Billet de (bonne) humeur
Cathédrale de Southwark, samedi 7 mai 2016:
« Mon nom est Sadik Khan et je suis le maire de Londres » y a déclaré ce fils de parents immigrés dont le père était chauffeur de bus et la mère couturière, désormais tout nouveau maire de Londres.
« Nous sommes ici, dans la cathédrale de Southwark, parce que je veux commencer mon mandat comme j’ai l’intention de le continuer. Je suis déterminé à conduire une administration la plus transparente, engagée et accessible que Londres ait jamais connue et pour représenter chaque communauté, chaque partie de notre ville en tant que maire pour tous les Londonien, a-t-il poursuivi.
C’est la mère d’origine jamaïcaine de Stephen Lawrence, le teenager victime d’un meurtre raciste à Eltham, au sud-est de Londres en 1993, qui a introduit devant l’assistance Sadik Khan, fils d’immigré pakistanais, officiellement de confession musulmane et membre du parti travailliste.
Ce n’est pas chez nous que de pareilles choses se produiraient !
Comme chacun le sait les étrangers non européens n’ont toujours pas chez nous le droit de vote aux élections locales (au Royaume Uni les ressortissants des pays du Commonwealth l’ont). Quant aux enfants mineurs, en France, ils ont tous droit à l’éducation – y compris ceux dont les parents sont en situation irrégulière. Et pourtant il arrive que des écoles refusent de les inscrire!
[Le Défenseur des Droits, Jacques Toubon, dénonce dans le rapport au premier ministre qu’il remettra jeudi, ce non-respect du droit absolu à l’école, conformément aux conventions internationales signées par la France].
Sadik Khan quant à lui a pu faire des études supérieures, devenir avocat spécialisé dans la défense des Droits de l’Homme et se présenter aux élections. La campagne pour lui n’a pas toujours été facile et ses adversaires ont fait circuler des rumeurs: il serait un musulman radical, sa femme aurait été vue voilée lors de sa prestation de serment … Or comme avocat il a effectivement défendu des islamistes radicaux, mais il a toujours condamné l’extrêmisme musulman. Quant au voile de sa femme, c’est une pure invention d’internautes…
Pendant ce temps, chez nous,  des « penseurs » de la qualité d’Alain Finkelkraut, du romancier Michel Houellebecq, des politiques comme Alain Menard, maire de Beziers tout proche du Front national, nous mettent en garde à satiété, avec tant d’autres, contre les risques du « grand remplacement », de la mixité culturelle, du « melting pot », de la non ségrégation sociale… L’islamophobie se banalise.
Dans notre contexte sociétal et politique Sadik Khan n’aurait peut-être pas pu réussir un tel parcours personnel.
Il a déclaré dans la nuit du 6 au 7 : « Londres a choisi aujourd’hui l’espoir plutôt que la peur, l’unité plutôt que la division ».
En tant qu’élu local Sadik Khan avait fait campagne pour le maintien d’un pub de son quartier…
Pour toute la symbolique que porte sa victoire électorale, levons notre verre à sa réussite!

 

Christian Rubechi