Ber­nard Umbrecht, nous rap­pelle un des articles publié dans le Wagges. Il émane de Ber­nard Stie­gler, publié dans Télé­ra­ma en 2012 avant le pre­mier tour des élec­tions pré­si­den­tielles http://lewagges.fr/?p=1633
« Tous les citoyens fran­çais savent – plus ou moins confu­sé­ment – que l’enjeu de la cam­pagne pré­si­den­tielle est la dis­pa­ri­tion du monde qui appa­rut au cours du XXe siècle. Face à cet état de fait stu­pé­fiant que nul n’ignore, aus­si dif­fi­cile qu’il puisse être de le conce­voir, la seule véri­table ques­tion est la façon dont la France et l’Europe sau­ront contri­buer à la for­ma­tion d’un autre monde. (…)
Or, c’est l’évitement de cet enjeu, sinon sa dis­si­mu­la­tion, qui pour­rait se révé­ler être sui­ci­daire – sinon pour le can­di­dat à la pré­si­dence qui par­vien­drait à être élu (par le fait même d’avoir contour­né cette ques­tion), du moins pour le pré­sident effec­ti­ve­ment élu qui serait issu de ce scru­tin, et sur la base d’un tel refoulement.
Car d’un point de vue stric­te­ment poli­tique, le véri­table enjeu du scru­tin actuel, c’est celui du pro­chain scru­tin : celui de 2017. La ques­tion la plus pré­oc­cu­pante n’est pas de savoir si la famille Le Pen sera une fois de plus pré­sente au second tour : elle est de s’assurer qu’elle ne par­vien­dra pas au pou­voir après cinq années de « ges­tion » de la crise sans qu’ait émer­gé la moindre pers­pec­tive alternative. (…)
Face à ce dan­ger bien plus immi­nent que ne l’imaginent ceux qui disaient déjà, dans les années 80, que le Front natio­nal n’était qu’un épi­phé­no­mène, il n’y a qu’une voie pos­sible : la luci­di­té, et la reven­di­ca­tion de ce qu’elle seule pro­cure – la fran­chise et la clar­té, qui pro­curent elles-mêmes la confiance et le cré­dit, sans les­quels aucune action n’est dura­ble­ment possible.(…) »
Cela reste tota­le­ment valable, le texte n’a pas pris une ride. Il est temps de s’en ins­pi­rer vrai­ment si on veut sor­tir des incan­ta­tions qui se répètent à l’identique après chaque élection.

Michel Mul­ler