­tions, les « Je suis Char­lie » à tout va, la liber­té d’expression de la presse bran­die comme un éten­dard, l’impertinence des enquêtes et des pro­pos éri­gée en ver­tu répu­bli­caine, tout ça, c’est bien fini. Fer­mée la paren­thèse, retour aux attaques en jus­tice ver­sion pot de fer contre pot de terre, place au pou­voir de l’argent, aux demandes de lourdes sanc­tions finan­cières, à l’étouffement sous les pro­cé­dures de la presse indépendante.

Com­bat inégal à chaque fois, ce qu’illustrent trois pro­cé­dures en cours et une avor­tée en juin 2015 :

  • La mai­rie de Stras­bourg a por­té plainte contre La Feuille de chou, « presse quo­ti­dienne radi­cale au capi­tal illi­mi­té d’indignation », pour deux articles du blog dénon­çant le manque de prise en charge des familles roms et la poli­tique d’expulsions municipales.

  • À Gra­bels (Hérault), un élu (Front de Gauche), lui-même objet d’une plainte pour « cor­rup­tion pas­sive », fait finan­cer ses frais de jus­tice par sa com­mune pour atta­quer Mont­pel­lier jour­nal en dif­fa­ma­tion, non pour des faits qu’il ne conteste pas, mais pour des « insinuations ».

  • Tout en fai­sant le ménage à Canal+, Vincent Bol­lo­ré lance une deuxième plainte en dif­fa­ma­tion contre le site d’information Bas­ta! pour un article sur l’accaparement de terres en Afrique et en Asie. L’attaque en jus­tice s’est élar­gie en englo­bant Rue89 pour avoir cité l’article dans sa revue de presse.

  • Une pro­cé­dure lourde (5 ans de pri­son et 40 000 euros d’amende) contre un uti­li­sa­teur du site « Iaa­ta » à Tou­louse s’est sol­dée par une retraite en règle moti­vée par la crainte d’un démon­tage public de l’accusation et la menace que l’info soit reprise par l’ensemble du réseau des médias libres…

Ces offen­sives contre la presse indé­pen­dante inter­viennent alors que le col­lec­tif « Infor­mer n’est pas un délit », qui regroupe une cin­quan­taine de jour­na­listes ain­si que l’association Repor­ters sans fron­tières, alerte sur la cen­sure et la dépro­gram­ma­tion de quatre docu­men­taires par la chaîne Canal+, dont Vincent Bol­lo­ré est deve­nu le prin­ci­pal action­naire. Mais ce col­lec­tif dénonce aus­si l’acharnement judi­ciaire des puis­sants. Le pre­mier but de ces plaintes n’est pas d’obtenir gain de cause en jus­tice. Il est plus sûre­ment, et quelle que soit l’issue judi­ciaire, d’étouffer les voix discordantes.

La jus­tice n’est alors que l’instrument d’une guerre d’usure, d’intimidation contre les jour­na­listes non aligné.es. Le poids finan­cier d’éventuelles condam­na­tions peut aider à les faire taire, mais quoi qu’il arrive, la charge bud­gé­taire de la défense et l’énergie à por­ter contre ces pro­cé­dures, manœuvres dila­toires et recours peuvent suf­fire à mettre cette presse en dif­fi­cul­té. C’est d’autant plus vrai pour la presse indé­pen­dante, aux bud­gets ser­rés, voire car­ré­ment contrainte à la pauvreté.

L’existence d’une presse qui ne soit pas impré­gnée des inté­rêts capi­ta­lis­tiques, ni ven­due aux lob­bys des mul­ti­na­tio­nales ou inféo­dée aux poten­tats locaux est, faut-il le rap­pe­ler, un acquis démo­cra­tique. C’est même l’esprit des len­de­mains de la Seconde Guerre mon­diale : à la Libé­ra­tion, on ne par­lait que de mettre les jour­naux à l’abri des puis­sances d’argent, de pro­té­ger leur indé­pen­dance. On dirait que la guerre est à nou­veau déclarée.

La Coor­di­na­tion des médias libres a déci­dé, pour faire face à cette situa­tion, de faire de cha­cun de ces pro­cès une tri­bune pour la presse libre et les jour­naux attaqués.

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